Philippe close

Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle

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Pilippe Close est le bourgmestre de la ville de Bruxelles. Passionné de sport, cet ancien joueur de l’équipe nationale junior de rugby se réjouit d’accueillir le Grand Départ du Tour de France 2019. Une jolie façon de démontrer au monde entier la capacité de sa ville à organiser un tel événement. Nous l’avons rencontré dans son bureau à l’hôtel de ville.

Quels sont vos rapports avec les organisateurs du Tour de France ?

Christian Prudhomme est un homme incroyable, son sens de la communication et la façon dont il gère le Tour, c’est impressionnant. Souvent, les fédérations sportives ne sont soit pas impliquées du tout, soit, à la façon du football, elles arrivent en terrain conquis et vous n’avez rien à dire. Au contraire, les organisateurs du Tour sont très empathiques et toujours à l’écoute. Christian Prudhomme m’expliquait qu’au-delà d’une empathie naturelle, c’était aussi dans la logique du Tour d’entretenir des bons rapports avec les villes hôtes, sachant que tôt ou tard, ils devraient y retourner (rires). C’est très agréable de travailler avec cette belle machine.

Sentez-vous déjà un engouement particulier à moins de 100 jours du Grand Départ ?

Nous avons été invités en octobre 2018 à Paris pour participer à la conférence de presse qui annonçait l’itinéraire du Tour. Je n’avais encore jamais fait un discours devant 5000 personnes, le Palais des Congrès était plein à craquer. C’était un énorme show qui réunissait les coureurs, les municipalités et plusieurs milliers de journalistes, mais de nouveau, c’était convivial et sympa. C’est la force du Tour. Ils ont compris que le cyclisme était un sport populaire et qu’il devait rester accessible. Ils ont juste un vrai problème aujourd’hui, il faut pouvoir identifier les coureurs. Ils doivent arrêter de porter des lunettes et des casquettes… Je ne suis pas certain que si demain, vous mettez sur la Grand-Place Peter Sagan, Philippe Gilbert ou Chris Froome, il y aura autant de gens qui s’arrêteront que pour Eddy Merckx, Bernard Hinault ou Greg Lemond.

Bruxelles peut surtout remercier Eddy Merckx et Yves Auvinet, chef du département de la Vendée, qui a accepté de céder l’organisation de ce Grand Départ 2019.

Mais aussi Alain Courtois qui y est complètement associé. Ce n’est pas parce que nous ne sommes plus ensemble dans la majorité qu’on l’oublie. C’est lui qui a eu l’idée et qui a ensuite bossé pour que ce soit possible et il sera évidemment présent. Pour revenir à Eddy, nous étions ensemble sur les Champs-Élysées pour l’arrivée du Tour 2018. Tous les coureurs du peloton avaient des étoiles dans les yeux face à cet immense champion. Je ne sais pas si on se rend bien compte, mais c’est une légende, l’un des plus grands sportifs du siècle passé avec Mohamed Ali. J’ai eu la chance de partager un diner avec lui et Bernard Hinault, j’étais comme un enfant. Ils sont restés accessibles et disponibles pour les fans. C’est très important et tous les sportifs devraient s’en inspirer.

Quel est votre plus grand souhait pour le Grand Départ du Tour le 6 juillet prochain ?

Le monde entier aura les yeux rivés sur notre capitale. Je voudrais que tout Bruxelles soit en jaune ! Comme je ne cesse de le répéter aux entreprises, le jaune est une couleur qui n’est pas protégée et elles doivent l’utiliser pour contribuer à cet événement populaire qui n’arrivera plus avant 50 ans. L’ensemble de la ville doit s’approprier le Tour. Il y a le Grand Départ le 6 juillet, mais aussi la présentation des équipes sur la Grand-Place le 4 juillet, ou encore le contre-la-montre par équipe le 7 juillet. C’est une chance inouïe pour les Bruxellois. Il s’agit aussi de démontrer que Bruxelles, qui, avec 184 nationalités, est la capitale du monde la plus cosmopolite après Dubaï, peut accueillir un tel événement.

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Et quel message voulez-vous faire passer aux citoyens ?

L’idée est de les sensibiliser à la fois à la pratique sportive et au vélo dans la ville. C’est aussi le leitmotiv de chacune des conférences de Christian Prudhomme, qui insiste sur la protection des cyclistes et le développement des pistes cyclables dans les villes. Cet événement doit être une fête du vélo à Bruxelles !

Les enfants sont particulièrement visés. Il y a eu la dictée du Tour dans les écoles de la Communauté française pour fêter les 100 jours et il y aura aussi la conférence de presse des coureurs qui leur sera réservée en marge du Grand Départ.

J’ai eu l’occasion de lire la dictée sur le Tour de France dans une école bruxelloise, c’était très touchant. Au-delà du français, ils ont aussi abordé le vélo en physique, en géographie, en histoire… C’est aussi ça la richesse du Tour de France.

Quel a été le moment le plus intense parmi les événements organisés pour les 100 jours ?

L’inauguration du square Eddy Merckx à Woluwé, sur la place où ses parents avaient installé leur épicerie. On avait fait venir des ancêtres de la caravane du Tour et il y avait aussi plein de gens qui étaient juste heureux d’être là. Eddy Merckx… Tout le monde l’appelle Eddy, c’est comme s’il faisait partie de la famille, l’ambiance était vraiment conviviale. C’est aussi une des caractéristiques du cyclisme, si chacun à ses favoris, c’est un sport qui ne divise pas, mais qui rassemble.

Quel est le réel intérêt pour Bruxelles d’organiser ce type d’événement ?

La visibilité offerte par le Tour de France est imbattable. C’est l’événement sportif le plus suivi après la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques ! Il réunit 2000 journalistes issus de 604 médias et 46 nationalités. Si vous organisez la finale de la Champions League, on montre juste le stade. Peu de gens se souviennent alors où a eu lieu la dernière finale. Avec le passage du Tour de France, Bruxelles sera filmée sous toutes ses coutures. C’est la plus grande carte postale du monde.

Pour conclure, si vous appréciez le sport en général, vous êtes surtout fan de rugby…

Le sport, c’est un vrai stabilisant, c’est quelque chose qui donne confiance en soi et qui permet de partager. Le rugby m’a construit et il m’aide tous les jours socialement et professionnellement. J’ai joué de mes 14 ans à mes 30 ans. J’ai notamment été champion de Belgique avec Boitsfort et l’ASUB. Le rugby, c’est aussi une grande famille. Mes enfants ont désormais le virus, je suis super fier. C’est une belle école de la vie.