A new look at African art Van Buuren Museum

Writer // Louise Van Reeth - Photography // Sébastien Van de Walle

SEB_4814.jpg

C’est dans le splendide cadre du musée Van Buuren que Didier Claes, président de Bruneaf et vice-président de la Brafa, nous convie à une exposition des plus intimes dont il est le curateur. Ce musée est niché dans ce qui fut la demeure du couple de mécènes d’art Alice et David Van Buuren, dessinée par l’architecte Léon Emmanuel Govaerts. L’aménagement intérieur de la maison est un fleuron de l’art déco belge des années 20. Elle est souvent présentée sous l’étiquette d’œuvre d’art totale, tant chaque détail d’aménagement, mobilier, luminaire, vitrail et tapis ont été réalisés spécifiquement pour la demeure.

Racontez-moi l’origine de cette exposition d’art d’Afrique noire au sein du musée Van Buuren.

Didier Claes, commissaire de l’exposition : « L’initiative est venue de la conservatrice du musée, Isabelle Anspach, suite à sa rencontre avec deux couples de collectionneurs d’art africain renommés en Belgique. Les collectionneurs se sont ensuite tournés vers moi afin que je sois commissaire et intervienne dans le choix des pièces et de leur qualité. » 

Pour vous, cela avait du sens de mettre côte à côte de l’art africain et un monument de l’art déco à Bruxelles ?

« Oui, tout à fait. L’idée ici était de contextualiser l’art africain dans cet ensemble art déco et de faire vivre au visiteur toute la magie et l’esprit des collections de l’époque. C’est aussi dans les années 30 que l’on voit émerger la réelle reconnaissance de l’art africain en tant qu’art plastique, avec des collectionneurs pionniers qui le présentaient aux côtés de tableaux art déco et moderne. En 1933, le Moma à New York réalise la première grande exposition sur l’art africain. Je peux dire aujourd’hui que Van Buuren aurait pu être collectionneur d’art africain. »

Comment avez-vous pensé cette exposition au niveau scénographique et dans le choix des pièces ?

« On a conçu la scénographie pour donner l’impression que ces objets ont toujours été là. Mon choix des pièces a été guidé par la façon dont les amateurs d’art voyaient et appréciaient l’art africain dans les années 30. On pourra donc découvrir des masques de Côte d’Ivoire, comme les masques Dan, qui sont des objets issus de collections de cette époque-là, mais surtout qui ont des patines brillantes qui rappellent un peu le mobilier de l’époque. Ce sont des objets d’art de cour, très léchés, fins et faciles à contempler et à identifier. On est dans un art classique, tout comme pour les statues Baoulés de Côte d’Ivoire et les masques Lwalwa du Congo, qui rappellent l’art moderne par leurs traits très cubistes et purs. On ne présente pas d’objets fétiches car à cette époque, ceux-ci n’étaient pas encore entrés dans les collections privées, mais étaient enfermés dans les musées. »

Quelle richesse renferme pour vous l’art africain classique ? 

« D’une région à l’autre, les arts diffèrent par leur fonction et souvent, on retrouve, à travers cette propriété fonctionnelle, l’ADN des objets. Dans l’art de cour, on se trouve face à un objet certes rituel, mais aussi à contempler, à l’exemple d’un siège d’intronisation qui est un objet prestigieux alliant authenticité et fonctionnalité, esthétisme et beauté. »

Comment s’est passée la collaboration avec les deux collectionneurs ?

« À ce jour, elle est toujours en cours. Je connais bien un des collectionneurs avec qui j’ai une grande affinité. Au-delà du personnage, c’est une collection que j’ai largement aidé à construire depuis une quinzaine d’années. Les deux m’ont laissé libre choix dans la sélection des pièces. Travailler avec des collectionneurs, c’est travailler avec des passionnés d’art, qui aiment partager l’amour qu’ils ont pour leurs pièces. Une collection d’art africain est quelque chose d’intime et pouvoir les observer au grand jour est rare. Ce n’est pas toujours évident de convaincre des collectionneurs de prêter leurs pièces. En les montrant, ils acceptent d’être jugés sur leurs choix, parfois critiqués, parfois félicités. »

Un catalogue d’exposition ?

« Oui, il nous changera des catalogues habituels car les photos seront réalisées in situ, chaque objet sera immortalisé dans son contexte. Ce sera un très beau souvenir. » 

Quel lien cette exposition va-t-elle entretenir avec la Brafa ?

« Les dates de l’exposition correspondent à celle de la Brafa. C’est l’évènement annuel pour les amateurs d’art et d’antiquités en Belgique et elle attire plusieurs milliers de visiteurs de toute l’Europe. 

Cette exposition va différer des expositions habituelles car l’amateur pourra y contextualiser les œuvres. Elle offrira une autre manière d’observer les objets, qui ne seront pas sous vitrine, de sorte que le visiteur pourra vraiment les caresser du regard. »

Didier Claes, president of Bruneaf and vice-president of the Brafa, is also curator of an exhibition of Black African art hosted at the Van Buuren Museum, set in the superb surroundings of the former residence of art patrons Alice and David Van Buuren, a gem of Art Deco design from the 1920s. 

African Art and a monument of Art Deco are thus placed side by side. The idea was to contextualise African art in an Art Deco setting to enable visitors to experience the full magic of collections from the period, as African art really gained recognition in the 1930s.

SEB_4883.jpg

The scenography has been designed to give the impression that these items have always been here. The choice of pieces was guided by the way art lovers saw and appreciated African art in the 1930s. They include Côte d’Ivoire masks boasting glossy patinas that call to mind the furniture of the period. These are objects of court art, a classical art form, like the Baoulés statues from Côte d’Ivoire and the Lwalwa masks from Congo, which evoke modern art with their pure, cubist lines.

The wealth of classical African art lies in its differing functions from region to region. Court art comprises objects that serve a ritual purpose but are also a delight to behold, combining authenticity and functionality, aestheticism and beauty. 

The initiative for the exhibition came from museum curator Isabelle Anspach, following her meeting with two renowned African art collectors in Belgium.  The collaboration with these collectors is ongoing. They are art enthusiasts who delight in sharing their love for their objects.

The exhibition catalogue containing photos of the objects taken in situ promises to be a fine souvenir. 

The exhibition is to be held simultaneously with Brafa, the annual art and antiques event in Belgium that attracts thousands of visitors from across Europe.

SEB_4716.jpg

Art Africain au musée Van Buuren
41 Avenue L. Errera - 1180 Bruxelles
T. +32 2 343 48 51 
www.museumvanbuuren.be
Horaires : Tous les après-midi de 14h00 à 17h30
Fermé le mardi.