1h22 avec Salomé Dewaels
Writer // Boris Rodesch / Photography // Sébastien Van de Walle
L’actrice bruxelloise, âgée de 25 ans, a explosé aux yeux du grand public grâce à son rôle dans le film de Xavier Giannoli « Illusions Perdues ».
Considérée comme la nouvelle révélation du cinéma belge, Salomé Dewaels était nominée pour le Magritte
et le César du « Meilleur espoir féminin » 2022.
Boris Rodesch a pris le Thalys avec Salomé Dewaels
Tu viens souvent à Paris ?
Minimum deux fois par mois.
Paris, ça évoquait quoi pour toi plus jeune ?
C’était la ville de l’amour, une ville hyper romantique. Ensuite, elle s’est vite transformée en ville stressante, là où on passe les castings et où on a la boule au ventre. Maintenant, ça reste une ville stressante, mais j’y retourne aussi pour le plaisir, c’est donc une ville que j’apprécie, tout simplement.
Une anecdote autour de ton premier casting à Paris ?
C’était il y a 6-7 ans pour une comédie. Je devais jouer une jeune fille qui était censée savoir chanter. Je n’avais pas encore d’agent, je m’y suis rendue seule et ils m’ont demandé de chanter, je me suis ridiculisée. Contrairement à Bruxelles, où lorsque je passais des castings, on se claquait la bise et on se disait bonjour, je débarquais à Paris où je ne connaissais personne. C’était très froid, j’étais là avec ma pancarte qui reprenait mon nom, ma taille et mon numéro de téléphone… Je me suis vraiment dit : Paris, c’est dur.
Te souviens-tu de la première fois où tu t’es dit, un jour je deviendrai comédienne ?
Depuis toute petite, je dis que je deviendrai actrice quand je serai grande. Je disais surtout ça pour faire le show et briller à la maison. Avec deux grandes sœurs, il fallait bien que je trouve ma place. Je me souviens qu’à un moment donné, j’ai réalisé que je voulais faire tellement de métiers, mais jamais en profondeur, je voulais juste apprendre un truc et faire semblant de le faire. Et là, je me suis dit, c’est peut-être ça être actrice ?
Dans une interview pour Brut, ta belle-mère raconte que tu reproduisais la cérémonie des Césars à la maison…
C’était pour que l’on me regarde et que l’on m’écoute. À l’école aussi, je me donnais à fond pour mes exposés car j’aimais déjà cette idée de partage, j’aimais voir les yeux de mes camarades briller et sentir que j’avais réussi à allumer quelque chose.
Gamine, aimais-tu déjà le cinéma ?
J’ai commencé le théâtre à huit ans, mais ce que j’aimais avant tout et que j’aime encore aujourd’hui, c’est cette notion de jeu. L’idée de pouvoir être comme un enfant qui joue sur un terrain de jeu. J’espère d’ailleurs rester un enfant le plus longtemps possible.
C’est justement cette naïveté propre à l’enfance qui te permet d’aborder chaque rôle de façon spontanée ?
En grandissant, j’ai l’impression qu’on a tendance à tout vouloir intellectualiser, à tout vouloir contrôler, alors que quand tu es enfant, tu vis les choses sans trop chercher à les comprendre. C’est ce que j’essaie de faire en jouant. Je ne dis pas que j’arrive toujours à ne pas basculer dans le mental, mais ce que je préfère, c’est la relation avec l’autre, comme quand on jouait au papa et à la maman.
Monter sur les planches, cela pourrait te tenter, où tu préfères la caméra ?
J’ai commencé le théâtre en suivant mes grandes sœurs au centre culturel de Jette. J’ai très vite accroché et je me suis inscrite à l’académie d’Ixelles en me disant que plus tard, je ferais des études de théâtre, à l’IAD ou à l’INSAS. Sauf que j’ai détesté l’académie, où pour la première fois, j’étais notée sur ce que je donnais, le côté ludique qui me plaisait tant avait disparu. Si j’ai aimé l’expérience, et particulièrement le fait de travailler et d’apprendre plein de choses que je n’aurais pas apprises en dehors du théâtre, j’ai vite réalisé que le théâtre n’était pas pour moi. À la fin de mes secondaires, à 20 ans, il y avait un groupe semi-amateur à Jette qui cherchait une jeune fille pour jouer. Je ne travaillais pas et j’ai donc joué avec eux, j’ai pris du plaisir, mais pas autant qu’au cinéma. Je ne me sens pas assez légitime pour le théâtre, comme si je n’avais pas encore les outils pour me confronter directement au public.
Avais-tu déjà un modèle parmi les actrices ou les acteurs ?
Yolande Moreau, c’est la première actrice que j’ai découverte en me disant, si je peux faire un dixième de ce qu’elle fait, je serai contente. Elle est tellement juste et sincère, j’ai toujours été subjuguée par son travail.
Tu as grandi avec un papa qui travaillait dans l’hôtellerie et une belle-mère secrétaire. Comment ont-ils réagi en comprenant que tu te dirigeais vers une carrière d’actrice ?
Mon père n’a pas fait d’études, il a commencé à travailler à 14 ans. Pour lui, c’était une fierté que ses filles puissent faire des études. Il ne me l’a jamais dit ouvertement, mais je crois qu’il flippait. Heureusement, ma belle-mère le rassurait. Elle cadrait les choses en m’emmenant aux castings, à condition que je réussisse mes études.
Il y a trois ans, tu alternais encore de petits castings et un job de serveuse…
J’ai très vite commencé à travailler parce que je suis tombée amoureuse vers 17 ans et j’ai choisi de partir de chez mes parents pour habiter avec ce garçon. Je devais donc travailler pour payer mes factures et mon loyer. J’ai toujours eu ce besoin d’indépendance ; même avant ça, je faisais plein de petits boulots alimentaires. J’ai vraiment galéré. Depuis, j’ai toujours peur de ne pas avoir assez d’argent.
Les magazines people ont fait ta connaissance en septembre dernier, à la Mostra de Venise, où tu étais présente pour l’avant-première du film « Illusions perdues », et où tu as été désignée l’actrice au look le plus audacieux… C’est dérangeant pour une jeune actrice de réaliser qu’une robe transparente puisse avoir plus d’échos dans les médias que n’importe quelle prestation artistique ?
J’évolue dans un milieu assez ouvert, éveillé et féministe. J’ai oublié, un peu naïvement, que ce n’était pas le cas de tout le monde.
As-tu ressenti un petit coup de blues au regard de tous les commentaires dans la presse ?
Oui, mais surtout parce que j’ai eu la mauvaise idée de lire les différents commentaires sur Facebook. Il y avait des messages violents : tu es une pute à buzz, tu es vulgaire sans intérêt, tes parents ne doivent pas être fiers de toi… Je me disais, j’ai vécu une expérience de dingue, mon premier gros tapis rouge pour un film dont je suis si fière, pourquoi je reçois tant de haine ? Pourquoi est-ce que ça dérange encore des gens qu’une jeune femme puisse porter ce qu’elle a envie de porter ? J’ai donc le droit de me dénuder pour l’art, mais pas pour moi. En même temps, ça m’a permis de m’endurcir, et plutôt que de tomber dans le panneau en me disant que je ferai dorénavant plus attention, je continuerai justement à faire ce que je veux et à porter ce que je veux !
Après avoir joué dans plusieurs courts métrages, tu fais tes débuts au cinéma, à 18 ans, dans le film « Une mère », avec Mathilde Seigner. Tu obtiens ensuite un rôle dans le film de Bouli Lanners, « Les premiers, les derniers »…
J’ai adoré jouer avec Mathilde Seigner, c’est une actrice géniale, généreuse et respectueuse. Bouli, je l’avais croisé à la projection du court métrage « Après trois minutes » de Dimitri Linder et Salima Glamine. Il était venu me féliciter pour mon rôle et je ne l’avais même pas reconnu. Dans la foulée, Dimitri m’avait dit, si tu travailles bien à l’école, tu auras une belle surprise cet été. J’ai réussi mes examens et Bouli m’a téléphoné pour me proposer un petit rôle dans « Les premiers, les derniers ». C’était un vrai cadeau de sa part.
Quel est, selon toi, le meilleur film belge ?
Je ne suis pas une grande cinéphile, mais j’ai envie de travailler là-dessus. Je dirais « Eldorado » de Bouli Lanners, c’est ma première claque de cinéma belge. À l’époque, je regardais plutôt la TV et ce film m’a permis de découvrir le pouvoir de l’image, la beauté des tableaux, cette campagne belge mélangée avec de si bons acteurs, j’étais sous le charme.
Qu’est-ce qui différencie le cinéma belge du cinéma français ?
Le côté décalé. Il y a un certain esthétisme, mais on n’est pas en train de faire le beau pour le beau. C’est souvent drôle, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas traiter des sujets dramatiques. Il y a une forme de cynisme qui fonctionne très bien dans le cinéma belge.
Tu joues ensuite dans « Filles de joie » avec Sara Forestier et Sergi López, et plus récemment, dans « Illusions perdues » avec Gérard Depardieu, Vincent Lacoste, Cécile de France ou encore Xavier Dolan… On ne se sent pas trop petite à côté de si grands noms ?
C’est bizarre, je crois que je ne me rends jamais vraiment compte avec qui je joue. J’ai réalisé que je jouais avec un grand acteur face à Albert Dupontel dans le film de Bouli Lanners, j’avais une scène avec lui et je n’ai pas réussi à prendre de distance. Il est vraiment très fort, généreux, juste et pas construit. Xavier Dolan aussi, j’avais la pression parce que j’avais vu ses films. En général, lorsque je travaille avec un réalisateur, je préfère ne pas avoir vu ses films, car j’ai peur d’imiter ce que les autres font ou de me mettre la pression. Mais dans ma tête, je ne m’étais jamais dit que j’allais travailler avec Xavier Dolan, il a réalisé de tels chefs-d’œuvre ! Nous avions une scène ensemble et j’ai adoré. C’est quelque chose de voir quelqu’un que tu admires se mettre à nu devant toi. Parce que jouer, c’est se mettre à nu et ne pas avoir peur du jugement. Il est juste incroyable dans le film, c’est un artiste complet.
Et avec Cécile de France… Y avait-il un lien particulier sur le plateau, sachant que vous êtes deux actrices belges ?
C’est notre point commun, c’était un brise-glace facile. Elle m’a clairement prise sous son aile dans le sens où c’était mon premier gros film, et j’ai senti qu’elle était bienveillante avec moi. En même temps, je pense qu’elle est comme ça avec tout le monde.
Ton premier gros film qui allait aussi remporter 7 Césars ! Réalise-t-on au moment du tournage qu’un grand film est en train de se jouer ?
Moi non, mais sur le plateau, les gens disaient avec zéro prétention : « On est en train de faire un truc de fou ». De mon côté, j’ai vite réalisé que c’était un film qui allait rester.
Jouer dans un film d’époque avec des costumes, c’est forcément particulier ?
C’est incroyable, chaque décor est une plaine de jeux où tout est pensé dans le moindre détail. On était dans Paris avec tous ces figurants, j’étais avec mon petit corset et mes gros jupons, il y avait des calèches partout, c’était comme si on était dans un rêve. Xavier nous laissait aussi une telle liberté, on avait le temps d’exploiter tous les petits détails de chaque pièce, j’étais comme une gamine sur le tournage.
Si tu devais convaincre ceux et celles qui n’ont pas encore été voir le film ?
Il faut y aller, c’est un film qui peut plaire à toutes les générations. On peut s’identifier à plusieurs personnages et je pense que c’est un film nécessaire. Nous vivons dans une époque où tout va très vite et tout est régi par l’argent. Il suffit de voir sur les réseaux sociaux où l’on nous vend sans cesse des produits et où l’on devient, nous-mêmes, un produit. Ce film est très contemporain et pousse à se poser plein de questions.
Qu’est-ce qui a changé depuis « Illusions Perdues » ?
Grâce à ce film, j’ai eu mon statut d’artiste, ce qui m’a permis d’arrêter les jobs alimentaires. C’est génial de pouvoir enfin se concentrer exclusivement sur le cinéma.
À l’aube de ta carrière, tu as choisi de devenir maman, tu es enceinte de plus de 8 mois… Au moment où tu crèves l’écran, ce n’est pas un choix très « carriériste » ?
On peut être maman et faire carrière. C’est vrai, plusieurs personnes m’ont dit que je me tirais une balle dans le pied. Je leur prouverai qu’ils ont tort. Quand je l’ai annoncé à mes parents, ils ont tout de suite dit : « Et le cinéma? ». Ça m’a fait un peu mal. Je suis peut-être passée à côté de certains projets, mais c’est tellement minime par rapport à ce que ça représente pour moi d’être maman maintenant. Heureusement, il y’a des gens qui me font confiance et qui savent que mon nouveau rôle de mère ne m’enlèvera pas l’envie de jouer. L’un n’empêche pas l’autre!
Ton amoureux gère-t-il le fait de vivre avec une actrice ?
J’imagine que ce n’est pas toujours rassurant d’être avec une actrice, mais on se fait confiance et je suis tellement amoureuse, il n’a rien à craindre. Et puis, il travaille aussi dans le cinéma, il est producteur, il comprend donc mon métier et tout ce que ça englobe.
Quel a été ton plus gros stress en tant qu’actrice ?
C’était pour la projection de « Une mère », au Cinéma Flagey. C’était ma première scène de sexe à l’écran et mon père était présent dans la salle. C’était aussi le stress de réaliser que ce que je faisais allait être vu, alors que jusque là, je ne réfléchissais pas trop.
Quels sont tes critères pour accepter un rôle ?
Depuis le film de Xavier Giannoli, je n’ai pas joué beaucoup. Il a mis la barre si haut qu’il faut vraiment que ça me plaise et qu’il y ait un challenge. Avant, je tournais parfois pour tourner, surtout pour avoir mon statut d’artiste. Maintenant, c’est différent, je ne dis pas que je peux déjà m’offrir le luxe de choisir, mais disons que je peux être plus honnête avec ce que j’ai envie de défendre. Les choses ont changé, je ne suis plus juste un numéro.
Tu peux désormais être une actrice engagée ?
De nouveau, il y a ce truc de légitimité qui revient tout le temps. Je dois tellement m’éduquer sur plein de sujets que je ne me sens pas encore légitime de porter ma voix et défendre de vraies idées.
Ce que tu préfères dans ce métier ?
Les rencontres et le partage, que ce soit avec le réalisateur, les acteurs, le public ou les journalistes ; c’est vraiment ce que je préfère.
Si tu pouvais choisir un acteur ou une actrice pour jouer dans un prochain film ?
J’aimerais beaucoup travailler avec Édouard Baer, mais aussi avec Jonathan Cohen, qui était mon parrain pour Les Révélations des Césars. Après, il y en a tellement, Marina Fois, Leilä Beikhti, Pierre Niney…
Y a-t-il un rôle en particulier que tu aimerais jouer ?
Il me reste tellement de rôles à jouer, une méchante, une femme fatale… j’ai envie de tout faire.
Si tu devais définir ton jeu d’actrice ?
Je dirais travailleuse, spontanée et enfant.
Tes autres passions ?
Chiller et passer du temps seule. Je fais aussi du bénévolat avec des enfants ou avec des adolescents. Nettoyer dans le quartier, organiser des animations dans les maisons de retraite, ou tout simplement aller à la rencontre de ces personnes âgées lorsque j’ai du temps libre. Je reçois tellement plus en échange.
Tu ne serais jamais devenue actrice si… ?
Si mon père avait directement été d’accord (rires).
Une personnalité avec laquelle tu aimerais être bloquée dans le Thalys ?
Édouard Baer ou François Damiens.
Quels sont les projets à venir ?
Fin juillet, je vais tourner dans le prochain court métrage de Pauline Gay, où je jouerai la fille de Corinne Masiero. J’ai aussi obtenu un rôle dans le prochain film de Joachim Lafosse. Ensuite, je participerai au film de Pierre Godeau, avec François Damiens. J’ai trop hâte.
Pour conclure, as-tu encore des illusions ?
J’en ai perdu quelques-unes en chemin, mais j’en ai encore beaucoup. En tout cas, suffisamment pour continuer à faire ce métier quelques années (rires).
1 UUR 22 MET SALOMÉ DEWAELS
De 25-jarige actrice uit Brussel is bij het groot publiek geëxplodeerd dankzij haar rol in de film «Illusions Perdues» van Xavier Giannoli. Salomé Dewaels wordt beschouwd als de nieuwe ontdekking van de Belgische cinema en werd genomineerd voor de Magritte en de César voor «Beste nieuwe actrice» 2022.
Boris Rodesch nam de Thalys samen met Salomé Dewaels.
Hoe vaak kom je naar Parijs?
Minstens twee keer per maand.
Parijs, welk beeld riep dat bij je op toen je jonger was?
Het was de stad van de liefde en romantiek. Daarna werd het al gauw een stressvolle stad waar je audities doet en die je een knoop in je maag bezorgt. Het blijft nog steeds een stressvolle stad, maar ik ga er ook voor mijn plezier naar terug, ik kan er nog simpelweg genieten.
Een anekdote over je eerste casting in Parijs?
Het was 6-7 jaar geleden voor een komedie. Ik vertolkte een jong meisje dat moest kunnen zingen. Ik had nog geen agent, ik ging alleen en ik werd inderdaad gevraagd om te zingen, ik zette mezelf voor de gek. In tegenstelling tot Brussel, waar mensen bij audities kusjes uitwisselden en gedag zeiden, kende ik er niemand. Het voelde erg kil aan, ik stond daar met mijn bordje met mijn naam, mijn lengte, mijn telefoonnummer… Ik dacht echt bij mezelf: Parijs is hard.
Herinner je je nog de eerste keer dat je tegen jezelf zei dat je op een dag actrice zou worden?
Als kind zei ik al dat ik actrice zou worden als ik groot was. Ik zei dat vooral om een show op te voeren en te schitteren in de huiskamer. Met twee oudere zussen, moest ik mijn plaats vinden. Ik herinner me dat ik op een bepaald moment besefte dat ik zoveel beroepen wilde doen, maar nooit diepgaand, ik wilde gewoon iets leren en doen alsof ik het deed. Het is toen dat ik tegen mezelf zei, misschien is het dat, actrice zijn?
In een interview voor Brut, vertelt je stiefmoeder dat je de César ceremonie thuis naspeelde…
Het ging me erom dat er naar me werd gekeken en geluisterd. Op school ging ik ook voluit voor mijn voordrachten omdat ik toen het idee van delen al leuk vond, ik genoot ervan de ogen van mijn klasgenoten te zien schitteren en het gevoel te hebben dat ik iets had aangestoken.
Was je als kind al geïnteresseerd in films?
Ik begon met acteren toen ik acht was, maar waar ik vooral van hield, en nog steeds van hou, is het idee van spelen, als een kind op een speelplein. Ik hoop trouwens dat ik zo lang mogelijk kind kan blijven.
Is het misschien juist die naïviteit, eigen aan de kindertijd, die je in staat stelt elke rol spontaan te benaderen?
Ik heb de indruk dat we, naarmate we opgroeien, de neiging hebben alles te willen intellectualiseren en controleren, terwijl je als kind de dingen ervaart zonder ze al te zeer te willen begrijpen. Dat is wat ik probeer te doen wanneer ik acteer. Ik zeg niet dat ik er altijd in slaag om niet in het mentale te vervallen, maar wat ik verkies is de relatie met de ander, net zoals vroeger, toen we moedertje en vadertje speelden.
Op de planken acteren, iets voor jou? Of verkies je toch de camera?
Ik begon met acteren door mijn oudere zussen te volgen naar het cultureel centrum in Jette. Ik was al gauw verkocht en schreef me in aan de academie van Elsene, mezelf voorhoudend dat ik later theaterstudies zou doen, hetzij aan de IAD, hetzij aan de INSAS. Naast mijn afkeer van de academie waar ik voor het eerst werd beoordeeld op wat ik bracht, was ook de ludieke kant waar ik zo op gesteld was, verdwenen. Hoewel ik hield van de ervaring, vooral het feit te werken en tal van dingen op te steken die ik buiten het theater niet zou hebben geleerd, besefte ik snel dat theater niet aan mij besteed was. Aan het eind van mijn middelbare school, toen ik 20 was, was er een semi-amateurgroep in Jette die een jong meisje zocht om mee te spelen. Ik werkte niet en sloot me aan bij de groep; hoewel ik me er amuseerde bleef ik een voorkeur koesteren voor de bioscoop. Ik voel me niet legitiem genoeg voor theater, het gevoel alsof ik nog niet over de middelen beschik om het publiek rechtstreeks te confronteren.
Had je al een rolmodel onder de actrices of acteurs?
Yolande Moreau was de eerste actrice die ik ontdekte en tegen mezelf zei: als ik maar een tiende kan doen van wat zij doet, zal ik al tevreden zijn. Ze is zo treffend en oprecht, ik ben altijd weggeblazen door haar werk.
Je groeide op met een vader die in de hotelsector werkte en een stiefmoeder die secretaresse was. Wat was hun reactie toen ze vernamen dat je een carrière als actrice nastreefde?
Mijn vader heeft niet gestudeerd, hij begon te werken toen hij 14 was. Hij was trots dat zijn dochters wel konden studeren. Hij heeft me dit nooit openlijk gezegd, maar ik denk dat hij flipte bij het idee. Gelukkig kon mijn schoonmoeder hem geruststellen. Ze zette de zaken in perspectief en nam me mee naar castings, op voorwaarde dat ik slaagde in mijn studies.
Drie jaar geleden wisselde je kleine castings nog af met een baan als serveerster....
Ik begon heel snel te werken omdat ik verliefd werd toen ik 17 was en ervoor koos het ouderlijk huis te verlaten om met deze jongen samen te wonen. Ik moest dus werken om mijn rekeningen en huur te betalen. Ik heb altijd die behoefte aan onafhankelijkheid gehad; zelfs daarvoor had ik al veel kleine baantjes om te voorzien in het levensnoodzakelijke. Ik heb het best moeilijk gehad. Sindsdien ben ik altijd bang geweest om niet genoeg geld te hebben.
De people magazines leerden je afgelopen september kennen tijdens de Mostra de Venise, waar je de avant-première bijwoonde van de film «Lost Illusions» en waar je werd uitgeroepen tot de actrice met de meest gedurfde look... Stoort het voor een jonge actrice om te beseffen dat een doorschijnende jurk meer weerklank kan vinden in de media dan welke artistieke prestatie ook?
Ik evolueer in een vrij open, wakkere en feministische omgeving. Ik ben enigszins naïef vergeten dat dit niet voor iedereen geldt.
Had je een beetje de blues vanwege al het commentaar in de pers?
Ja, maar vooral omdat ik het slechte idee had om de verschillende commentaren op Facebook te lezen. Er waren agressieve berichten: Je bent een buzz slet, je bent vulgair zonder interesse, je ouders zullen vast niet trots op je zijn.... Ik dacht bij mezelf, ik heb een ongelooflijke ervaring gehad, mijn eerste grote rode loper voor een film waar ik zo trots op ben, waarom zoveel haat? Waarom stoort het mensen nog steeds dat een jonge vrouw kan dragen wat ze wil? Ik heb dus blijkbaar wel het recht om mezelf bloot te geven voor de kunst, maar niet voor mezelf. Tegelijkertijd heeft het me gehard, en in plaats van in de val te trappen en tegen mezelf te zeggen dat ik voortaan meer zal oppassen, blijf ik gewoon doen wat ik wil en dragen wat ik wil!
Na in verschillende kortfilms te hebben gespeeld, maak je op 18-jarige leeftijd je filmdebuut in de film «Une mère» met Mathilde Seigner. Je krijgt meteen een rol in Bouli Lanners’ film «Les premiers, les derniers» …
Ik vond het heerlijk om met Mathilde Seigner te spelen, ze is een briljante, gulle en respectvolle actrice. Bouli had ik ontmoet bij de vertoning van de kortfilm «Après trois minutes» van Dimitri Linder en Salima Glamine. Hij kwam me feliciteren met mijn rol en ik had hem niet eens herkend. Dimitri vertelde me terloops dat, op voorwaarde dat ik het goed deed op school, er een leuke verrassing zou volgen in de zomer. Ik slaagde voor mijn examens en Bouli belde me op om me een kleine rol aan te bieden in «Les premiers, les derniers». Dat was een echt geschenk.
Wat is volgens u de beste Belgische film?
Ik ben geen grote cinefiel, maar ik zou er graag aan werken. Ik zou zeggen «Eldorado» van Bouli Lanners, dat was mijn eerste klap in het gezicht binnen de Belgische cinema. In die tijd keek ik meer naar TV en door die film ontdekte ik de kracht van de beelden, de schoonheid van de schilderijen, een Belgische campagne vermengd met zulke goede acteurs, ik was weggeblazen.
Wat onderscheidt de Belgische cinema van de Franse?
De onconventionele kant. Er is een zeker estheticisme, maar we doen niet aan schoonheid omwille van de schoonheid. Het is vaak grappig, wat niet betekent dat we niet met dramatische thema’s kunnen omgaan. Er is een vorm van cynisme die heel goed werkt in de Belgische cinema.
Daarna speelde je in «Filles de joie» met Sara Forestier en Sergi López en onlangs in «Illusions perdues» met Gérard Depardieu, Vincent Lacoste, Cécile de France of ook nog Xavier Dolan... Voel je je niet te klein naast zulke grote namen?
Het is vreemd, ik denk niet dat ik me ooit echt bewust ben van met wie ik speel. Ik realiseerde me dat ik met een groot acteur speelde tegenover Albert Dupontel in de film van Bouli Lanners, ik had een scène met hem en ik kon me niet distantiëren. Hij is echt heel sterk, gul, eerlijk en niet gekunsteld. Ook met Xavier Dolan voelde ik de druk omdat ik zijn films had gezien. In het algemeen, wanneer ik met een regisseur werk, heb ik zijn films liever niet vooraf gezien; ik ben bang te gaan imiteren of mezelf onder druk te zetten. Maar in mijn hoofd had ik nooit gedacht dat ik met Xavier Dolan zou werken - hij heeft zulke meesterwerken gemaakt! We hadden een scène samen en ik vond het zalig. Het is nogal wat als iemand die je bewondert zich blootgeeft voor je. Omdat acteren gaat over jezelf blootgeven en niet bang zijn voor een oordeel. Hij is gewoon ongelooflijk in de film, hij is een volmaakt artiest.
En met Cécile de France... Was er een speciale band op de set, gezien het feit dat jullie allebei Belgische actrices zijn?
Deze gemeenschappelijke factor bleek een makkelijke ijsbreker. Ze heeft me ongetwijfeld onder haar vleugels genomen omdat het mijn eerste grote film was en ik voelde dat ze over me waakte; ik denk dat ze zo is met iedereen.
Je eerste grote film die ook 7 Césars zou moeten winnen! Realiseer je je tijdens de opnames dat je een grote film aan het maken bent?
Ik niet, maar op de set zeiden mensen met nul arrogantie, «We zijn iets ongelooflijks aan het maken». Wat mij betreft, ik besefte snel dat dit een film was die zou blijven.
Om in een epische film met kostuums te spelen, is dat per definitie speciaal?
Het is ongelooflijk, elke set is een speeltuin waar alles tot in het kleinste detail is uitgekiend. We waren in Parijs met al die figuranten, ik was in mijn kleine korset en mijn grote petticoats, er waren overal koetsen, het was alsof we in een droom waren. Xavier gaf ons ook zoveel vrijheid, we hadden de tijd om elk klein detail te ontdekken, ik voelde me net een kind op de set.
Als je diegenen moest overtuigen die de film nog niet gezien hebben?
Het is een must-see, een film die alle generaties kan aanspreken. Men kan zich identificeren met meerdere personages en ik denk dat het een noodzakelijke film is. We leven in een tijdperk waarin alles razendsnel gaat en alles wordt beheerst door geld. Kijk maar naar de sociale netwerken, waar ons voortdurend producten worden verkocht en wijzelf een product worden. Deze film is zeer eigentijds en spoort ons aan onszelf tal van vragen te stellen.
Wat is er veranderd sinds «Illusions Perdues»?
Dankzij deze film heb ik mijn status als artiest kunnen bekomen, waardoor ik kon stoppen met diverse baantjes. Het is geweldig dat ik me eindelijk volledig kan concentreren op film maken.
Op de drempel van je carrière besloot je moeder te worden, je bent acht maanden zwanger.... Niet meteen een erg «carrière-georiënteerde» beslissing op het moment wanneer je het grote doek in vuur en vlam zet?
Je kunt moeder zijn en carrière maken. Het is waar, verschillende mensen hebben me gezegd dat ik mezelf in de voet schiet. Ik ga hun ongelijk bewijzen. Toen ik het aan mijn ouders vertelde, was hun eerste reactie, «En wat met de film?». Dat deed me een beetje pijn. Ik heb misschien een paar projecten gemist, maar dat vervalt in het niets met wat het nu voor me betekent om moeder te zijn. Gelukkig zijn er mensen die mij vertrouwen en die weten dat mijn nieuwe rol als moeder mijn zin om te acteren niet zal wegnemen. Het één sluit het ander niet uit!
Slaagt je vriendje erin om samen te wonen met een actrice?
Ik kan me voorstellen dat het niet altijd geruststellend is om met een actrice samen te zijn, maar we vertrouwen elkaar en ik ben zo verliefd dat hij zich geen zorgen hoeft te maken. Bovendien werkt hij ook in de filmindustrie, hij is producer, dus hij begrijpt mijn beroep en alles wat daarbij komt kijken.
Wat was je grootste stress als actrice?
Het was bij de vertoning van «Une mère» in Cinéma Flagey. Het was mijn eerste seksscène op het scherm en mijn vader was aanwezig in de zaal. Het was ook de stress om te beseffen dat wat ik deed gezien zou worden, terwijl ik daar tot dan toe niet veel over nadacht.
Wat zijn je criteria voor het aanvaarden van een rol?
Sinds de film van Xavier Giannoli heb ik niet veel meer geacteerd. Hij heeft de lat zo hoog gelegd dat het me echt moet bevallen en een uitdaging moet zijn. In het verleden draaide ik soms om te draaien, vooral om mijn status als artiest te bekomen. Dat ligt nu anders; ik wil niet zeggen dat ik al de luxe van keuze heb, maar laten we stellen dat ik eerlijker kan zijn met wat ik wil verdedigen. Dingen zijn veranderd, ik ben niet zomaar een nummer meer.
Kun je nu een geëngageerde actrice zijn?
Nogmaals, er is die kwestie van legitimiteit die steeds in me opborrelt. Ik moet mezelf nog zoveel bijscholen over een heleboel onderwerpen dat ik me nog niet gelegitimeerd voel om mijn stem te verheffen en echte ideeën te gaan verdedigen.
Wat vind je het leukste aan deze baan?
De ontmoetingen en uitwisselingen, of het nu met de regisseur, de acteurs, het publiek of de journalisten is; daar geniet ik echt het meest van.
Als je een acteur of actrice mocht kiezen om in een volgende film te spelen?
Ik zou heel graag samenwerken met Édouard Baer, maar ook met Jonathan Cohen, die mijn peetvader was voor “Les Révélations des Césars”. Daarna zijn er zo veel, Marina Fois, Leilä Beikhti, Pierre Niney…
Is er een bepaalde rol die je zou willen spelen?
Er zijn nog zoveel rollen die ik wil spelen, een slechterik, een femme fatale... Ik heb zin om alles te doen.
Als je je acteerprestatie zou moeten definiëren?
Ik zou zeggen: hardwerkend, spontaan en kinderlijk.
Wat zijn je andere passies?
Chillen en tijd alleen doorbrengen. Ik doe ook vrijwilligerswerk met kinderen of jongeren. De buurt opruimen, evenementen organiseren in bejaardentehuizen of gewoonweg de bejaarden een bezoekje brengen als ik tijd heb. Ik krijg zoveel meer terug.
Je zou nooit actrice geworden zijn als...?
Als mijn vader er direct mee had ingestemd (lacht).
Een personage waar je mee in de Thalys zou willen zitten?
Édouard Baer of François Damiens.
Welke projecten komen er in de nabije toekomst aan?
Eind juli ga ik filmen in de volgende kortfilm van Pauline Gay, waarin ik de dochter van Corinne Masiero speel. Ik kreeg ook een rol in Joachim Lafosse’s volgende film. Daarna kom ik in de film van Pierre Godeau met François Damiens. Ik zit nu al te popelen.
Tot slot, maak je je nog illusies?
Ik ben er onderweg een paar kwijtgeraakt, maar ik heb er nog veel. Zeker genoeg om nog een paar jaar in dit vak te werken (lacht)
Salomé dewaels
salomedewaels
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