LA course en direct
Thomas De Dorlodot a participé en juin dernier à l’une des courses d’aventure les plus dures au monde : le Red Bull X-Alps. La 9e édition de cette compétition extrême réunissait 32 trailers-parapentistes issus de 20 pays. Cette épreuve allie course à pied et parapente sur une distance d’environ 1100 kilomètres à vol d’oiseau entre Salzbourg et Monaco, à travers les Alpes autrichiennes, suisses et françaises. Le brabançon nous a accordé une interview en plein effort.
Salut Tom, comment se déroule la course ?
Cela se passe plutôt bien, je tiens le coup.
Tu es actuellement en quantième position au classement général ?
Je suis en compagnie du Français Gaspard Petiot et du Suisse Patrick Von Känel. Nous partageons la 5e position au classement général. Nous allons tenter de voler ensemble pour aller le plus loin possible et nous rapprocher de la prochaine balise. Voler à plusieurs permet de prendre les ascendances plus facilement.
C’est votre dixième jour de course… Racontez-nous votre journée ?
La course démarre tous les jours à 5 heures et se termine à 22 heures 30. Nous avons dormi dans la forêt cette nuit avant de marcher une dizaine de kilomètres ce matin pour atteindre un col à 1848 mètres d’altitude (1000 mètres d+) qui nous a permis de décoller pour passer de l’autre côté. Désormais, nous marchons vers le sommet de l’Alpe d’Huez. Il y a beaucoup de vent, les conditions ne sont pas idéales et ça risque d’être compliqué. C’est un passage difficile avec le col du Lautaret et ses grands plateaux d’altitude… Si on arrive à les franchir, la fin de journée, pour atteindre le mont Viso dans les Alpes italiennes, sera plus simple. Aujourd’hui, typiquement, c’est une journée où je ne volerais pas normalement. Je ne me suis toujours pas mis dans le rouge cette année et je ne compte pas le faire. Avec la fatigue, il faut être encore plus prudent, mais ici, on n’a pas le choix, il faut avancer.
NDLR : 20 minutes après notre coup de fil, Tom prenait finalement son envol.
Durant cette dixième journée de course, il aura parcouru au total 235 km. 210 km en vol et 25 km à pied.
Quelle a été la plus grande difficulté jusqu’à présent ?
Il y a eu plusieurs journées très difficiles mais l’ascension au sommet du Titlis en Suisse pour signer la balise était très éprouvante. Ce jour-là, j’ai fait près de 5600 mètres de dénivelé avec des passages de cols dans la neige. Je n’ai vraiment rien lâché entre 5 heures du matin et 22 heures 30. Heureusement, l’entrainement paye, je me suis particulièrement bien préparé et je vois la différence par rapport aux éditions précédentes où à mi-course, je n’avais déjà plus d’énergie. Par contre, ça va être difficile d’atteindre Monaco. Les conditions de vol hier et avant-hier n’étaient vraiment pas bonnes et j’ai perdu beaucoup de temps.
Cela signifie que la course s’arrête pour tous les participants à un moment donné ?
Exactement. Pour rallier Monaco dans les temps, nous devions parcourir près de 100 kilomètres à vol d’oiseau par jour. Il suffit d’un jour de pluie pour que cela devienne presque impossible. Lors des éditions précédentes, seuls trois ou quatre participants ont rallié la ligne d’arrivée. Les organisateurs ne peuvent pas poursuivre la course indéfiniment. Certains participants sont toujours en Suisse à l’heure actuelle… Le classement final sera établi en fonction des positions de chacun jeudi midi. Je ne suis encore jamais parvenu à finir l’épreuve. Ce serait vraiment fantastique d’y arriver cette année.
NDLR : La course a duré 12 jours entre le 16 et le 27 juin. Tom a finalement rejoint la ligne d’arrivée à Monaco dans les temps après 10 jours, 22 heures et 33 minutes de course. C’est la première fois qu’il termine le Red Bull X-Alps en 7 participations.
En termes de distance parcourue, quelle est la proportion de vol et de course à pied ?
J’ai de très bonnes statistiques. Je suis autour des 70 % de vol pour seulement 30 % à pied. C’est évidemment ce qui fait la différence entre les leaders et les poursuivants. Il y a aussi les aléas du climat et la connaissance du terrain. Prenez le quintuple vainqueur suisse de l’épreuve, Christian Maurer. Il a pu compter sur un coup de chance qui lui a permis de décoller juste avant un orage, là où les autres ont dû attendre une journée pour prendre leur envol.
NDLR : Christian Maurer a remporté son 6e Red Bull X-Alps après avoir parcouru 1979,02 km en 9 jours, 3 heures et 6 minutes. Au total, il aura survolé 1559,54 km (39,4 heures) et marché 419,48 km (77,1 heures). De son côté, Tom se classe en 10ème position après avoir parcouru 2178,45 km, dont 1684,46 km en vol (47,1 heures) et 493,99 km à pied (96,3 heures).
Quelle est la première chose que tu vas faire au terme de cette compétition extrême ?
Si je parviens à rejoindre l’arrivée à Monaco, je vais pleurer de joie. Je poserai ensuite mon sac et je n’irai plus nulle part à pied… (rires) Plus sérieusement, je serai surtout heureux de retrouver Sofia et notre fils Jack.
S’il ne fallait retenir qu’un moment du Red Bull X-Alps 2019 ?
Notre montée en cordée avec des crampons sur le glacier de Petersgrad en Suisse. Il culmine à plus de 3200 mètres. Le vol qui a suivi à travers la Suisse pour rejoindre la France était magique !
Et pour conclure, quels sont tes projets pour cet été ?
Nous allons rejoindre notre voilier dans les Açores où nous passerons 2 mois et demi avant de reprendre notre tour du monde avec une première étape dans les Antilles. Nous serons ensuite en voyage avec Sofia et Jack durant les trois prochaines années !
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