Ennemi Public
Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle
Le comédien liégeois se révèle au grand public dans la série proposée par la RTBF. En 2017, il remporte le Magritte du meilleur acteur pour son rôle dans le film de Xavier Seron Je me tue à le dire. Nous avons rencontré Jean-Jacques Rausin à la Grand-Place de Bruxelles. Celui qui incarne Michaël Charlier – chef de la police locale - dans Ennemi Public évoque la prochaine saison et l’engouement autour des séries belges.
Quelle est ton actualité ?
Je suis sur le tournage de la saison 2 d’Ennemi Public depuis le mois d’octobre jusqu’à la fin du mois de janvier. C’est très intense puisque j’ai l’un des rôles principaux et c’est donc difficile de faire autre chose.
Abordes-tu différemment le tournage d’une série ou d’un film ?
Si je compare avec le film de Xavier Seron, Je me tue à le dire, le nombre de plans est beaucoup plus élevé au cinéma. Nous prenions le temps de discuter de chaque plan sur le tournage. Pour une série, nous nous offrons maximum 2-3 prises par plan. Tout est plus rapide puisque nous devons avancer plus vite.
Les séries ont pris une tout autre dimension au cours des années 2000.
Il y a plusieurs raisons. Le matériel a terriblement évolué et permet d’obtenir une qualité d’image autrefois inaccessible. Il y a désormais des réalisateurs, des scénaristes et des techniciens à la pointe qui s’intéressent aux séries. Avant c’était le parent pauvre du cinéma, mais avec l’arrivée des séries danoises et américaines, avec leurs scénarios solides et leurs vrais univers, de plus en plus de réalisateurs passent à la série. C’est une aubaine puisque cela donne du boulot aux techniciens et aux acteurs belges.
La vitrine offerte par une série est très large… Tu y as pensé en acceptant la saison 1 ?
Je n’y pensais pas pour la simple raison qu’on ne savait pas quel serait le retour du public. La trêve n’était pas encore sortie et nous étions très loin d’imaginer le succès de la série ou encore qu’elle serait vendue dans plusieurs pays à l’étranger. Il faut être honnête, le succès de La trêve nous a ouvert les portes.
À l’aube de la saison 2, le succès et l’attente sont au rendez-vous…
Oui. C’est d’ailleurs un peu frustrant pour le cinéma. Les films d’auteurs belges ou internationaux qui ne restent pas longtemps en salle ne profitent jamais d’une telle promotion. Égoïstement, participer à ce type de projet qui touche directement le public, c’est très excitant.
Comment se prépare-t-on pour jouer le rôle d’un flic ?
Pour la première saison, j’avais rejoint Stéphanie Blanchoud qui suivait le quotidien de la police à Charleroi. Cette fois-ci j’ai rencontré des policiers à Liège. C’était une courte immersion. Les témoignages sont parfois très durs, ils doivent avoir les reins solides. Humainement, c’est un métier incroyable.
Un moment marquant dans la saison 1?
Quand on m’a tiré dessus, c’était très impressionnant. J’ai senti une belle montée d’adrénaline. C’est de la fiction, mais on se projette un peu dans la réalité. Voir toute l’équipe autour qui se protégeait avec des masques, je pensais me faire déchirer de tous les côtés…
Es-tu un amateur de séries ?
Pas du tout. Je suis plutôt cinéphile.
Ton film culte ?
Je suis un vrai fan du cinéma de Bertrand Blier. Les valseuses, Tenue de soirée, Le beau-père… J’adore les dialogues et son univers absurde et décalé.
Des acteurs avec lesquels tu aimerais jouer ?
Jean-Hugues Anglade dans Nikita ou dans 37°2 le matin, Richard Anconina dans Itinéraire d’un enfant gâté ou dans Tchao Pantin… Ces personnages ont une sensibilité et une douceur, c’est du caviar. Il y a aussi Patrick Dewaere, mais c’est trop tard. Sinon, il y a des actrices fabuleuses comme Sara Forestier et Maïwenn.
Un mot sur le Magritte du meilleur acteur pour ton rôle dans le film de Xavier Seron ?
C’est une reconnaissance des pairs qui est très importante. C’était un honneur d’avoir été choisi pour ma performance. Cela a aussi rappelé à des réalisateurs étrangers que j’existais. J’ai vite reçu deux propositions de projets (Suisse et France) qui sont actuellement en préparation. Les comédiens sont tellement nombreux, nous avons besoin des médias ou de ce type de récompenses pour être mis en avant.
La Belgique est elle cruelle avec ses acteurs ?
Nul n’est prophète en son pays. Nous devons passer par la France pour avoir une vraie reconnaissance en Belgique, mais les choses changent. L’objectif de ces séries est justement de promouvoir les acteurs, les techniciens, les réalisateurs belges…
Une confidence sur le scénario de la saison 2 d’Ennemi public ?
Je dirais juste que les personnages se dévoilent de plus en plus, mais aussi que l’on monte en action. On a fait des trucs vraiment sympas !
Pour conclure, quel est le point commun des séries belges ?
Un magazine anglais a évoqué le Belgium noir. Ils soulignaient le côté obscur, les atmosphères pesantes ou dramatiques et les ambiances noires, parfois troublantes, des forêts ardennaises.