1h22 avec Glenn Sestig

Writer // Boris Rodesch - Photography // Michel Verpoorten

Cet architecte gantois réalise des projets luxueux en Belgique et à l’étranger. Connu entre autres pour ses nombreuses collaborations dans le monde artistique, avec des personnes comme Raf Simons, Pieter Mulier, Luc Tuymans ou Ann Demeulemeester, Glenn Sestig met aussi son sens pointu de l’esthétisme au profit de projets commerciaux et résidentiels. Nous retrouvons ce « virtuose discret » dans les immeubles Walter à Paris, où il rénove les appartements Maunoury.

Venez-vous souvent à Paris ?

Oui, particulièrement depuis deux ans, puisque nous sommes occupés sur ce chantier dans les bâtiments Walter, situés dans le 16e arrondissement à Paris.

Pourriez-vous justement nous décrire ce chantier ?

Magnifique. L’appartement profite de près de 500 mètres carrés dans ces bâtiments classés, datant des années 30, où plusieurs stars vivent ou ont vécu… Ce sont parmi les plus beaux immeubles de Paris. Le client nous a demandé de tout transformer. En réalité, nous avons choisi de conserver certains éléments de la décoration ancienne et de les combiner avec notre architecture contemporaine, afin d’offrir un bel équilibre à l’ensemble.

Paris, ça évoquait quoi pour vous gamin ?

La tour Eiffel. Son illumination rehaussée par le scintillement de toutes ses petites lumières qui s’apparentent à des étoiles la nuit… ça fait rêver, c’est comme une œuvre d’art.

Paris, c’est un passage obligé pour un architecte belge ?

Oui, déjà rien que pour observer le style haussmannien. Le fait que monsieur Haussmann ait retravaillé la ville dans son ensemble, c’est juste superbe. Son plan urbanistique et ses bâtiments font la ville.

Le plus beau cadeau que vous ayez reçu gamin ?

Les Lego et Fisher Technik. J’adorais construire des maquettes avant de les démolir et de les reconstruire pour les améliorer.

À quel âge vous dites-vous pour la première fois :
un jour, je deviendrai architecte ?

À dix ans, je regardais déjà tous les magazines d’architecture. Je demandais à mes parents de les acheter et je leur disais que je m’y verrais bien un jour, avec l’une de mes réalisations. À onze ans, j’ai dessiné la cuisine de mes grands-parents. À douze ans, j’ai également pu dessiner la salle de bain et ma chambre chez mes parents. Les trois pièces ont vu le jour grâce à des bons menuisiers que mes parents connaissaient.

Vos parents avaient déjà confiance en votre trait et votre sens de l’esthétisme, ou ils étaient juste un peu fous ?

Mon père voulait être architecte. Mes parents avaient un regard très moderne sur l’architecture et la décoration. J’ai grandi dans une certaine culture de l’esthétisme. Quand je leur ai dit que je voulais devenir architecte, ils étaient immédiatement d’accord. Mais il était hors de question que j’étudie l’architecture d’intérieur : c’était l’architecture ou rien. Je les remercie, car ce n’est qu’une année d’études en plus, mais au final, un bon architecte peut réaliser des intérieurs, tandis qu’un architecte d’intérieur n’a généralement pas les compétences pour réaliser un bâtiment. Les architectes ont une autre façon de réfléchir aux bâtiments, aux objets ou aux produits.

Vous avez étudié à l’Institut supérieur d’architecture Henri Van De Velde, à Anvers. Quel genre d’élève étiez-vous ?

Le meilleur (rires). Plus sérieusement, j’étais un bon élève. J’ai terminé mes cinq années en six ans, après avoir doublé ma deuxième, car j’avais trop fait la fête…

Il occupe quelle place, le dessin, dans votre
« processus » aujourd’hui ?

Je ressens très vite le besoin de faire des esquisses, ça me permet de faire des propositions immédiates aux clients. Cela vient assez naturellement et je retrouve souvent une trace de mes premières esquisses dans le projet final. Désormais, j’utilise davantage mon iPad ou mon ordinateur.

Maitrisez-vous justement tous les logiciels d’architecture ?

Je préfère ne pas les connaître, ça m’évite de devoir le faire moi-même (rires). J’ai surtout la chance de pouvoir compter sur de jeunes architectes, qui maitrisent ces programmes sur le bout des doigts. C’est incroyable ce qu’ils parviennent à réaliser. Cela permet aux clients de prévisualiser mes idées, mais aussi leurs suggestions. In fine, ça accélère considérablement nos échanges.

Combien de personnes travaillent chez Glenn Sestig Architects ?

Il y a mon associé de toujours, Bernard Tournemenne, et une douzaine d’employés, parmi lesquels un gestionnaire de contacts avec les clients, un Office Manager, des architectes, des architectes d’intérieur et des artistes 3D, devenus très importants. À l’époque, on dessinait tout en 2D, et puis on réalisait les visuels et les plans. Maintenant c’est l’inverse, on dessine en 3D et on remet les mesures et les proportions exactes sur le plan 2D pour l’exécution du projet final.

Depuis combien de temps travaillez-vous ensemble avec Bernard Tournemenne ?

Nous sommes en couple depuis trente ans. Quand nous nous sommes rencontrés, il étudiait la peinture à l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles et il avait un boulot dans la mode. Après six mois,
nous avons emménagé dans un appartement que nous avons entièrement rénové. Des photographes du studio Verne Fotografie, à Gand, ont alors publié un reportage de dix pages dans le Elle Décoration. Ça a été un vrai tremplin pour notre carrière. Très vite, le propriétaire de SOAP — le salon de coiffure le plus connu d’Anvers à l’époque — nous a contactés pour nous demander de rénover son salon en neuf jours. À l’ouverture, il y avait les propriétaires des établissements commerciaux les plus intéressants d’Anvers… Je sortais d’une année sabbatique, puisque j’avais arrêté mes stages après un an et demi. J’ai donc fait mes six derniers mois de stage tout en travaillant sur la préparation du salon SOAP. Bernard s’occupait, lui, du choix des couleurs. Nous étions à la fin des années 90 et la mode était au pur minimalisme. Proposer des murs de couleurs et de la matière dans une architecture minimaliste… ça dénotait très fort, mais les gens ont adoré. On a alors vite été contactés pour une série de réalisations et nous avons lancé notre cabinet Glenn Sestig Architects en 1999.

La transformation vous anime-t-elle autant que le fait de pouvoir partir d’une feuille blanche ?

J’aime transformer les anciens bâtiments, avoir une structure, même s’il y a toujours des paramètres dont il faut tenir compte dans la construction. Par contre, il y a souvent une belle âme dans un bâtiment ancien.

Recevoir carte blanche, c’est l’idéal, ou vous vous pliez volontiers aux désidératas de vos clients ?

Je préfère établir un dialogue avec eux. Je pense que c’est pour ça que nos projets sont différents les uns des autres. Ils présentent des atmosphères variées qui sont le fruit de leurs interventions. C’est le plus important, je travaille pour eux, pas pour moi. C’est aussi pour cette raison que l’on aime travailler dans le monde de la mode. Pieter Mulier, Raf Simons, Ann Demeulemeester… Ces créateurs ont une force dans leur métier, ils ont une vision précise de ce qu’ils veulent et mon rôle est de la retranscrire dans la réalité.

Votre rapport à l’architecture s’apparente-t-il à celui que peuvent avoir ces couturiers à la haute couture?

Oui, c’est vraiment du sur-mesure pour chaque client avec de nouvelles recherches de matériaux. Si ce sont les mêmes matériaux que l’on retrouve, c’est la manière de les combiner et de les utiliser en architecture qui varie. Comme dans la haute couture, on réalise pour chaque client un style, une identité et un concept particuliers.

Vous êtes connu pour votre rapport particulier aux matières, que vous n’hésitez pas à mélanger ?

Nous avons introduit la couleur dans l’architecture minimaliste il y a près de trente ans. On a continué sur cette voie, parfois de façon extrême, parfois de façon plus nuancée, mais nous avons toujours travaillé sur la matière. À mes yeux, avec le caractère fonctionnel, ce sont les deux dimensions les plus importantes en architecture.

On vous définit souvent comme un architecte minimaliste, parfois brutaliste, ce qui nous rappelle l’architecte gantois, Juliaan Lampers… Avez-vous des inspirations ?

Je fais mon travail à ma façon, mais il y a évidemment des références, comme Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright, Louis Kahn, Luis Barragan, Oscar Niemeyer. Je citerais également Peter Zumthor, mais surtout David Chipperfield, qui est actif depuis une quarantaine d’années dans l’un des meilleurs cabinets d’architecture au monde. (NDLR : les bureaux David Chipperfield Architects ont vu le jour à Londres en 1984.)

Si vous deviez définir brièvement votre style architectural ?

Mon approche privilégie un luxe spatial subtil, des formes calmes et épurées, l'honnêteté des matériaux et des influences minimalistes et modernistes — autant d'éléments qui ont fini par définir mon parcours architectural.

Vous comptez à ce jour des réalisations pour Raf Simons, Verso — le temple de la mode à Anvers —, les studios des Frères Dewaele ou encore le Culture Club à Gand et plusieurs galeries d’art en Belgique… La culture, la mode, la musique et les arts plastiques, ce sont des univers qui vous définissent au-delà de votre métier ?

J’aime la mode, l’art, la musique et faire la fête bien sûr, ça me facilite le travail. Vous ne pouvez pas espérer d’un architecte qu’il vous dessine un club cohérent s’il n’a jamais mis les pieds dans une discothèque… Il faut une certaine expérience pour comprendre les attentes de sa clientèle. (NDLR : Stephen et David Dewaele, qui se produisent sous le nom de 2 Many Djs, sont aussi les membres fondateurs du groupe belge d'électro-rock Soulwax.)

Avez-vous une ligne de conduite dans l’acceptation ou non d’un nouveau projet ?

Le plus important, ce sont les clients. Seront-ils ouverts ou non à mes propositions, seront-ils flexibles ? Et puis, il y a le bâtiment en soi et la volonté du client de le repenser dans son ensemble.

Cela dépend donc aussi de la liberté dont vous bénéficierez ?

Un peu, oui, ça doit être un univers qui ne fait plus qu’un à la fin. L’intérieur, l’extérieur, les luminaires, les meubles, l’art… le tout doit former un ensemble cohérent.

Comment abordez-vous la problématique énergétique ? Faut-il parfois y sacrifier une certaine forme d’esthétisme ?

Des nouvelles techniques qui satisfont des critères écoresponsables sont systématiquement poussées et mises en avant. Je ne suis pas pour, mais nous n’avons pas le choix, il faut s’y plier. C’est le jeu économique que l’on doit suivre. Prenez les chauffages électriques, il y a vingt ans, ils étaient impayables et personne ne pouvait se permettre de les installer… Aujourd’hui, on doit tous passer à l’électrique. La logique est très éloignée de tout ça. Les panneaux solaires, c’est la même chose : ceux qui ont été placés il y a vingt ans sont désormais stockés dans des grands trous sous la terre quelque part en Afrique… Est-ce vraiment plus écoresponsable ? Après, ce n’est pas une contrainte de suivre le jeu économique et de s’adapter aux nouvelles techniques proposées. Tant que je ne dois pas placer les panneaux solaires de façon visible, ça ne me pose aucun problème esthétique.

Les circuits courts devraient-ils aussi s’appliquer à l’architecture, et notamment à l’usage de certaines matières ?

Je suis d’accord sur la forme, mais malheureusement, on n’a pas toujours les plus beaux matériaux sous la main. Les gens aiment l’idée de se diversifier, si l’on doit tout réaliser avec de la pierre bleue belge, on aura tous les mêmes intérieurs… Qui plus est, ce n’est pas ma pierre préférée.

Ce serait quoi un architecte engagé ?

Un architecte qui fait des réalisations qui durent longtemps et qui ne doivent pas être démolies tous les trois ans. Lorsque je réalise une boutique ou une maison, mon leitmotiv est qu’elle puisse durer le plus longtemps possible. Il y aura bien entendu des rénovations à faire, mais d’un point de vue écologique, ça me paraît plus cohérent que de tout casser tous les X, pour installer des nouvelles technologies ou matières plus vertes.

Quelle proportion de votre temps consacrez-vous à la création, à la gestion de l’esthétisme et aux autres tâches ?

50 % à la création, et tout le reste, c‘est de la gestion de chantier et de la gestion humaine. Par contre, l’esthétisme reste le fil conducteur. Je regrette de ne pas avoir assez de temps pour la création pure, même si c’est logique que le rapport avec les clients soit primordial, puisqu’en tant qu’architecte, on doit entrer dans leur intimité pour comprendre leurs attentes et leurs modes de vie. Il est donc légitime que l’on se voie le plus souvent possible.

Quel serait votre « coup de gueule » par rapport à l’architecture ?

La première année d’études devrait être dédiée à l’apprentissage des logiciels informatiques (Sketchup, AutoCad…). C’est la seule façon de se confronter à la réalité d’un chantier, de comprendre les proportions, les volumes, mais également les matières et la façon de les agencer. On devrait leur demander de reproduire de A à Z un projet de leur choix avec ces différents programmes. Ça leur demanderait plus de réflexion que de dessiner au crayon une pyramide. De toute façon, on ne dessine plus rien à la main dans les bureaux. Ensuite, en deuxième ou en troisième année, ils peuvent commencer à faire des esquisses au crayon, mais passer cinq années à dessiner à la main, c’est absurde. Lorsqu’ils rejoignent un cabinet, ils savent à peine envoyer un e-mail.

Réaliser un musée, est-ce votre objectif absolu, comme pour beaucoup de vos confrères ?

Oui, j’ai déjà dessiné une proposition pour le musée Dhondt-Dhaenens situé à Deurle. On verra s’il se réalise un jour.

Comment expliquez-vous ce « must » du musée pour les architectes ?

C’est une ligne appréciée en architecture, c’est souvent du minimalisme, et un musée, c’est le comble du minimalisme puisque c’est très épuré.

Un musée référence ?

Le Whitney Museum of American Art dans le Breuer Building à Manhattan, réalisé par l’architecte Marcel Breuer. (NDLR : Si les collections du Whitney Museum of American Art étaient présentées dans le Breuer Building de 1966 à 2015, depuis le 1er mai 2015, le musée profite d’un nouvel édifice dans le quartier du Meatpacking.)

Votre ancienne maison, la Townhouse, située à Gand, apparaît dans le film Spider in the web, avec Monica Bellucci… Y a-t-il un cinéaste avec lequel vous aimeriez collaborer ?

Barbara Broccoli, la productrice américaine qui a déjà coproduit de nombreux films de la série James Bond.

Un film ou une série qui vous a marqué sur le plan architectural ?

Halston, la mini-série de Netflix sur le créateur de mode Roy Halston. On y voit une reconstitution de sa maison — réalisée par l’architecte américain Paul Rudolph — située dans l’Upper East Side, à Manhattan. Sinon, il y a aussi tous les films de Tom Ford, qui porte, lui aussi, une attention particulière à l’esthétisme architectural.

On arrive à Bruxelles. Pour conclure, qui verriez-vous en face de moi lors de mon prochain 1 heure 22 avec… ?

Les frères Dewaele.

1 UUR EN 22 MINUTEN MET  Glenn Sestig

Deze Gentse architect realiseert luxueuze projecten in binnen- en buitenland. Bekend om zijn talrijke samenwerkingen in de kunstwereld met mensen als Raf Simons, Pieter Mulier, Luc Tuymans en Ann Demeulemeester, stelt Glenn Sestig zijn fijn zintuig voor esthetiek ook ten dienste van commerciële en residentiële projecten. We hebben afspraak met deze "discrete virtuoos" in de Walter-gebouwen in Parijs, waar hij de Maunoury-appartementen renoveert.

Boris Rodesch nam de Thalys met Glenn Sestig

Komt u vaak naar Parijs?

Ja, vooral de laatste twee jaar, aangezien we bezig zijn met de werken in de Walter-gebouwen in het 16e arrondissement in Parijs.

Kunt u deze werf beschrijven?

Prachtig. Het appartement beschikt over bijna 500 vierkante meter in deze geklasseerde gebouwen uit de jaren 30, waar verschillende sterren wonen of gewoond hebben... Ze behoren tot de mooiste gebouwen van Parijs. De klant vroeg ons om alles te transformeren. In werkelijkheid hebben we ervoor gekozen sommige elementen van de oude decoratie te behouden en ze te combineren met onze hedendaagse architectuur om het geheel een mooi evenwicht te geven.

Waar deed Parijs u als kind aan denken?

De Eiffeltoren. Zijn verlichting en het fonkelen van al die kleine lichtjes die 's nachts op sterren lijken... het doet je dromen, het is als een kunstwerk.

Is Parijs een verplichte halte voor een Belgische architect?

Ja, al was het maar om de Haussmanniaanse stijl te observeren. Het feit dat mijnheer Haussmann de stad in zijn geheel heeft aangepakt is geweldig. Zijn stadsplan en zijn gebouwen maken de stad.

Het beste cadeau dat u als kind kreeg?

Lego en Fisher Technik. Het liefst bouwde ik modellen om ze vervolgens uit elkaar te halen, weer op te bouwen en ze te verbeteren.

Op welke leeftijd zei u voor het eerst: "Ik word ooit architect”?

Toen ik tien jaar oud was, ik bekeek toen al alle architectuurtijdschriften. Ik vroeg mijn ouders om ze te kopen en vertelde hun dat ik er zelf op een dag in zou verschijnen met één van mijn realisaties. Toen ik elf was, tekende ik de keuken van mijn grootouders. Toen ik twaalf was, mocht ik ook de badkamer en mijn slaapkamer bij mijn ouders tekenen. De drie kamers kwamen tot stand dankzij goede schrijnwerkers die mijn ouders kenden.

Hadden uw ouders al vertrouwen in uw vormgeving en gevoel voor esthetiek, of waren ze gewoon een beetje gek?

Mijn vader wilde architect worden. Mijn ouders hadden een zeer moderne kijk op architectuur en decoratie. Ik groeide op in een zekere cultuur van esthetiek. Toen ik ze vertelde dat ik architect wilde worden, stemden ze daar meteen mee in. Binnenhuisarchitectuur was echter uitgesloten: het was architectuur of niets. Ik ben ze dankbaar want met slechts een jaar langer studeren kan een goede architect interieurs ontwerpen, terwijl een binnenhuisarchitect meestal niet over de nodige vaardigheden beschikt om een gebouw te ontwerpen. Architecten kijken op een andere manier naar gebouwen, objecten of producten.

U studeerde aan het Hoger Architectuurinstituut Henry Van De Velde in Antwerpen. Wat voor soort student was u?

De beste (lacht). Maar even serieus, ik was een goede student. Ik beëindigde mijn vijf jaar in zes, nadat ik mijn tweede jaar dubbelde door te veel te hebben gefeest …

Welke plaats neemt tekenen vandaag in uw "proces"?

Ik voel heel snel de behoefte om schetsen te maken die me in de mogelijkheid stellen onmiddellijk voorstellen te doen aan klanten. Dat komt redelijk natuurlijk en ik vind vaak een spoor van mijn eerste schetsen terug in het uiteindelijke ontwerp. Tegenwoordig gebruik ik meer mijn iPad of mijn computer.

Beheerst u alle architectuursoftware?

Ik ken ze liever niet, op die manier hoef ik het zelf niet te doen (lacht). Ik heb het geluk te kunnen rekenen op jonge architecten die deze programma's door en door kennen. Het is ongelooflijk wat ze kunnen realiseren. Hierdoor kunnen klanten een preview zien van mijn ideeën en van hun voorstellen. Dit versnelt uiteindelijk aanzienlijk onze uitwisselingen.

Hoeveel mensen werken er bij Glenn Sestig Architects?

Er is mijn jarenlange partner Bernard Tournemenne en een tiental medewerkers, waaronder een manager voor klantcontact, een officemanager, architecten, interieurontwerpers en de nu zeer belangrijke 3D-kunstenaars. Destijds tekenden we alles in 2D en maakten dan de visualisaties en plannen. Nu is het andersom, je tekent in 3D en geeft de exacte maten en verhoudingen aan op het 2D plan voor de uitvoering van het uiteindelijke project.

Hoe lang werken u en Bernard Tournemenne al samen?

We zijn al dertig jaar een stel. Toen we elkaar ontmoetten studeerde hij schilderkunst aan de Academie voor Schone Kunsten in Brussel en had hij een baan in de mode. Na zes maanden verhuisden we naar een appartement dat we volledig hebben gerenoveerd. Fotografen van de Gentse studio Verne Fotografie publiceerden vervolgens een reportage van tien pagina's in Elle Décoration. Het was een echte springplank voor onze carrière. Kort daarna nam de eigenaar van SOAP - op dat moment het bekendste kapsalon van Antwerpen - contact met ons op en vroeg ons zijn salon te renoveren in negen dagen. Bij de opening waren de eigenaars van de interessantste handelszaken in Antwerpen aanwezig... Ik had net een sabbatjaar achter de rug, nadat ik na anderhalf jaar was gestopt met mijn stages. De laatste zes maanden van mijn stage werkte ik dus aan de voorbereiding van het SOAP kapsalon. Bernard hield zich bezig met de kleurkeuze. We waren eind jaren '90 en de mode was gericht op puur minimalisme. Gekleurde muren en materialen in een minimalistische architectuur... Het was heel verschillend maar de mensen waren enthousiast. We kregen al snel een aantal opdrachten en in 1999 richtten we ons bureau Glenn Sestig Architects op.

Bent u even gedreven door transformatie dan door te kunnen starten met een blanco blad?

Ik hou ervan oude gebouwen te transformeren, een structuur te hebben, ook al zijn er altijd parameters waarmee rekening moet worden gehouden bij de constructie. Daar staat tegenover dat er vaak een mooie ziel schuilt in een oud gebouw.

Is het ideaal om de vrije hand te krijgen, of gaat u gewillig in op de wensen van uw klanten?

Ik geef de voorkeur aan een wederzijdse dialoog. Ik denk dat daardoor onze projecten van elkaar verschillen. Ze tonen een verscheidenheid aan sferen die het resultaat zijn van hun inbrengst. Dat is het wat telt: ik werk voor hen, niet voor mezelf. Dat is ook de reden waarom we graag in de modewereld werken. Pieter Mulier, Raf Simons, Ann Demeulemeester... Stuk voor stuk ontwerpers die sterk zijn in hun vak; ze hebben een exact idee van wat ze willen en het is mijn taak om die visie om te zetten in realiteit.

Is uw relatie met architectuur vergelijkbaar met die van haute couture modeontwerpers?

Inderdaad, het is echt maatwerk voor elke klant met nieuwe zoektochten naar materialen. Als men dezelfde materialen terugvindt dan zit de variatie in de manier waarop ze worden gecombineerd en gebruikt in de architectuur. Net als bij haute couture wordt voor elke klant een unieke stijl, identiteit en concept gerealiseerd.

U staat bekend om uw speciale relatie met materialen, die u ook graag mengt?

Bijna dertig jaar geleden introduceerden wij kleur in de minimalistische architectuur. We zijn dit pad blijven bewandelen, soms in een extremere, soms in een meer genuanceerde vorm, maar we hebben altijd met materialen gewerkt. In mijn ogen zijn dat, samen met functionaliteit, de twee belangrijkste dimensies in de architectuur.

U wordt vaak beschreven als een minimalistische, soms brutalistische architect, wat ons doet denken aan de Gentse architect Juliaan Lampers... Heeft u inspiraties?

Ik werk op mijn eigen manier, maar natuurlijk zijn er referenties, zoals Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright, Louis Kahn, Luis Barragan, Oscar Niemeyer... Ik noem ook Peter Zumthor, maar vooral David Chipperfield, die al zo'n 40 jaar werkzaam is bij een van de beste architectenbureaus ter wereld. (N.v.d.r.: De kantoren van David Chipperfield Architects zijn opgericht in Londen in 1984.)

Als u uw architectuurstijl kort zou moeten omschrijven?

Mijn benadering is er een van subtiele ruimtelijke luxe, rustige en pure vormen, eerlijke materialen en minimalistische en modernistische invloeden - allemaal elementen die uiteindelijk mijn architectonische carrière hebben bepaald.

Tot nu toe heeft u gewerkt voor Raf Simons, Verso - de modetempel in Antwerpen -, de ateliers van de gebroeders Dewaele of de Culture Club in Gent en verschillende kunstgalerijen in België... Zijn cultuur, mode, muziek en beeldende kunst universums die u definiëren buiten uw beroep?

Ik hou van mode, kunst, muziek en natuurlijk feesten, wat mijn werk makkelijker maakt. Je kunt niet verwachten dat een architect een coherente en functionele club ontwerpt als hij nog nooit een voet heeft binnengezet in een discotheek... Je hebt een zekere ervaring nodig om de verwachtingen van je klanten te begrijpen.

(N.v.d.r.: Stephen en David Dewaele, die optreden onder de naam 2 Many Djs, zijn ook de oprichters van de Belgische electro-rock band Soulwax.)

Heeft u een bepaalde richtlijn als het gaat om het accepteren of afwijzen van een nieuw project?

Het belangrijkste zijn de klanten. Zullen ze open of afwijzend staan tegenover mijn voorstellen, zullen ze flexibel zijn? En dan is er nog het gebouw zelf en de bereidheid van de opdrachtgever om het in zijn geheel opnieuw te bekijken.

Dus het hangt ook af van de vrijheid die u zal genieten?

Een beetje, ja. Het moet een universum zijn dat uiteindelijk één wordt. Het interieur, de buitenkant, de lichten, het meubilair, de kunst... moet alles een samenhangend geheel vormen.

Hoe gaat u om met het energievraagstuk? Moet dit soms ten koste gaan van een zekere vorm van esthetiek?

Nieuwe technieken die voldoen aan ecologisch verantwoorde criteria worden systematisch gepusht en op de voorgrond geplaatst. Ik ben er niet voor, maar we hebben geen keuze, we moeten er ons naar schikken en het economische spel volgen. Neem nu elektrische kachels: twintig jaar geleden waren ze onbetaalbaar en kon niemand het zich veroorloven ze te installeren... Vandaag moeten we allemaal overschakelen op elektrische kachels. De logica is ver te zoeken. Het is hetzelfde met zonnepanelen: de exemplaren die 20 jaar geleden werden geplaatst, zijn nu opgeslagen in grote gaten onder de grond ergens in Afrika … Is dat echt milieuvriendelijker? Dit gezegd zijnde heb ik er geen probleem mee het economische spel te volgen en me aan te passen aan de voorgestelde nieuwe technieken. Zolang ik de zonnepanelen niet zichtbaar hoef te plaatsen, is het voor mij geen esthetisch probleem.

Moet de korte keten ook worden toegepast binnen de architectuur, met name voor het gebruik van bepaalde materialen?

Ik ben het eens met het principe, maar helaas hebben we niet altijd de mooiste materialen voorhanden. Mensen houden van het idee van diversificatie, als we alles met Belgische blauwe hardsteen moeten doen, krijgen we allemaal hetzelfde interieur... Bovendien is het niet mijn favoriete steen.

Wat zou het betekenen een geëngageerde architect te zijn?

Een architect die realisaties maakt die lang meegaan en niet om de drie jaar moeten worden afgebroken. Als ik een winkel of een huis bouw, is mijn uitgangspunt dat het zo lang mogelijk meegaat. Natuurlijk zullen er renovaties plaatsvinden, maar vanuit ecologisch oogpunt lijkt me dat consequenter dan elke X alles afbreken om nieuwe technologieën of groenere materialen te installeren.

Hoeveel van uw tijd besteedt u aan creatieve, esthetische en andere taken?

50% voor creatie, al het andere is site management en people management. Esthetiek daarentegen blijft de rode draad. Ik vind het jammer dat ik niet genoeg tijd heb voor pure creatie, ook al is het logisch dat de relatie met de opdrachtgever voorop staat, want als architect moet je binnentreden in hun privacy om hun verwachtingen en manier van leven te begrijpen. Het is dus legitiem dat we elkaar zo vaak mogelijk zien.

Wat is eventueel uw grote ergernis met betrekking tot architectuur?

Het eerste studiejaar zou moeten worden gewijd aan het leren van computersoftware (Sketchup, AutoCad ...). Dat is de enige manier om zich te confronteren met de realiteit van een werf, om verhoudingen en volumes te begrijpen, maar ook de materialen en hoe ze aan te wenden. Aan de hand van deze programma’s zou men dan moeten vragen een project naar keuze van A tot Z te reproduceren. Dit zou meer denkwerk vergen dan het tekenen van een piramide met een potlood. In de kantoren wordt sowieso niets meer met de hand getekend. Dan, in het tweede of derde jaar, kan men beginnen met potloodschetsen, maar vijf jaar lang met de hand tekenen is absurd. Wanneer ze bij een architectuurbureau komen, weten ze nauwelijks hoe een e-mail te sturen.

Is het uw absolute doel om een museum te bouwen, zoals veel van uw collega's?

Ja, ik heb al een voorstel getekend voor het Dhondt-Dhaenens Museum in Deurle. We zullen zien of het ooit zover komt.

Hoe verklaart u deze museum "must" voor architecten?

Minimalisme is een vormgeving die erg wordt gewaardeerd binnen de architectuur, en een museum is het toppunt van minimalisme omdat het heel puristisch is.

Een referentie museum?

Het Whitney Museum of American Art in de Breuer Building in Manhattan, ontworpen door de architect Marcel Breuer. (N.v.d.r.: De collecties van het Whitney Museum of American Art werden van 1966 tot 2015 tentoongesteld in de Breuer Building. Sinds 1 mei 2015 beschikt het museum echter over een nieuw gebouw in het Meatpacking district.)

Uw vroegere woning, Townhouse Sestig in Gent, komt voor in de film Spider in the web, met Monica Bellucci... Is er een filmmaker met wie u zou willen samenwerken?

Barbara Broccoli, de Amerikaanse producer die al heel wat James Bond films heeft gecoproduceerd.

Een film of serie die een indruk op u maakte op architectonisch vlak?

Halston, de Netflix miniserie over modeontwerper Roy Halston. Men ziet er een reconstructie van zijn huis - gebouwd door de Amerikaanse architect Paul Rudolph - aan de Upper East Side in Manhattan. Daarnaast zijn er alle films van Tom Ford, die ook bijzondere aandacht besteedt aan de esthetiek van de architectuur.

We zijn net in Brussel. Om af te ronden: wie zou u tegenover mij willen zien op mijn volgende 1 uur en 22 minuten met... ?

De gebroeders Dewaele.

Glenn Sestig
www.glennsestigarchitects.com
www.thalys.com