Louna Schuiten, terminer une course en endurance, c’est déjà une victoire
Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle
Sélectionnée en équipe nationale depuis ses 14 ans, Louna Schuiten est désormais une référence en endurance. Pollen a rencontré la Bruxelloise avant les championnats d’Europe - Brussels Equestrian Endurance Masters 2017 - organisés dans le cadre somptueux du bois de la Cambre et de la forêt de Soignes. Malheureusement pour Louna, son pur-sang arabe Sabah du Courtisot, blessé, ne prenait finalement pas le départ de la course.
Pourrais-tu nous présenter cette discipline ?
C’est un sport extraordinaire qui est en pleine expansion. Au niveau de la fédération équestre internationale, en termes d’affiliés, l’endurance est la deuxième discipline derrière le jumping. La distance reine, c’est 160 kilomètres - généralement 5 boucles de 30 à 40 km - à parcourir en une journée. Le principe même de la course est génial. On part tous en même temps et contrairement au jumping ou au dressage, nous ne sommes pas en piste 4 minutes mais plusieurs heures.
Quels sont les fondements techniques d’une cavalière en endurance ?
Avoir la tête froide, savoir tenir sur la longueur et toujours être concentrée.
Quel a été ton cursus équestre ?
J’ai commencé à l’âge de 4 ans. Comme toutes les jeunes cavalières, j’étais passionnée par les obstacles mais je suis rapidement passée à l’endurance. Chez Pierre Arnould et Karin Boulanger, j’avais la chance de profiter d’une écurie spécialisée. Les pur-sang arabes sont aussi mes chevaux favoris. L’endurance est donc rapidement devenue une évidence.
Une inspiration ?
Pénélope le Prévost - cavalière française en obstacles - qui nous fait une leçon d’équitation à chaque démonstration et Karin Boulanger en endurance qui continue, elle, à faire des résultats magnifiques.
Quelles sont les caractéristiques d’un cheval d’endurance ?
Les pur-sang arabes sont les chevaux types pour l’endurance. Ils sont plus petits, plus vifs, très intelligents et particulièrement beaux. Ils sont également solides et réputés pour pouvoir tenir de telles distances.
La discipline a souvent été sous le feu des projecteurs pour de mauvaises raisons, notamment les problèmes de dopage et de maltraitance des chevaux par certaines fédérations équestres du Moyen-Orient (en particulier Bahreïn, Dubaï et les Emirats arabes unis) …
Ces pays investissent dans notre sport depuis une quinzaine d’années. Ils achètent directement les meilleurs chevaux formés en Europe car ils ne possèdent pas ce qu’on pourrait appeler notre « culture européenne » du dressage. Si nous acceptons de vendre nos meilleurs chevaux, nous ne cautionnons évidemment pas le traitement qui leur est souvent réservé puisqu’un nombre incalculable de chevaux dopés finissent par mourir en participant à leurs courses. En Europe c’est tout différent, nous sommes conscients que notre sport ne peut fonctionner que dans le respect des chevaux.
Les contrôles vétérinaires font ainsi partie intégrante de la course…
Les contrôles sont très stricts. Durant toute l’année, nos chevaux subissent régulièrement des contrôles vétérinaires. Selon le type de distance, les arrêts sont plus nombreux. Sur 160 kilomètres, il y a 4 arrêts pour s’assurer du bon état de forme du cheval. Il y en a en réalité 5. L’endurance est le seul sport ou après avoir passé la ligne d’arrivée, outre les contrôles de dopage, les chevaux doivent encore se présenter chez le vétérinaire pour valider leur classement. Lorsque pendant 10 heures vous avez tout donné, que votre cheval sera nase pour les 6 prochains mois et que vous êtes disqualifiée parce qu’il ne récupère pas bien ou qu’il s’est occasionné une boiterie légère… C’est très dur. Mais s’ils sont à ce point exigeant, c’est justement pour éviter les abus.
L’endurance est-elle une discipline professionnelle ?
C’est une passion avant tout. Je suis encore étudiante mais je monte sept jours sur sept. Avec des courses sur invitation comme la President cup à Abu Dhabi où l’on reçoit un peu de sous et les rentrées propres à la vente de nos meilleurs chevaux, la discipline devient semi-professionnelle.
Prends-tu malgré tout du plaisir à former tes chevaux sachant qu’in fine, les meilleurs seront vendus ?
Enormément. Je viens d’acquérir un cheval de 4 ans. J’en ai un autre de 8 ans et un troisième de 7 ans. Je travaille en étroite collaboration avec un élevage du nord de la France. Ils préparent les chevaux et dès qu’ils estiment qu’ils sont au niveau international, je prends la relève. Cela fonctionne très bien.
Un cheval qui a marqué ta carrière ?
Sabah est particulier, c’est mon copain qui m’a poussée à l’acheter. C’est la première fois qu’un cheval m’appartient entièrement. Même s’il s’est avéré que monsieur n’avait pas trop envie de se fouler dans les derniers kilomètres et que j’ai déjà raté des podiums à cause de cette fainéantise, il a le physique d’un vrai champion (400 kg et 1,54 m).
Ton meilleur résultat ?
Mon titre de vice-championne du monde par équipe en 2013 et ma 14e place en individuel. C’est toujours quelque chose de très spécial quand on peut ramener une médaille pour son pays.
Pour conclure, un mot sur les Brussels Equestrian Endurance Masters ?
Les gens ne se rendent pas compte mais organiser une telle compétition dans le centre d’une ville, c’est exceptionnel !
Selected for the national team at the age of 14, Louna Schuiten is now a byword in endurance events. The Brussels-based rider met Pollen before the Brussels Equestrian Endurance Masters 2017 in the Bois de la Cambre and the Forêt de Soignes. Unfortunately, Louna’s pure-bred Arab, Sabah du Courtisot, was injured and unable to take part.
Louna explains that this extraordinary sport is booming. In terms of members, endurance is now the second discipline in the international equestrian federation, after show-jumping. The preferred distance is 160 kilometres to be covered in one day.
Pure-bred Arabs are the standard horse for endurance events. They are small and lively yet also robust and renowned for lasting long distances. The riders, meanwhile, need to keep a cool head, stay the course and remain focused
Unfortunately the discipline has come under fire for doping and animal cruelty, particularly in Middle-Eastern countries. The situation in Europe, however, is very different. The veterinary inspections are stringent. The horses are checked regularly throughout the year and stops are organised during events. Endurance is the only sport where the horses have to be examined by a vet at the end, as well as undergoing doping checks, before their position is confirmed. These stringent rules are essential to prevent abuse.
Above all, endurance is a passion. Although she is still a student, Louna rides every day. Now that some funding is available for certain events and with the income from selling their best horses, the discipline is becoming semi-professional.
Despite the fact that the best ones will ultimately be sold, Louna takes pride in training her horses. Sabah has a special place in Louna’s career. He is the first horse she has owned entirely. But unfortunately he dislikes making an effort in the final kilometres, so Louna has missed out on prizes. Her best result is world vice-champion in the team event 2013 and 14th individually.
To end with a word about the Brussels Equestrian Endurance Masters, organising a competition like this in the centre of a city is truly exceptional!