Moïse Mann & Denis Meyers

Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle

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Avant d’ouvrir Manalys en 2009, Moïse Mann a été artisan joailler chez Holemans pendant 17 ans. Il reprendra en 2013 la fameuse enseigne du Sablon. Séduit par l’artiste Denis Meyers et par son exposition Remember Souvenir, le joailler lui propose une double collaboration. Un bracelet, mais aussi une poignée de porte pour Manalys, réalisée avec la maison Vervloet.

Rencontre avec Moïse Mann dans l’atelier de Denis Meyers.

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Votre définition de la haute joaillerie ?

C’est un processus de création qui vise à réaliser des pièces uniques en étant toujours à l’écoute de ses clients.

Pourquoi faire des collaborations avec des artistes ?

Les artistes m’aident à penser autrement. Les joailliers travaillent dans le tout petit tandis qu’Olivier Strebel ou Denis Meyers sont des artistes qui pensent grand. C’est toujours intéressant et ça me permet d’avoir une vision différente.

Ce partenariat avec la maison Vervloet ?

Vervloet est l’hôte de Manalys à l’occasion d’Uptown Design mais j’avais envie de dépasser le cadre de la simple exposition. C’est en visitant l’exposition Remember Souvenir que l’idée a germé : créer une pièce qui fasse le lien entre nos deux Maisons, avec les mots de Denis. Une poignée de porte, c’est très particulier, c’est le premier objet que l’on voit et que l’on touche en entrant quelque part. Le résultat est exceptionnel.

Le bracelet était-il présenté dans le cadre d’Uptown Design ?

Oui, nous avons dévoilé le résultat de notre collaboration en triptyque lors du vernissage. Le bracelet en or blanc est une pièce unique qui sera vendue au profit du fonds Erasme au mois de mai 2018. Il y a aussi 8 exemplaires en bronze qui sont proposés à la vente à la boutique.

Chez Manalys, vous exposez aux visiteurs le travail de vos artisans.

Manalys emploie 6 artisans. Nous invitons notre clientèle dans l’atelier pour qu’ils puissent suivre tout le processus de création d’une pièce. C’est aussi la meilleure façon de les intéresser à des métiers qui disparaissent. Nous insistons, car les enseignes qui prennent le temps de créer en Belgique sont de plus en plus rares. La majorité des joaillers deviennent ainsi des bijoutiers qui proposent des collections à plusieurs milliers d’exemplaires. 

Vous connaissez très bien le marché de la pierre.

C’est une nécessité dans ce métier et c’est pourquoi je voyage beaucoup. Notre clientèle avertie nous pousse à être très concurrentiels. Voyager me permet d’être à la source et de sauter les intermédiaires afin de proposer le juste prix. Si acheter une pierre est facile, l’acheter au bon prix c’est autre chose.

En cherchant une pierre, pensez-vous déjà à son éventuel acheteur ?

En joaillerie vous travaillez toujours pour votre clientèle. Je recherche des pierres en me fiant exclusivement au goût de mes clients, c’est fondamental.  

Que peut-on souhaiter à Manalys ?

Si j’ai la chance que les clients importants continuent à m’être fidèles, je souhaite pouvoir offrir les services et la qualité qu’exige la joaillerie à mes clients, indépendamment des budgets consacrés aux achats. Ils sont essentiels puisque c’est ma clientèle de demain.

L’artiste bruxellois, connu du grand public grâce à son exposition Remember Souvenir, profite désormais de nombreuses collaborations. Il enchaine les projets en Belgique, au Sénégal ou encore à l’île Maurice. Après avoir travaillé avec les Maisons Dandoy, Natan, Bellerose et Duvel Moortgat, Lee et Immobel, Denis Meyers s’associe aux Maisons Vervloet et Manalys.

La frontière entre création artistique et création commerciale ?

Si je garde ma liberté de réflexion, collaborer avec des marques qui commercialisent des produits liés à mon processus créatif ne me pose aucun problème. 

Quels sont vos critères pour accepter une collaboration ?

Elles naissent toujours d’une belle rencontre. Le rapport humain est déterminant. Mon travail de peinture évolue en travaillant avec des grands chefs ou des artisans. C’est très enrichissant. Je ne veux pas rester spécifiquement dans une même lignée. Je préfère varier les mediums, les formats et les supports.

Une création belgo-belge, c’est important ?

Je ne tiens pas absolument à faire du belge mais si j’ai le choix, je préfère mettre en avant notre création.

Le point de rencontre entre le travail d’un artisan chez Manalys et votre travail d‘artiste?

Je me considère plus comme un artisan ou un typographe. Aujourd’hui, tellement de personnes se disent artistes… À l’inverse de ceux qui considèrent trop vite avoir atteint un point d’excellence, parce qu’ils vendent leurs œuvres très cher ou qu’ils sont dans de grandes galeries, le travail d’un artisan, lui, ne cesse d’évoluer.

Vous n’avez toujours pas d’exclusivité avec une galerie ?

Je me limite à des capsules notamment avec la Macadam Gallery à Bruxelles et la Belgian Gallery à Namur.

Cela me permet de garder une certaine indépendance mais surtout de me remettre en question.

Quelles étaient vos pistes de réflexion pour le choix des mots sur le bracelet ?

L’idée était de proposer un bijou accessible, un bracelet que l’on puisse porter au quotidien. Il fallait trouver des mots qui plaisent à tous et qui soient cohérents. ‘Voyager’ s’est vite imposé. J’ai choisi ‘pardonner’ et ‘accepter’, des notions liées à mon parcours et que l’on devrait tous assimiler. Enfin le verbe ‘enlacer’, propre à l’amour, au partage et à l’envie d’offrir un cadeau à ceux qu’on aime.

Et pour la maison Vervloet ?

C’est une maison belge de tradition qui a plus de 100 ans et qui travaille sur le patrimoine, l’artisanat et l’excellence du travail manuel. Le résultat est une poignée design proche d’une sculpture. Le choix des mots n’est pas anodin. Ils sont logiquement liés à la rencontre, à l’accueil, au partage et au souvenir. 

Ces collaborations visent-elles aussi, d’une certaine façon, à maintenir en vie certains métiers d’artisans ?

C’est clairement l’une de mes préoccupations. Ma création artistique est liée en grande partie à l’artisanat. Que ce soit dans la joaillerie, le métal, le textile ou la gastronomie, c’est une chance inouïe de pouvoir apprendre avec des personnes du métier qui jouissent en plus d’une vraie reconnaissance dans leur domaine. 

Pour conclure, des projets pour cet automne?

Je vais peindre un pont les pieds dans l’eau à La Roche-en-Ardenne dans le cadre du festival BAM. Je participerai ensuite à un group show à l’ile Maurice avec la galerie 3A The Excellence of Art. J’y retournerai en novembre pour une expo solo

“I perceive my pieces
differently thanks to artists”

Before opening Manalys in 2009, Moïse Mann had been an artisan jeweller at Holemans for 17 years and took over the famous Sablon house in 2013. Captivated by artist Denis Meyers and his Remember Souvenir exhibition, the jeweller worked with him to create a bracelet. Meanwhile, the Vervloet handcrafted hardware company and the artist designed a door handle for Manalys.

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Artists give Mann a different vision, while the collaboration with Vervloet came about when they met up through the Uptown Design exhibition tour and he conceived the idea of creating a piece linking their two companies and bearing words chosen by the artist. 

The bracelet was presented at the Uptown Design preview. The single white gold version will be sold for the benefit of the Erasme fund while eight bronze versions will be put on sale in the boutique.

At Manalys, customers are invited to watch the creative process in order to promote interest in the disappearing profession of artisan jewellery. 

Mann knows the precious stone market very well as he travels widely to buy the right stones at the right price in order to satisfy his customers. His sole focus is his customers’ tastes and his goal is to offer them the service and quality they expect.

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Denis Meyers
www.denismeyers.com
Instagram : D6ni5m

MANALYS Joaillerie
Boulevard de Waterloo 11
1000 Bruxelles
www.manalys.com