PARISIAN ENCOUNTER. Sébastien Houbani & Lina El Arabi.

Sébastien Houbani et Lina El Arabi sont à l’affiche de Noces. Frère et sœur à l’écran, la crédibilité du film réalisé par Stephan Streker reposait en grande partie sur leur complicité. Rencontre avec les deux jeunes acteurs français sur une terrasse parisienne.

Les critiques sont dithyrambiques, « Fort et Bouleversant » pour Le Soir, « Un séisme émotionnel » pour Première… Vos réactions ?

Lina El Arabi : Quand vous faites un bon film avec des acteurs qui sont au-dessus du lot… C’est sans surprise. (Rires)

Sébastien Houbani : Plus sérieusement, savoir que le film est si bien reçu, notamment par la presse, ça fait fort plaisir.

Lina, voir votre visage sur l’affiche du film partout dans Bruxelles et Paris ?

J’évite généralement de parler de ce que je fais à mon entourage. Désormais je n’ai plus le choix. C’est un peu lourd car ça devient vite le premier sujet de discussion. 

Sébastien, comment se prépare t-on à un rôle émotionnellement si fort ?

J’ai eu la chance d’être le premier acteur engagé. Je me suis entouré d’un coach pakistanais en amont du tournage pour apprendre l’ourdou, les traditions, la place réelle des mariages forcés… Une série de questions qui ont nourri mon personnage. J’étais prêt pour le début du tournage.

L’apprentissage d’une langue, un gros travail ?

S H : Apprendre une langue phonétiquement n’est pas très compliqué. Le vrai challenge est d’y mettre de l’émotion.

L EA : Chaque langue a sa propre musique. Heureusement Amir et Zahira pouvaient avoir un accent francophone. L’important était ne pas commettre d’erreur en ourdou et d’être aussi crédibles que dans nos passages en français.

Lina, un personnage principal pour ton premier rôle au cinéma c’est énorme ?

C’est la partie émergée de l’iceberg. Les gens pensent que vous avez été repérée en rue comme Béatrice Dalle… Personnellement je prends des cours de théâtre et je passe des castings depuis 10 ans.

Votre rencontre sur le tournage ?

L EA : Le miracle était de tomber sur un acteur comme Sébastien, bienveillant, généreux, altruiste. Je ne pouvais pas rêver mieux en arrivant tard sur un tournage. Partager les scènes les plus importantes d’un film avec un acteur comme lui, votre stress diminue de 50 %. 

S H : J’avais besoin de la soutenir. Une actrice de 18 ans qui arrive à une semaine d’un tournage dans lequel elle va jouer le rôle principal… Ma première angoisse était de me dire si elle ne joue pas bien le film est mort. (Rires)

Sébastien, quel est ton passé de comédien ?

J’essaie d’être comédien depuis dix ans. Je parviens à en vivre depuis deux ans. J’avais déjà travaillé avec plusieurs réalisateurs - Tony Gatlif pour Geronimo, Kheiron sur Nous trois ou rien – mais Amir est mon premier grand rôle au cinéma.

Lina, un mot sur tes études en journalisme ?

Je suis autant passionnée par le journalisme que par le cinéma. J’ai choisi deux métiers où tu ne peux pas te projeter à long terme. Je me verrais bien faire du journalisme engagé, d’investigation. 

Ton avis sur le stéréotype de l’actrice égo trippée qui s’écoute parler ?

On vous fait tellement croire que vous êtes importante que certaines finissent par y croire. C’est Jean-Jacques Rousseau qui disait «L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt».  L’acteur aussi est innocent. Il désire juste vivre de sa passion.

Vous connaissiez le cinéma belge avant Noces ?

L EA : Je savais que les Belges étaient très forts en cinéma. J’ai été marquée par Rosetta.

S H : C’est arrivé près de chez vous, Dikkenek… Vous avez aussi des grands acteurs. Cécile de France qui est une femme extraordinaire, forcément Olivier Gourmet, Benoît Poelvoorde, Jérémy Renier...

La différence entre le cinéma belge et le cinéma français?

S H : Le cinéma belge a une grande qualité, il ne se regarde pas. C’est fini la frontière entre la France et la Belgique. Il serait plus juste de parler d’un cinéma francophone.

L EA : Les acteurs belges se prennent aussi moins au sérieux que les acteurs français.  

Une relation si intense à l’écran découle forcément sur une complicité dans la vraie vie ?

L EA : Je lui en veux de m’avoir donné une image du cinéma dont je rêvais mais qui ne correspond sans doute pas à la réalité.

S H : C’est ma plus belle rencontre depuis que je fais ce métier. On a tous les deux la chance d’avoir un grand frère dont on est très proche. Nous avons mis cette relation au service de nos rôles et c’est vrai qu’aujourd’hui avec Lina, si on joue des frères et sœurs à l’écran, on l’est un peu devenu dans la vie