1h22 avec Jean Jullien
Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle
Jean Jullien est un designer graphique, dessinateur et peintre français connu grâce à ses illustrations publiées par le New Yorker, le Guardian et Télérama, ses expositions en galerie et ses collaborations avec des marques comme Colette, Champion USA ou Petit Bateau. Nous retrouvons l’artiste breton âgé de 40 ans avant son exposition, Studiolo, au MIMA — Millennium Iconoclast Museum of Art — à Bruxelles.
Boris Rodesch a pris le Thalys avec Jean Jullien
Tu viens souvent à Bruxelles ?
J’ai commencé à travailler avec Alice van den Abeele et Raphaël Cruyt en 2017 par le biais d’une exposition collective — ART IS COMIC — au MIMA (NDLR : Alice van den Abeele est co-fondatrice et directrice, avec Raphaël Cruyt, d’Alice Gallery. Elle est également directrice artistique du MIMA). Alice m’avait ensuite proposé de participer à une exposition dans sa galerie à Bruxelles. Elle était intéressée par mon travail en dessin, mais je lui avais proposé d’exposer des peintures. Depuis, j’ai encore participé à deux expositions solos et une exposition collective chez Alice Gallery, avec mon frère Nicolas Jullien et Gwendal et Yann Le Bec.
Alice Gallery à Bruxelles, Nanzuka à Tokyo, Albus Gallery à Séoul, Galerie Slika à Lyon… Quels sont tes critères pour choisir de collaborer avec une galerie ?
Cela dépend des artistes présents dans la galerie, des œuvres et des valeurs qu’ils mettent en avant. Prenez Nanzuka, ils représentent de très bons artistes et ils sont basés au Japon, un pays que j’affectionne et avec lequel j’ai de vraies connivences culturelles. Alice aussi, j’aime ses artistes et on s’entend très bien humainement. Elle m’a offert des opportunités que d’autres galeristes ne m’auraient sans doute jamais proposées. J’ai le sentiment d’être accompagné par des gens qui me font confiance. Ils connaissent mon boulot et ma façon de fonctionner qui vise à continuer à expérimenter. Ils acceptent aussi ce côté un peu bancal de ne pas toujours savoir ce que je vais faire et où ça va me mener. Cette flexibilité me convient particulièrement.
On rejoint Bruxelles, où tu vas finaliser la scénographie de ton exposition au Mima, Studiolo. Pourrais-tu nous la présenter brièvement ?
C’est une exposition sur la crise de la quarantaine, que j’espère avec pas mal d’humour. Depuis quelques années, je suis en transition dans la façon d’aborder mon travail. Celui-ci a longtemps été rapide et instantané lorsque je vivais à Londres, où je proposais surtout des dessins commerciaux. J’ai ensuite voulu opérer une sorte de mue vers une démarche plus lente visant à raconter des choses différentes, aussi pour pouvoir me concentrer sur ma famille et mes deux enfants. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression que mon travail réagissait ; j’ai désormais envie qu’il agisse. Si je continue à pratiquer le dessin, je me suis lancé dans la peinture et la sculpture pour pouvoir prendre plus de temps à raconter les choses, toujours sur le monde qui nous entoure, mais avec plus d’humilité. En octobre 2022, j’ai présenté une exposition rétrospective — Jean Jullien : Then, There — au Dongdaemun Design Plaza (DDP) à Séoul. Cette exposition, qui retraçait vingt années de travail, était une sorte de cheminement organique qui passait de mes premiers carnets de croquis à mes premières commandes de dessins et mes premières collaborations, pour aboutir sur mes peintures. Avec Studiolo, j’essaie de comprendre non pas d’où je viens, mais où j’en suis aujourd’hui. Les travaux présentés ont tous été créés spécialement pour le MIMA.
Si l’on revient à ton enfance, avoir une maman scénographe également curieuse de culture et d’architecture, qui t’emmenait dans les musées et t’encourageait à lever les yeux pour observer le monde… Cela a forcément joué un rôle ?
Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai eu un premier goût pour le créatif au sens large avec la télévision, les BD, la musique, tout ce qui constitue notre culture populaire, et ensuite par le biais de ma maman qui avait une culture artistique plus muséale puisqu’elle était curatrice au Muséum d’Histoire naturelle et au Musée d’Arts de Nantes. Mais j’ai surtout eu la chance de grandir dans une famille qui n’a jamais discrédité le fait d’avoir un réel intérêt pour le dessin et de se projeter dans une vie d’artiste. Mes parents, amateurs d’art, nous encourageaient sans jamais nous pousser.
As-tu toujours dessiné dans des carnets ?
Je devais avoir 18 ans lorsque j’ai reçu mon premier carnet. Plus jeune, je dessinais énormément, mais j’étais surtout plongé dans les BD et les comics : les BD de Mœbius, d’Enki Bilal et de Jacques Tardi. Ensuite, je suis resté « petit garçon » assez tardivement et je le suis encore aujourd’hui. Les superhéros ont nourri mon imagination et plutôt que de m’en détacher ou de les voir comme quelque chose de désuet et d’enfantin, je persévère en les considérant comme le moteur de mon imaginaire.
La première fois où tu te dis : « Un jour, je deviendrai dessinateur »… ?
En terminant le lycée, je n’avais pas le niveau pour débuter une école en arts appliqués. J’ai tenté sans succès de rentrer dans plusieurs écoles d’art, de BD et d’animation. Je me suis finalement inscrit à un BTS en éducation visuelle à Quimper (NDLR : BTS signifie brevet de technicien supérieur). J’y ai fait de belles rencontres et j’ai réalisé que le design graphique allait me permettre de créer des choses pratiques au quotidien.
Qu’est-ce que t’a apporté ta formation académique, en comparaison de tes acquis autodidactes ?
Contrairement à mon frère qui a cette capacité de tout apprendre, l’apprentissage n’est pas mon fort. Si les règles de base du design graphique que j’ai ensuite apprises à Saint Martins me servent encore aujourd’hui en peinture, où je compose mes images en suivant les mêmes logiques, le reste de ma pratique se base sur des acquis innés et autodidactes (NDLR : Le Central Saint Martins College of Art and Design est une des composantes de l’université des arts de Londres). Connaissant mes limites, je me suis toujours dit que je devais faire ce que je savais faire en allant le plus loin possible. Et quand j’ai envie de faire quelque chose dont je ne me sens pas capable, j’essaie de trouver des collaborateurs. Je travaille essentiellement au feeling. Je pense aussi que ma « force » n’est pas de savoir comment faire, mais plutôt juste de faire. Et en produisant beaucoup et de façon régulière, il y a des « happy accidents » qui surgissent.
Ton frère excelle, lui, dans le do-it-yourself. Son travail en vidéo revêt ainsi une naïveté attachante…
Qui permet surtout aux lecteurs de se projeter. Quand tu vois une grosse production américaine avec des effets spéciaux, tu ne te dis pas que tu pourrais toi aussi le faire… Je suis justement en train de réfléchir à décliner mes « Paper People » sur une feuille de métal. Les gens auraient juste à découper les personnages et à les plier eux-mêmes pour les mettre en action. Il y aura ce côté accessible, tactile et engageant que je trouve génial.
Vous partagez un atelier avec ton frère Nicolas et avec Gwendal et Yann Le Bec…
Oui, nous avons nos péchés mignons qui alimentent notre pratique, le surf, les cartes Magic, mais aussi le cinéma et la musique. Nous présenterons d’ailleurs une exposition avec Gwendal et Yann Le Bec en octobre à Séoul et j’enchaînerai avec mon frère sur une exposition à Tokyo, où l’on va s’inspirer des mythologies en explorant les frontières entre le réel et l’irréel. Avancer ensemble, c’est aussi très excitant.
Il se situe où, cet atelier ?
Après avoir vécu à Londres, je me suis installé en famille à Paris en 2019, car c’était devenu plus compliqué quand je suis rentré dans l’archétype de la vie adulte : se mettre en couple et avoir des enfants à Londres, ça avait moins de sens. En revanche, je ne sais pas combien de temps je resterai à Paris, car je cherche toujours à bouger. J’ai envie d’être près de la mer pour aller surfer tous les matins avant d’aller peindre.
Si l’on revient à tes débuts en peinture, en 2017, la vraie différence avec le dessin commercial, c’est cette liberté qui s’offre à toi ?
D’une part la liberté dont je jouis, mais aussi ce principe de ne pas devoir travailler pour un tiers. Si je mets de côté mon activité sur les réseaux sociaux et le fait d’accepter ou non des commandes, mon quotidien, c’est d’être à l’atelier avec des copains et de peindre ce que j’ai envie. C’est le luxe ultime.
Combien de temps consacres-tu à tes toiles ?
Ça dépend, pour les toiles de surf par exemple, je peux en produire une série rapidement comme je peux parfois me prendre la tête en recommençant mille fois la position du surfeur. Mais en règle générale, je travaille plutôt vite. Après, le « succès » éventuel d’une toile ne dépend pas forcément du temps. C’est très aléatoire parce que pour moi, une toile qui fonctionne est une toile qui revêt un côté affectif, mais je ne sais pas ce qui plaît aux gens.
La peinture implique-t-elle un procédé très différent du dessin ?
Pour mon expo collective chez Alice Gallery — Les Gens —, je m’étais appliqué davantage en essayant d’aller vers plus de réalisme, mais ça n’est pas forcément mon point fort. Au contraire, plus mon dessin est spontané et brut, plus on voit le trait à la façon d’un langage dessiné, plus ça me correspond. Mes dessins et mes peintures ne sont pas schizophréniques, mais organiques. Dans les deux cas, j’utilise un pinceau pour capturer le réel avec des signes. C’est la société qui fait une énorme différence sémantique entre ces deux pratiques, notamment parce qu’il y a plus d’argent dans la peinture, qui est aussi socialement considérée comme étant « plus noble ».
Le pinceau dont tu vantes le caractère humaniste…
J’ai toujours dessiné avec un crayon pinceau noir, que je considère comme le prolongement de ma main. Le résultat ne sera jamais exactement le même, ce n’est pas robotique, il y a des poils qui évoluent dans des directions différentes et à mesure que tu uses ton pinceau, il réagira d’une façon plus ou moins précise. Je n’utilise que des pinceaux qui ont déjà vécu, et bizarrement, plus on avance et moins ils sont fiables, plus je sais à quoi m’attendre. On se connaît et on se fait confiance, j’accepte leurs hésitations et leurs erreurs.
Quel est le point de départ de ton travail en peinture ?
Quand j’assiste à une scène de vie qui me fait tiquer, je la photographie et je travaille sur base de cette photo. J’aime aussi peindre en plein air en observant directement le sujet, que ce soit pour des portraits ou des paysages, mais ça réclame plus de temps.
Et ta principale source d’inspiration ?
Mon quotidien. Ce qui m’a toujours importé dans le monde du travail, c’est de réagir à un constat personnel. J’observe quelque chose qui me fait penser à autre chose et je crée en conséquence avant de le partager et de voir si les personnes réagissent et s’identifient. Un savoir collectif se crée à partir d’une collection de savoirs individuels et c’est exactement le principe de mon travail.
Tu sembles aussi vouloir offrir du bonheur aux gens plutôt que de les effrayer ?
J’ai saisi les vertus de la positivité en grandissant dans un environnement qui me l’offrait. Et puis, étant attentif à l’évolution de notre monde, notamment via les réseaux sociaux ou la presse, je trouve ça plus intéressant, plutôt que de me dire « on va tous y passer », de trouver soit un moyen d’en rire, soit de mettre la loupe sur ce que je trouve beau, sans pour autant occulter la réalité. C’est un équilibre à trouver.
Es-tu toujours à la recherche de nouveaux supports ?
Oui. J’aimerais toucher aux univers des jeux vidéo, de la réalité virtuelle et des jouets animés. J’ai aussi ce rêve de produire des séries animées et je voudrais continuer à proposer des sculptures dans des environnements où le public est en immersion, comme ce fût le cas au Jardin des plantes de Nantes.
1,2 million de followers sur Instagram ! Comment est-ce possible ?
C’est venu graduellement. Participer à des expos à l’étranger et multiplier les collaborations avec des marques m’a bien aidé. À l’époque où j’étudiais à Saint Martins, j’avais aussi ce côté très transparent dans mon travail. Je partageais toutes mes expérimentations sur les réseaux sociaux. C’était le plus souvent du « fait-main » comme des réalisations avec des papiers découpés. Il y avait dans ces petits boulots un côté touchant, loin d’être menaçant et élitiste, que les gens appréciaient.
Il y a aussi eu ces deux illustrations publiées sur ton compte Instagram. La première au lendemain des attentats chez Charlie Hebdo et la seconde suite aux attentats de Paris (NDLR : Il est l’auteur du symbole « PeaceforParis » et aussi de l’illustration « Je suis Charlie » crayon au fusil).
Ces deux illustrations ont attiré l’attention de certains médias qui ne se seraient autrement jamais intéressés à mon travail. Et si des gens ont pu se sentir mieux en les réutilisant, tant mieux, mais ça n’a jamais été mon fonds de commerce. J’ai juste fait ce que je faisais déjà à l’époque, à savoir réagir aux actualités par le dessin.
Si tu pouvais choisir une personnalité avec laquelle être coincée dans le Thalys… ?
Osamu Tezuka. C’était un génie total du récit.
Pour conclure, un mot sur la monographie « JEAN JULLIEN » publiée par Phaidon en 2022 ?
J’ai adoré le fait de pouvoir proposer du vrai, du contexte et un peu d’histoire aux images plutôt que de se contenter des images consommables. C’est une chance d’avoir eu cette plateforme et d’avoir pu faire intervenir plusieurs interlocuteurs. On y retrouve ma famille, mes copains, mes collaborateurs privilégiés et toute une série de gens qui m’ont accompagné depuis le début. C’est une jolie façon de rappeler aux lecteurs que je n’ai pas avancé tout seul comme un ego-tripé. Mes parents ayant toujours mis en avant le collectif, ceci est un enseignement familial.
1 UUR 22 MET Jean Jullien
Jean Jullien is een Franse grafisch ontwerper, tekenaar en schilder die bekend staat om zijn illustraties die zijn gepubliceerd in The New Yorker, The Guardian en Télérama, zijn galerietentoonstellingen en zijn samenwerkingen met merken als Colette, Champion USA en Petit Bateau. We ontmoeten de 40-jarige Bretonse kunstenaar voorafgaand aan zijn tentoonstelling Studiolo in het MIMA (Millennium Iconoclast Museum of Art) in Brussel.
Boris Rodesch nam samen met Jean Jullien de Thalys
Kom je vaak in Brussel?
Sinds 2017 werk ik samen met Alice van den Abeele en Raphaël Cruyt, via een groepstentoonstelling (ART IS COMIC) in het MIMA (NVDR: Alice van den Abeele is medeoprichter en samen met Raphaël Cruyt directeur van de Alice Gallery. Zij is eveneens artistiek directeur van het MIMA). Alice vroeg me vervolgens om deel te nemen aan een tentoonstelling in haar galerie in Brussel. Ze was geïnteresseerd in mijn tekeningen, maar ik stelde voor om schilderijen tentoon te stellen. Sindsdien heb ik ook deelgenomen aan twee solotentoonstellingen en een groepstentoonstelling van de Alice Gallery, samen met mijn broer Nicolas Jullien en Gwendal en Yann Le Bec.
De Alice Gallery in Brussel, de Nanzuka in Tokio, de Albus Gallery in Seoul, de Galerie Slika in Lyon ... Welke criteria gebruik je bij het aangaan van een samenwerking met een galerie?
Het hangt af van de kunstenaars in de galerie, de werken en de waarden die ze promoten. Neem bijvoorbeeld de Nanzuka, zij vertegenwoordigen een aantal zeer goede kunstenaars en zijn gevestigd in Japan, een land waar ik van hou en waarmee ik een echte, culturele affiniteit heb. Alice ook, ik hou van haar kunstenaars en we kunnen het goed met elkaar vinden op menselijk vlak. Ze heeft me kansen geboden die andere galeriehouders me waarschijnlijk nooit zouden hebben geboden. Ik heb het gevoel omringd te worden door mensen die me vertrouwen. Ze kennen mijn werk en mijn manier van werken, namelijk blijven experimenteren. Ze accepteren ook het onzekere feit dat ik niet altijd weet wat ik ga doen en waar het toe zal leiden. Deze flexibiliteit bevalt me bijzonder goed.
We zijn op weg naar Brussel, waar je de laatste hand legt aan de aankleding van je Studiolo-tentoonstelling in het Mima. Kun je ons in het kort vertellen waar de tentoonstelling over gaat?
Het is een tentoonstelling over de midlifecrisis, met hopelijk de nodige humor. De afgelopen jaren zit ik een transitiefase voor wat betreft de manier waarop ik mijn werk benader. Toen ik nog in Londen woonde werkte ik lange tijd snel en direct en maakte ik voornamelijk commerciële tekeningen. Vervolgens wilde ik richting een langzamere aanpak gaan om verschillende verhalen te vertellen, zodat ik me ook kon concentreren op mijn gezin en mijn twee kinderen. Lange tijd heb ik gedacht dat mijn werk reageerde; nu wil ik dat het handelt. Terwijl ik ook ben blijven tekenen, ben ik begonnen met schilderen en beeldhouwen zodat ik meer tijd kan nemen voor het vertellen over de dingen in de wereld om ons heen, maar dan met meer bescheidenheid. In oktober 2022 hield ik een overzichtstentoonstelling (Jean Jullien: Then, There) in het Dongdaemun Design Plaza (DDP) in Seoul. Deze tentoonstelling keek terug op twintig jaar werk en was een soort organische evolutie van mijn eerste schetsboeken naar mijn eerste opdrachten voor tekeningen en mijn eerste samenwerkingen, met als hoogtepunt mijn schilderijen. Met Studiolo probeer ik niet te begrijpen waar ik vandaan kom, maar waar ik nu sta. De tentoongestelde werken zijn allemaal speciaal voor het MIMA gemaakt.
Als we teruggaan naar je kindertijd, met een moeder die scenograaf was en ook nieuwsgierig naar cultuur en architectuur, die je meenam naar musea en je aanmoedigde om omhoog te kijken en de wereld te zien ... Dat moet vast en zeker een rol hebben gespeeld?
Zoals veel mensen van mijn generatie kreeg ik voor het eerst een voorproefje van het creatieve in de breedste zin van het woord via televisie, stripboeken, muziek, alles wat deel uitmaakt van onze populaire cultuur. Vervolgens via mijn moeder die op een meer museale artistieke cultuur gericht was omdat ze curator was in het Natuurhistorisch Museum en het Kunstmuseum van Nantes. Maar bovenal had ik het geluk op te groeien in een gezin dat nooit getwijfeld heeft aan mijn oprechte interesse in tekenen en aan het leven als kunstenaar dat ik voor ogen had. Mijn ouders waren kunstliefhebbers, ze moedigden ons aan maar dwongen ons nooit.
Heb je altijd in schetsboeken getekend?
Ik was 18 jaar toen ik mijn eerste schetsboek kreeg. Toen ik jonger was, tekende ik veel, maar ik verdiepte me vooral in stripboeken en strips: strips van Moebius, Enki Bilal en Jacques Tardi. Daarna bleef ik tot laat in mijn leven een ‘kleine jongen’ en dat ben ik nog steeds. Superhelden hebben mijn verbeelding aangewakkerd en in plaats van me ervan los te maken of ze te zien als iets ouderwets en kinderachtigs, blijf ik ze zien als de drijvende kracht achter mijn verbeelding.
Wanneer was de eerste keer dat je tegen jezelf zei: “Op een dag word ik tekenaar” …?
Toen ik klaar was met de middelbare school had ik niet het niveau om aan een opleiding voor toegepaste kunst te beginnen. Ik probeerde toegelaten te worden tot verschillende kunst-, strip- en animatiescholen maar zonder succes. Uiteindelijk heb ik me ingeschreven voor een BTS in beeldende vorming in Quimper (NVDR: BTS staat voor het Franse certificaat van senior technoloog). Ik ontmoette er geweldige mensen en besefte dat ik met grafische vormgeving praktische dingen voor het dagelijks leven kon maken.
Wat heeft je academische opleiding je in vergelijking met je autodidactische vaardigheden opgeleverd?
In tegenstelling tot mijn broer, die alles kan leren, is leren niet mijn sterkste kant. Hoewel ik de basisregels van de grafische vormgeving die ik daarna geleerd heb op het Saint Martins nog steeds toepas op mijn schilderwerk (waar ik mijn beelden samenstel volgens dezelfde logica), is de rest van mijn werk gebaseerd op aangeboren, autodidactische vaardigheden (NVDR: Het Central Saint Martins College of Art and Design maakt deel uit van de University of the Arts in Londen). Omdat ik mijn grenzen kende, zei ik altijd tegen mezelf dat ik moest doen waar ik goed in was en daar zo ver in moest gaan als ik kon. En als ik zin heb om iets te doen waarvan ik denk dat ik er niet de geschikte persoon voor ben, dan probeer ik medewerkers te vinden. Ik werk vooral op gevoel. Ik denk ook niet dat mijn ‘kracht’ is om te weten hoe dingen moeten, maar om ze gewoon te doen. En als je veel en regelmatig iets produceert, dienen zich altijd wel een paar ‘gelukkige ongelukjes’ aan.
Je broer blinkt uit in doe-het-zelven. Zijn videowerk heeft een aandoenlijke naïviteit ...
Bovenal stelt het lezers in staat om zichzelf te projecteren. Als je een grote Amerikaanse productie met special effects ziet, denk je niet dat je het zelf ook zou kunnen ... Ik denk er nu eigenlijk over om mijn ‘Paper People’ op een metalen plaat te zetten. Mensen hoeven er alleen maar de personages uit te snijden en ze zelf te vouwen om ze in actie te laten komen. Het is dat toegankelijke, tactiele en innemende gevoel dat ik briljant vind.
Je deelt een atelier met je broer Nicolas en Gwendal en Yann Le Bec ...
Ja, we hebben onze guilty pleasures die onze werkwijze voeden: surfen, Magic cards, maar ook film en muziek. In oktober organiseren we trouwens een tentoonstelling met Gwendal en Yann Le Bec in Seoul die gevolg wordt door een tentoonstelling in Tokio samen met mijn broer, en waarbij we ons laten inspireren door mythologieën en de grenzen tussen het echte en het onwerkelijke verkennen. Samen vooruitgaan is ook heel spannend.
Waar is dit atelier gevestigd?
Na in Londen te hebben gewoond, ben ik in 2019 met mijn gezin naar Parijs verhuisd, omdat het ingewikkelder werd toen ik in het archetype van het volwassen leven terechtkwam: een stel zijn en kinderen krijgen in Londen had geen zin. Ik weet echter niet hoelang ik in Parijs zal blijven, omdat ik altijd in beweging ben. Ik wil dicht bij de zee wonen zodat ik elke ochtend kan gaan surfen voordat ik ga schilderen.
Als we teruggaan naar toen je begon met schilderen in 2017, is de vrijheid die het je geeft het echte verschil met commercieel tekenen?
Aan de ene kant de vrijheid die ik geniet, maar ook het feit dat ik niet voor een derde hoef te werken. Afgezien van mijn activiteiten op sociale netwerken en of ik al dan niet opdrachten aanneem, bestaat mijn dagelijkse routine eruit in het atelier te zijn met vrienden en te schilderen waar ik zin in heb. Dat is de ultieme luxe.
Hoeveel tijd besteed je aan je doeken?
Dat hangt ervan af. Met surfdoeken kan ik bijvoorbeeld snel een serie maken, maar soms kan ik ook verzanden in het duizend keer opnieuw beginnen aan de positie van de surfer. Maar in het algemeen werk ik vrij snel. Daarna hangt het uiteindelijke ‘succes’ van een schilderij niet noodzakelijk af van de tijd. Het is heel willekeurig, want voor mij is een schilderij dat werkt een schilderij met een gevoelskant, maar ik weet niet wat mensen mooi vinden.
Is schilderen een heel ander proces dan tekenen?
Voor mijn groepstentoonstelling bij Alice Gallery (Les Gens) probeerde ik realistischer te zijn, maar dat is niet per se mijn sterkste punt. Integendeel, hoe spontaner en ruwer ik teken, hoe meer je de lijn ziet als een soort getekende taal, hoe meer het bij me past. Mijn tekeningen en schilderijen zijn niet schizofreen, maar organisch. In beide gevallen gebruik ik een penseel om de werkelijkheid vast te leggen met tekens. De maatschappij maakt een enorm semantisch verschil tussen deze twee praktijken, met name omdat er meer geld te verdienen valt met schilderen, wat maatschappelijk gezien ook als ‘nobeler’ wordt beschouwd.
Het penseel wiens humanistische karakter je prijst ...
Ik heb altijd getekend met een zwart penseelpotlood, dat ik zie als een verlengstuk van mijn hand. Het resultaat zal nooit precies hetzelfde zijn, het is geen robot, er zijn haren die in verschillende richtingen bewegen en naarmate je je penseel gebruikt, zal hij op een min of meer precieze manier reageren. Ik gebruik alleen penselen die al een tijdje meegaan, en vreemd genoeg weet ik beter wat ik kan verwachten naarmate ik vorder en de penselen minder betrouwbaar zijn. We kennen en vertrouwen elkaar en ik accepteer hun aarzelingen en fouten.
Wat is het uitgangspunt voor je schilderij?
Als ik een scène zie die me prikkelt, fotografeer ik die en werk ik op basis van die foto. Ik schilder ook graag in de buitenlucht, direct naar het onderwerp kijkend, of het nu gaat om portretten of landschappen, maar dat kost meer tijd.
En wat is je belangrijkste inspiratiebron?
Mijn dagelijks leven. Wat voor mij altijd belangrijk is geweest wat werk betreft, is het reageren op een persoonlijke observatie. Ik observeer iets dat me aan iets anders doet denken en op basis daarvan maak ik iets en daarna deel ik het pas en kijk ik of mensen erop reageren en zich ermee identificeren. Collectieve kennis ontstaat uit een verzameling van individuele kennis, en dat is precies het principe van mijn werk.
Je lijkt mensen ook geluk te willen bieden in plaats van ze bang te maken?
Ik heb de deugden van positiviteit leren kennen door op te groeien in een omgeving die me dat bood. En als iemand die goed in de gaten houdt hoe onze wereld evolueert (vooral via sociale netwerken en de pers), vind ik het interessanter om in plaats van tegen mezelf te zeggen «we gaan allemaal dood», een manier te vinden om erom te lachen of een vergrootglas te leggen op wat ik mooi vind, zonder de realiteit te verdoezelen. Het is een kwestie van balans vinden.
Ben je altijd op zoek naar nieuwe media?
Ja. Ik wil graag aan de slag in de wereld van videogames, virtual reality en geanimeerde gadgets. Ik droom er ook van om animatieseries te maken en ik zou graag beeldhouwwerken willen blijven maken in omgevingen waar het publiek erin wordt ondergedompeld, zoals het geval was in de Jardin des Plantes in Nantes.
1,2 miljoen volgers op Instagram! Hoe is dat mogelijk?
Dat is heel geleidelijk gegaan. Deelnemen aan tentoonstellingen in het buitenland en met steeds meer merken samenwerken heeft me echt geholpen. Toen ik aan het Saint Martins studeerde, had ik ook een heel transparante kant van mijn werk. Ik deelde al mijn experimenten op sociale netwerken. Meestal was het ‘handgemaakt’, zoals papieren knipsels. Er was iets aandoenlijks, verre van bedreigend en elitair, aan deze werkjes die de mensen waardeerden.
Er stonden ook twee illustraties op je Instagram-account. De eerste was de dag na de Charlie Hebdo-aanslagen en de tweede als gevolg van de aanslagen in Parijs (NVDR: Hij is de maker van het PeaceforParis-symbool en de Je suis Charlie- illustratie (potlood en geweer).
Deze twee illustraties trokken de aandacht van bepaalde media die anders nooit interesse in mijn werk zouden hebben getoond. En als mensen zich beter voelen door ze steeds opnieuw te gebruiken, des te beter, maar dat is nooit mijn opzet geweest. Ik deed gewoon wat ik op dat moment al deed, namelijk reageren op het nieuws door te tekenen.
Met wie zou je vast willen zitten in de Thalys?
Osamu Tezuka. Hij was een geniaal verteller.
Wil je tot slot nog iets kwijt over de monografie ‘JEAN JULLIEN’, gepubliceerd door Phaidon in 2022?
Ik vond het geweldig dat ik het echte leven, de context en een stukje geschiedenis aan de beelden kon toevoegen, in plaats van genoegen te nemen met consumeerbare beelden. Het was een geluk dat we dit platform hebben gehad en dat we er verschillende mensen bij hebben kunnen betrekken. Hier vind je mijn familie terug, mijn vrienden, mijn gewaardeerde medewerkers en een hele reeks mensen die vanaf het begin bij me zijn geweest. Het is een leuke manier om lezers eraan te herinneren dat ik het als egotripper niet alleen heb gedaan. Mijn ouders hebben het collectief altijd op de eerste plaats gezet, dus dit is een familieles.
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