Losers revolution

Writer // Boris Rodesch - Photography // Michel Verpoorten


Ancien animateur de télévision, aussi scénariste et comédien, Thomas Ancora vient de coréaliser, avec Grégory Beghin, son premier long-métrage : Losers revolution. Nous l’avons retrouvé au Tich à Bruxelles où a été tournée l’une des scènes cruciales de cette comédie déjantée.

Quel est le pitch de "Losers revolution" ?

C’est l’histoire de 3 amis qui se faisaient maltraiter à l’école. Ils sont conviés à l‘enterrement de Juan, un de leur ancien camarade de classe qui a une dernière volonté : Simon, Mehdi et Fred doivent se rendre à la réunion des anciens élèves pour balancer ses cendres sur les mecs qui les martyrisaient et créer un mouvement de "révolution des losers" sur les réseaux sociaux. Avec 30 followers à eux trois, compliqué de créer un buzz. Mais qui de mieux que le petit frère de Simon, Henry, star de télé-réalité et gourou des réseaux sociaux, pour les aider à atteindre leur but ? Évidemment, les deux frères se détestent.

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Quelles ont été vos inspirations pour réaliser une telle comédie ?

Je me suis inspiré des films américains comme "Bridesmaids" ou "Bad neighbours". Ces comédies, à mourir de rire, sont pour moi des références absolues. Je tenais aussi à écrire le film que j’ai envie de voir au cinéma. C’est une niche qui ne fait rire que certaines personnes, mais il y a vraiment une place à prendre dans le cinéma belge pour ce type de comédie.

"Losers revolution" sortira en salle au mois de mars prochain. On imagine aisément que ce fut un travail de longue haleine.

J’ai mis plus de cinq ans à écrire le scénario avant d’obtenir les premiers budgets en janvier 2019. Depuis, entre les longues phases de réécriture, les séances de casting et le tournage très intense qui n’a duré que quatre semaines, j’ai été occupé sept jours sur sept pendant un an.

Est-ce un film 100 % belge ?

Oui et c’est suffisamment rare pour être souligné. C’était notre cheval de bataille. Tous les producteurs et tous les acteurs sont belges, le tournage a eu lieu en Belgique, les décors, les costumes et l’argent viennent aussi exclusivement de chez nous. C’est naturellement un film à très petit budget, mais en contrepartie, cela nous a offert toute la liberté dont nous avions besoin pour pouvoir exprimer librement des blagues parfois très limites.

Vous connaissiez déjà très bien Kody Kim, Baptiste Sornin, Clément Manuel, Alex Vizorek, Pablo Andres et d’autres acteurs présents dans le film. Avez-vous écrit les rôles pour eux ?

J’ai écrit les personnages des deux frères pour Clément Manuel et moi-même. Pour les rôles de Tania Garbarski, d’Alex, de Baptiste, de Kody ou de Pablo, je savais juste que j’allais devoir trouver des acteurs très talentueux. Les mêmes scènes jouées par des acteurs moyens n’auraient pas été possibles. Prenez le rôle de Tania, son interprétation est tellement précise et carrée. Je ne suis pas certain que les gens puissent se rendre compte de la force nécessaire pour interpréter son personnage. L’écriture prend toute sa dimension grâce au jeu des acteurs. Pour le reste, tous mes potes qui interviennent dans le film ont passé un casting. Même s’ils n’avaient que deux phrases à dire, il fallait qu’elles soient dites correctement. C’est aussi ce qui fait la différence dans ces comédies américaines. J’ai été très pointilleux et rien n’a été offert gratuitement. Chaque intervention devait avoir du sens.

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L’émission de télé-réalité sur les Alpha Belga Boys à Bruxelles est aussi très réaliste…

Que ce soit au niveau de l’habillage ou du générique, nous voulions être cohérents visuellement par rapport à l’univers de la télé-réalité. Nous nous sommes inspirés de "L’incroyable famille Kardashian" et de "Love Island", dont nous avons repris tous les codes. Je ne voulais pas passer pour un gars du cinéma qui n’avait jamais regardé un épisode de télé-réalité. Au final, c’est plus une satire qu’une parodie.

Pour reprendre la baseline de l’affiche, il y a deux types de personnes : les influenceurs et les influencés. À quelle catégorie appartenez-vous ?

Je suis très branché réseaux sociaux, où je suis plutôt un influenceur (rires).

Vous aviez déjà réalisé — avec Clément Manuel — des capsules humoristiques sur le web, "Ce que disent les gens de Bruxelles", "Les JOC"… Comment définiriez-vous votre humour ?

À l’image de "Losers revolution" : intense, décalé, surréaliste et toujours bien assumé. Que ce soit la première scène, où le prêtre abrège la cérémonie pour aller voir "Melrose Place", ou celle avec le notaire alias Alex Vizorek, ces deux séquences n’existent pas dans la vraie vie. Ça passe ou ça casse, mais c’est vraiment ce type d’humour complètement absurde qui me plaît.

Si vous deviez donner l’envie aux gens d’aller voir "Losers revolution" ?

C’est un film à aller voir entre potes pour passer un bon moment sans se prendre la tête.

Réaliser le film que vous aviez écrit, c’était une évidence ?

Lorsque j’ai commencé à écrire le scénario, ma productrice — Annabella Nezri de la société Kwassa films — m’a tout de suite proposé d’être le coréalisateur. J’avais une idée tellement précise de ce que je voulais, que ce soit au niveau des personnages, du jeu des acteurs ou visuellement, que j’aurais été frustré de devoir me contenter d’un simple rôle d’acteur.

Acteur, auteur et réalisateur, que préférez-vous dans vos différentes activités ?

J’adore inventer des histoires, créer des personnages, définir leur univers, leur identité et leur façon de s’exprimer. En tant qu’acteur, j’aime aussi particulièrement la vie sur le plateau de tournage.

Pour conclure, que peut-on vous souhaiter de meilleur pour 2020 ?

Pour rester dans le thème du film, un bon buzz. Plus sérieusement, que les gens puissent se dire que ces comédies peuvent aussi exister en Belgique. Et que si nous l’avons fait, ils peuvent aussi le faire.




Thomas Ancora
#losersrevolution