Thierry Neuville THE NEXT ONE
Writer // Boris Rodesch - Photography // Michel Verpoorten
Thierry Neuville était de passage à Bruxelles pour recevoir une cinquième fois le prix du meilleur pilote belge au « RACB Awards ». Pour ceux qui auraient encore un doute, la motivation du quadruple dauphin de Sébastien Ogier au championnat du monde WRC est toujours intacte. Pollen a rencontré le pilote germanophone au lobby-bar du Martin’s Brussels EU Hotel
Nous nous étions rencontrés lors du Stars & Drive au Golf des 7 Fontaines… Comment évolue votre golf ?
Pas très fort, c’est un sport qui prend beaucoup de temps.
Et puis, je me connais, si je décide de m’y mettre, je le ferai à fond et je ne peux pas consacrer autant d’énergie à une autre discipline.
La saison de WRC s’est terminée en novembre,
vous êtes en congé ?
Les derniers essais ont eu lieu à la mi-décembre, ils reprennent déjà le 7 janvier.
Quel était votre programme pour les fêtes ?
Je passe toujours Noël avec ma famille à Saint-Vith, en Belgique. Au Nouvel An, je partais généralement aux sports d’hiver, mais cette année j’ai subi une petite intervention au ménisque, rien de très sérieux.
Vous êtes plutôt ski ou snowboard ?
Le ski et le snowboard, c’est trop risqué pour les jambes. J’opte donc pour le snowscoot, qui me permet de tout lâcher en cas de chute.
2018 a été une année exceptionnelle pour le sport belge, un titre de champion du monde en WRC aurait été la cerise sur
le gâteau… Cela n’a pas été trop frustrant ?
C’est clair que l’année 2018 a été très bonne dans plusieurs disciplines pour le sport belge. Les golfeurs et les hockeyeurs sacrés champions du monde, la demi-finale des Diables rouges… Il y a eu tellement de succès, si j’avais remporté le titre mondial, ça serait limite passé inaperçu (rires). On aurait aimé gagner, mais ça n’a pas tourné dans le bon sens, surtout lors des deux dernières manches.
Êtes-vous attentif aux performances des autres sportifs belges ?
Je les suis de loin. Je connais personnellement Philippe Gilbert et les frères Borlée, ou encore Félix Denayer, qui fait partie du team Red Bull.
La saison WRC 2019 ?
Le premier rallye au Monte-Carlo débute le 24 janvier.
Sébastien Lœb - 9 fois champion du monde WRC -comme coéquipier… Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Très bien, il vaut mieux l’avoir dans votre équipe. Sa venue stimulera l’équipe en interne et on pourra profiter de ses commentaires pour améliorer les voitures. C’est aussi une excellente nouvelle pour le titre des constructeurs.
Le respect de l’environnement est au centre de tous les débats… Culpabilisez-vous en tant que pilote rallye ?
Absolument pas ! D’autant plus que le marché automobile et les constructeurs automobiles sont constamment à la recherche de solutions plus écologiques, notamment avec le développement de nouvelles technologies.
Un championnat de rallye WRC électrique est-il envisageable ?
Non, c’est impossible à cause des trop longues distances parcourues. Je pense que les voitures vont plutôt s’orienter vers le système hybride. On en discute beaucoup en rallye. Cela pourrait devenir concret en 2022 avec la nouvelle réglementation. C’est une solution qui paraît beaucoup plus envisageable et cohérente pour notre discipline.
Ce que vous préférez en rallye ?
Le fait que les pilotes puissent faire la différence sans avoir la meilleure voiture. En F1, c’est impossible. Prenez Fernando Alonso, même lui n’a rien fait depuis 3 ans parce qu’il était au volant d’une mauvaise voiture. S’il avait roulé avec la Mercedes d’Hamilton, il serait à nouveau champion du monde. En rallye, avoir une moins bonne voiture vous permet d’avoir une meilleure position sur la route. Cela permet aux pilotes d’avoir des coups d’éclat grâce à leur talent et leur connaissance du terrain, ou encore leur expérience sur le choix des pneus… Leur marge est beaucoup plus importante. C’est l’une des raisons pour laquelle les gens fortunés ne pourront jamais acheter notre place, ils ne seraient nulle part au classement.
Quel a été votre meilleur souvenir en 2018 ?
La victoire contre Sébastien Lœb en Sardaigne ! Elle s’est décidée dans la dernière spéciale, on a remporté le rallye à 7/10e de seconde. C’était la victoire la plus intense en termes d’émotions.
Pour conclure, vous avez terminé quatre fois deuxième au classement mondial des pilotes… Comment vous sentez-vous mentalement à l’aube de cette nouvelle saison ?
C’est sûr qu’en terminant deuxième, vous êtes aussi le premier perdant, mais c’est toujours mieux que de se classer dernier. Nous étions 3 pilotes à mériter de gagner le titre en fin de saison. La performance était donc là, nous avons juste manqué de réussite, notamment avec la crevaison lors du dernier rallye. Sans ça, l’objectif était atteint, mais voilà, avec des si… Je suis conscient que cela fait partie de la vie d’un sportif et d’un compétiteur, c’est aussi pour ça qu’après chaque défaite, nous avons toujours envie de revenir plus forts. Et puis, c’est une source de motivation énorme de savoir qu’on était si proches. La saison prochaine, on refera les choses pareilles et on gagnera le titre !