The Red Lions

Interview by Boris Rodesch

Jérôme Truyens, Tom Boon, Cédric Charlier, Simon Gougnard et Jérémy Guccassof débutent le hockey dans les années 90. Une autre époque, un autre sport…

Aujourd’hui, la Belgique s’impose comme l’une des meilleures nations au monde. Si le Racing a fêté ses 5 médaillés olympiques, c’est tout le hockey belge qui savoure ces résultats exceptionnels. Depuis sa qualification pour les Jeux Olympiques de Pékin - 32 ans après sa dernière participation aux J.O de Montréal en 1976 -, l’équipe nationale est en progression constante. 9ème aux J.O de Pékin en 2008 et 5ème aux J.O de Londres en 2012, les Belgian Red Lions ont finalement décroché une magnifique médaille d’argent à Rio. Première médaille pour le hockey belge mais aussi pour un sport collectif depuis le bronze aux Jeux d’Anvers de 1920.

Rencontre avec les cinq Red Lions du Racing :

Quel a été le moment fort de vos J.O ?

Jérôme Truyens : Notre victoire en demi-finale. Au coup de sifflet final et durant le quart d’heure qui a suivi, l’équipe était euphorique. Tu réalises que tu vas jouer une finale olympique !
Tom Boon : Battre les Pays-Bas en match officiel était une grande première. Cette victoire de prestige était en plus synonyme de médaille. 
Cédric Charlier : La remise des médailles sur le podium. Un mélange de sentiments, de la joie et de la fierté mais aussi de la tristesse et de l’amertume. L’équipe a pu se laisser aller et profiter d’un relâchement total.
Jérémy Gucassoff : La fête dans le bus après la demi-finale. Tous les efforts accomplis
pour pouvoir profiter de cet instant magique sont ressortis pendant les 40 minutes du trajet jusqu’au village olympique.
Simon Gougnard : Le discours de Sean McLeod dans le vestiaire avant notre quart de finale était un grand moment. Le coach avait les larmes aux yeux. Nous avons compris qu’il donnerait tout pour l’équipe.

Lorsque vous avez commencé le hockey, pensiez-vous participer aux J.0 et remporter une médaille d’argent ?

C.C: Quand tu es gamin et que tu joues avec des potes, tu imagines souvent le but que tu pourrais inscrire en finale des Jeux Olympiques. C’est plus un rêve…
J.T: Aujourd’hui, c’est beaucoup plus réaliste pour les jeunes joueurs d’envisager une participation aux Jeux Olympiques.

Cédric tu es un  buteur, inscrire un goal aux J.O doit-être particulier ?  

C.C : C’est très spécial. J’avais marqué au moins un but lors des deux éditions précédentes - 6 buts aux J.O - mais ce premier goal à Rio contre l’Angleterre était particulièrement libérateur - 4ème but lors de la victoire 4-1 des Red Lions.

En finale, est-ce l’envie des argentins qui a fait la différence ? Le manque d’envie : un syndrome belge?

J.G : C’est l’avis de certains mais nous avons démontré le contraire en nous hissant
jusqu’en finale. Cette vieille excuse est ressortie après la défaite. Une finale est un match très spécial qui ne nous a pas réussi cette fois-ci, c’est la loi du sport.

Jérémy n’es-tu pas trop dégouté par ce règlement stupide qui te prive de médaille - Le règlement ne prévoit pas de médailles pour les remplaçants - ?

J.G: Heureusement la fédération et le comité olympique se sont finalement arrangés pour que les remplaçants puissent recevoir leur médaille d’argent.

Par quel athlète avez-vous été le plus impressionné à Rio ?

J.G: Usain Bolt. J’ai assisté à sa victoire en finale du 100 mètres. L’ambiance était impressionnante, un silence complet qui s’empare du stade pendant 9 secondes avant l’explosion - Usain Bolt s’est imposé en 9’’81-

La fête pour célébrer votre médaille d’argent le soir de la finale, un dérapage total ?

J.T: Tout est relatif, il faut poser les questions aux bonnes personnes…
J.G : De retour à la Belgium House, nous avons partagé un verre avec la délégation belge. Ensuite nous sommes sortis en discothèque avec l’équipe. Certains ont exagéré d’autres moins. C’était une super façon de clôturer l’aventure.

Les Red Lions sont un modèle pour la Belgique unie, est-ce le choix de la fédération ?

C.C: Avant les Jeux Olympiques de Pékin, la fédération nous a convié à plusieurs réunions pour réfléchir au nom de l’équipe - Les Belgian Red Lions -, pour définir un nouveau logo, mais c’est l’équipe qui a choisi. L’idée de chanter la brabançonne dans les deux langues estelle aussi venue des joueurs.
J.T: Nous avons fait part à la fédération de notre envie de passer professionnels. Les joueurs ont réclamé 4-5 entraînements par semaine. Si la fédération a très vite suivi, réalisant un bel effort financier pour nous offrir le meilleur encadrement possible, il y avait surtout un vrai désir de la part des joueurs.

Le hockey peut-il un jour devenir un sport populaire ?

C.C : Le problème est lié au coût des investissements en terme d’infrastructures. Les clubs sont majoritairement privés, c’est donc très difficile à financer. Cela dépendra de l’aide que va recevoir la fédération mais au regard de la courbe de croissance sur les 10 dernières années, le hockey se démocratise clairement.
T.B : Des clubs se créent souvent en dehors des villes et ils explosent. Prenez Waregem - Constantia Hockey Club Waregem - qui compte déjà 400-500 membres en 2-3 ans. C’est énorme !

Tom, tu es le joueur de hockey le plus médiatisé en Belgique, penses-tu devoir jouer un rôle de locomotive pour le hockey belge ?

T.B : La finale a été vue à la télévision par un nombre incalculable de personnes- 1.414.304 téléspectateurs en moyenne-. Beaucoup plus qu’un joueur en particulier, ce sont les bons résultats de notre équipe nationale qui doivent booster le hockey en Belgique.

Souffrez-vous parfois d’un manque de reconnaissance sur la scène médiatique belge? 

T.B : Nous sommes conscients qu’avec 40 000 affiliés, le hockey est un ‘petit sport’. La couverture médiatique dont nous avons bénéficié à Rio était exceptionnelle. Le manque d’intérêt médiatique est plus criant sur les tournois moins prestigieux. Cela dit, je ne voudrais pas être harcelé comme certains footballeurs.

La saison dernière était une année particulière, une année 100% hockey. La saison qui commence devrait être moins intense ?

T.B: L’intensité ne sera évidemment pas la même. Nous ne connaissons toujours pas la date du premier rendez-vous avec l’équipe nationale. C’est une période de repos avant le mois de janvier où nous avons un stage en Afrique du Sud. Nous pouvons nous concentrer sur le Racing.

Le prochain objectif avec les Belgian Red Lions ?

S.G: De nombreux tournois arrivent avant les prochains J.O. L’équipe nationale doit profiter de ses récents résultats pour tout rafler pendant 4 ans. Nous devons ensuite nous qualifier pour Tokyo et viser la médaille d’or.

Pour conclure, à quand le titre avec le Racing ? Et si la saison 2016-2017 était la bonne ?

J.T : Espérons que ce soit le plus tôt possible ! Personnellement c’est très important, c’est mon dernier objectif.

In Short...

The Belgian national hockey team, known as the Red Lions, has consistently improved its performance at the Olympics since qualifying for the Beijing Games in 2008, 32 years after last participating in the event in Montreal, with the Rio Games seeing the team win a silver medal.

Five members of the team, Jérôme Truyens, Tom Boon, Cédric Charlier, Simon Gougnard and Jérémy Guccassof, were asked to look back on their Olympic experience (touching on their victory over Holland and the medal ceremony as high points) and their time in the sport (with Cédric Charlier mentioning his start in hockey at an early age and describing his long-held dreams of one day playing for Belgium on an international stage).

All five players agree on the unifying nature of the sport – often underfunded and lacking in infrastructure - in a country which can sometimes seem divided; during the Games, the team itself decided to sing the Belgian national anthem, the Brabançonne, in both of the country’s official languages.

The players’ hopes for the development of hockey are clear – the final match at the Rio Games enjoyed an audience in Belgium of over 1.4m people – with Tom Boon commenting on how the team’s collective performance is, hopefully, set to inspire Belgians across the country.

With a silver medal under their belt, the players feel confident when considering what’s to come over the next four years before Tokyo. The first target for all five men, who play in the domestic league for Royal Racing Club in Brussels?  A national league title!