Riding for all, Pierre Arnould & Eugène Mathy

Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle

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Au lendemain des Brussels Equestrian Endurance Masters (BEEM) organisés au bois de la Cambre et en forêt de Soignes, Pollen a réuni Pierre Arnould – coorganisateur de l’événement et coach des équipes nationales belges d’endurance – et Eugène Mathy – président de la Ligue équestre Wallonie Bruxelles (LEWB) et vice-président de la Fédération royale belge des sports équestres (FRBSE).Comment se porte l’équitation en Belgique ? Les deux hommes abordent tous les sujets.

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La sous-médiatisation des sports équestres vous agace-t-elle ?

E.M : C’est effectivement frustrant d’avoir si peu de retour alors que l’on vient d’organiser à Bruxelles les championnats d’Europe jumelés au mondial des jeunes chevaux d’endurance, et que l’on revient des championnats d’Europe de jumping, de dressage et d’attelage qui se sont tenus en Suède. Dans les deux cas, nos cavaliers et nos chevaux se sont montrés performants : entre autres excellents résultats, une cavalière vice-championne du monde en endurance et trois chevaux belges sur le podium en jumping. Ce ne sont donc pas les sujets qui manquent. Les performances sont brillantes et le nombre d’affiliés ne cesse de croître mais la presse ne suit pas.

P.A : L’équitation, c’est le troisième sport en Belgique après le football et le basketball. Au niveau belge tout comme au niveau mondial, il s’agit du premier sport féminin. J’ai longtemps été dépité par l’attitude de la presse mais désormais, avec le succès des nouveaux médias, l’équitation peut sans problème se passer des canaux traditionnels. Facebook, You Tube et consorts permettent de relayer l’info de manière efficace. Rien qu’en Wallonie, des sites comme Equideo, Dressage Place, Stud For Life ou LEWB TV font le plein d’abonnés. 

Manque-t-il une personnalité charismatique parmi nos cavaliers ?

E.M : Nous avons tout ce qu’il faut. Plein de cavaliers médiatisables à souhait dans le top mondial. Ne prenons que l’exemple de Grégory Wathelet : au sommet depuis des années, il vient de remporter en juillet le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, l’équivalent de Wimbledon en tennis. Il est photogénique, intelligent, jeune, disponible et il s’exprime bien. Il n’est pas le seul.

Que répondriez-vous à ceux qui diraient que l’équitation est un sport de nantis ?

E.M : C’est une image qui nous a longtemps suivis mais aujourd’hui le sport s’est démocratisé.

P.A : C’est totalement ridicule, c’est une vision féodale. Quand vous êtes le troisième sport au niveau national, vous touchez directement l’ensemble du pays et de ses strates sociales. Quelle est la province la plus équestre ? Tout le monde va dire le Brabant wallon… C’est pourtant la province du Hainaut, considérée comme la plus défavorisée socialement en Belgique, qui compte le plus grand nombre d’élevages, d’adeptes et de concours organisés. Le gouvernement wallon publie des études encourageantes sur la situation socio-économique et l’aspect populaire de la filière. Les journalistes n’en retiennent malheureusement que l’aspect financier et le prix des chevaux d’exception. Plutôt que de relater le côté démocratique de notre sport, ils invitent quasi les services fiscaux à enquêter sur la filière. Vous gagnez un gros concours le week-end et vous subissez un contrôle fiscal le mardi qui suit.  Désespérant. 

S’il fallait donner l’envie aux jeunes de s’intéresser à votre sport ?

E.M : L’équitation est un sport très éducatif.  Apprendre à s’occuper de son cheval, comprendre sa psychologie, être patient et rester calme pour s’entendre avec cette deuxième nature, c’est magnifique. Les chevaux interviennent même à des fins thérapeutiques et notamment auprès des enfants autistes.

Quel était l’objectif en organisant les championnats d’Europe d’endurance à Bruxelles ?

E.M: D’abord, valoriser notre pays en démontrant que, malgré des finances limitées, Bruxelles se positionne comme un lieu incontournable de compétitions d’endurance grâce notamment à la forêt de Soignes qui possède des parcours cavaliers exceptionnels, à la fois galopants et techniques. Ensuite, populariser l’endurance équestre en l’amenant auprès du public, des médias et des décideurs. Trop souvent, cette discipline se déroule dans des endroits à la nature magnifique comme en Ardenne ou dans les Cévennes, mais éloignés de tout et de tout le monde. « Si tu ne viens pas à l’endurance, c’est l’endurance qui vient à toi » : tel est le leitmotiv de la course de Bruxelles.

Le label belge ?

P.A : Comme celui de l’Allemagne pour les voitures, c’est une valeur sûre. La Belgique est le pays le plus équestre au monde. Avec plus de 400 000 chevaux stationnés, nous avons la plus grande densité de chevaux par rapport à la superficie et au nombre d’habitants. Nous sommes réputés pour les qualités de nos cavaliers, de nos entraineurs, de nos maréchaux ou encore de nos vétérinaires. La Belgique du cheval s’exporte très bien.  Et puis il y a la qualité intrinsèque des chevaux d’obstacles. Tous les cavaliers d’obstacles au monde rêvent d’avoir un cheval belge. Ingmar De Vos, le président de la Fédération internationale, est également belge.

Votre bilan du Brussels Equestrian Endurance Masters (BEEM) ?

P.A : Sur le championnat d’Europe, en tant que coach, c’est extrêmement moyen puisque nous n’avons pas pu rentrer une équipe complète. Nous ne sommes donc pas classés au classement par nation. Il y a 5 ans, nous étions dans le top 5 mondial. Aujourd’hui, nous en sommes loin. Le sport évolue très vite et de nouvelles nations explosent. En Belgique, l’endurance reste bloquée à 400 affiliés. Entre le professionnalisme des autres nations et le commerce des chevaux de plus en plus dynamique, cela devient difficile pour nos cavaliers. Nos meilleurs chevaux font une saison avant d’être repérés et puis vendus. Je ne peux pas blâmer ceux qui les vendent puisque c’est la seule façon de rentabiliser leurs investissements. Ceci dit, nous avons raté le championnat d’Europe mais le lendemain, les filles décrochaient la médaille d’argent à la coupe des nations réservée aux ladies et c’est une belge, Elisabeth Hardy, qui a pris la médaille d’argent aux championnats du monde des jeunes chevaux.

Vos conseils aux jeunes cavaliers ?

P.A : Il faut s’investir à fond et surtout persévérer. Patience et sacrifices sont des maîtres-mots. C’est une caractéristique de notre sport : il peut se pratiquer très tard. De nombreux cavaliers ont décroché un premier titre à 50 ans. Un bon cheval et la motivation de départ ne suffisent pas.

Votre compagne, Karin Boulanger, prouve, à 58 ans, qu’il n’y a pas d’âge pour performer.

P.A : Et après combien d’opérations chirurgicales… Elle est toujours là ! C’est merveilleux mais en tant que coach national, c’est interpellant qu’elle soit encore la n°1 en Belgique. Nous attendons avec impatience la relève.

La valeur ajoutée de l’élevage en Belgique ?

E.M : La qualité et l’investissement des éleveurs qui choisissent toujours les bonnes juments et les bons étalons. Nous avons en Belgique une tradition d’élevage via les chevaux de trait, brabançons ou ardennais, qui se perpétue essentiellement au travers du cheval d’obstacles.

P.A : Durant l’entre-deux-guerres, l’exportation des chevaux de trait pesait en Belgique plus lourd que celle du charbon et de l’acier réunis.

Les dérives et les déviances au Moyen-Orient… L’enfer des chevaux ?

P.A : Les choses évoluent progressivement. Trois pays étaient principalement visés : le Bahreïn, le Qatar et les Émirats arabes unis. Des efforts ont été accomplis. Une prise de conscience a eu lieu. Comme j’ai été très critique il y a 3 ans de cela, certaines personnes pensent que j’ai retourné ma veste en demandant des fonds à Abu Dhabi pour l’organisation du BEEM, mais c’est faux. C’est Abu Dhabi qui m’a contacté avec l’envie de redorer son image en s’investissant positivement dans l’organisation de cet événement. 

L’endurance aux Jeux olympiques ?

P.A : Avec les problèmes de dopage et les excès commis ces dix dernières années, c’est une discipline relativement jeune qui a surtout besoin d’une période plus calme pour enfin trouver sa vitesse de croisière. Elle a pris son envol à la fin des années 70 pour intégrer la fédération équestre internationale au début des années 90. Si en Belgique l’endurance est la 4e discipline équestre, c’est au niveau mondial qu’elle a connu la plus grosse croissance et se retrouve désormais deuxième après le jumping. Pour les JO, il faut encore être patient.

Votre meilleur souvenir de coach ?

P.A : Notre titre de champion d’Europe par équipe en 2005. Cela compte dans la carrière d’un entraîneur.

Pour conclure, que peut-on souhaiter aux sports équestres en Belgique ?

E.M : De la continuité puisque malgré une période plus maigre en résultats, nous sommes toujours en croissance. Peut-être justement plus de réussite dans les championnats et donc plus demédailles.

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Naar aanleiding van de Brussels Equestrian Endurance Masters (BEEM) die onlangs plaatsvonden, had Pollen een interview met Pierre Arnould, medeorganisator van dat evenement en coach van de Belgische enduranceteams, en Eugène Mathy, voorzitter van de Ligue équestre Wallonie Bruxelles (LEWB) en vicevoorzitter van de Koninklijke Belgische Ruitersportfederatie (KBRSF). Ze gaven ons hun mening over de paardensport. 

De paardensport krijgt te weinig media-aandacht, en dat ligt volgens Mathy helemaal niet aan de prestaties. Die waren namelijk uitstekend tijdens de afgelopen kampioenschappen. Arnould voegde eraan toe dat de paardensport de derde grootste sport is in België, na het voetbal en het basketbal. Bij de dames staat de paardensport zelfs op één, zowel in België als op wereldvlak. Vandaag kunnen nieuwe media zoals Facebook en YouTube gelukkig dat tekort aan persaandacht compenseren. 

Er zijn ook meer van voldoende charismatische figuren. Mathy haalde Grégory Wathelet aan, maar er zijn er nog vele andere. 

Dat het paardrijden een rijkeluisport zou zijn, vindt Arnould ronduit belachelijk. Als derde grootste sport van België bereik je immers het volledige land en dus ook alle sociale klassen.

De sport is volgens Mathy ontzettend educatief, hij heeft zelfs therapeutische doeleinden.

Het Europees kampioenschap endurance in Brussel organiseren was in eerste instantie bedoeld om ons land, en meer bepaald Brussel te herwaarderen. Het Zoniënwoud beschikt immers over uitzonderlijke parcours. Ten tweede wilden de organisatoren de discipline endurance algemeen bekendmaken door die dichter bij het publiek te brengen. Meestal spelen de wedstrijden zich immers op afgelegen plaatsen af.

België is het belangrijkste paardenland ter wereld. Ons land heeft de meeste paarden in verhouding met zijn oppervlakte en aantal inwoners. Vooral de springpaarden staan bekend om hun kwaliteit. De fokkers zorgen, volgens Mathy, voor een toegevoegde waarde. Arnould voegde daar nog aan toe dat de export van trekpaarden tijdens het interbellum voor België groter was dan de export van steenkool en staal samen.

De discipline endurance is nog relatief jong en is, volgens Arnould, nog niet klaar voor de Olympische Spelen. Ze is de afgelopen jaren sterk gegroeid en staat nu op de tweede plaats op wereldvlak, na de jumping. Mathy wenste de paardensport alvast meer overwinningen, en dus meer medailles, op de kampioenschappen toe.