1h22 avec Charline Vanhoenacker
Writer // Boris Rodesch - Photography // Sébastien Van de Walle
Journaliste satirique et animatrice, Charline Vanhoenacker est présente sur les ondes de France Inter depuis 2012. Dans ses émissions Si tu écoutes, j’annule tout, Par Jupiter !, C’est encore nous ! ou Le grand dimanche soir, la plus française des Belges à Paris a battu tous les records d’audience avec ses chroniques piquantes, devenant une référence de la presse satirique en France.
Boris Rodesch a pris l'Eurostar avec Charline Vanhoenacker.
Pour quelles raisons viens-tu à Bruxelles ?
Pour les Magritte. Bruxelles est une ville transitoire où j’ai vécu six ans quand j’étais étudiante à l’ULB, d’abord en philologie romane, puis en sciences politiques.
(NDLR : Charline Vanhoenacker sera la maîtresse de cérémonie de la 14e édition des Magritte du cinéma.)
Paris, ça évoque quoi pour toi, lorsque tu grandis à La Louvière ?
Paris, c’est ce que je vois à la télévision en regardant les chaînes populaires françaises. Je n’ai pas été éduquée au cinéma. Mes parents, tous les deux enseignants, n’avaient pas une affection particulière pour le septième art. Mon père a toujours préféré la littérature, parce que contrairement au cinéma, elle ne lui impose pas des images. Il faut dire aussi qu’il n’y avait qu’un seul cinéma à La Louvière, qui ne passait que des blockbusters.
Plus jeune, tu es déjà attirée par une certaine presse, comme Charlie Hebdo ou Les Guignols de l’Info ?
Comme le cinéma ne m’impose que des choix commerciaux, je préfère aller dans les librairies où j’ai accès à des hors-séries de Siné et de Charlie Hebdo. J’avais une vision de la France très diversifiée et métissée. À l’époque, la télévision me renvoyait aussi une image idéaliste d’un pays où il y avait l’esprit français et toute sa répartie, mais j’ai compris plus tard que ce n’était pas si simple.
Quelles sont tes motivations quand tu décides d’étudier la philologie romane à l’ULB ?
Je suis enfant unique et dans ma famille, personne n’avait obtenu de diplôme universitaire. Mes parents sont régents et mon grand-père avait commencé des études — lui aussi en philologie romane à l’ULB —, mais il s’est fait arrêter en plein cours par l’équivalent de la Gestapo en Belgique. J’avais donc une sorte de déterminisme sociologique, car on ne roulait pas sur l’or et je me sentais privilégiée. Mes parents étant pédagogues, ils ne me l’ont pas dit comme ça, mais entre les lignes, je savais que je ne pouvais pas me permettre de redoubler. C’est pour cette raison que je ne suis pas allée directement vers des études de sciences politiques. J’ai préféré commencer des études où je me sentais plus à l’aise. Je lisais un peu et j’avais surtout déjà un amour des mots.
Et un attrait pour l’humour, puisque tu consacreras ton mémoire à l’étude des mécanismes du risible linguistique dans Le Chat de Philippe Geluck.
C’était un bon prétexte pour pouvoir lire Le Chat. C’est marrant parce qu’aujourd’hui, j’ai également trouvé le moyen de gagner ma vie en écrivant des blagues. Pour revenir à ce mémoire, je savais que ce travail allait me coloniser l’esprit et il valait mieux que le sujet m’intéresse.
Quelles ont été tes conclusions ?
J’ai retenu qu’il existe des mécanismes récurrents pour faire rire, que le rire est quelque chose de mécanique auquel vient s’ajouter une forme d’éclat, d’esprit, de spontanéité, de drôlerie, et dans le cas de Philippe Geluck, de génie de pouvoir produire des blagues de façon si régulière. J’en ai aussi déduit que les moyens de jouer avec la langue étaient infinis.
Diplômée en philologie romane et licenciée en sciences politiques, à l’ULB, tu pars ensuite étudier le journalisme dans une école supérieure, à Paris ?
Les études de journalisme à Bruxelles n’avaient pas une super réputation. J’avais aussi compris que le journalisme était un apprentissage de techniques et à Paris, on insistait justement sur les cours pratiques. Je savais aussi que mon terrain de jeu serait plus grand. Et puis, quand tu habites à La Louvière, tu as quand même un peu envie de te barrer…
Avais-tu déjà un regard particulier sur la politique française ?
Je la trouvais comique et je ne comprenais pas grand-chose à la politique belge, qui est plus compliquée, moins incarnée et moins caricaturale. Avec le recul, je décèle aussi que la caricature et l’humour sont de véritables leviers pédagogiques, puisque j’ai commencé à m’intéresser au système politique français à travers Le Bébête Show, Les Guignols de l’Info ou les caricatures dans les journaux. C’est ce qui m’a amenée à faire des études de sciences politiques. Comme quoi, un simple dessin peut susciter des vocations.
Tu feras tes débuts dans le journalisme politique en travaillant pour la presse belge, comme correspondante pour le journal Le Soir et consultante à Paris pour la RTBF, au moment de la campagne présidentielle, en 2012. Ensuite, Pascale Clark, qui animait la matinale sur France Inter, lira tes articles sur le « Hollande tour » et ton aventure à France Inter pourra démarrer.
Pascale Clark m’invitait à dire à la radio ce que personne n’osait dire en France, parce qu’en tant que Français, ils ne pouvaient pas le dire. De mon côté, je n’avais aucune connaissance dans le milieu et j’étais prête à me fâcher avec tout le monde et du même coup, à égratigner le journalisme français.
En dénonçant, notamment, une forme de courtisanerie des journalistes qui cherchent à être accrédités à l’Élysée ?
Oui, même si je dénonçais plutôt le système journalistique que les journalistes eux-mêmes. Après, peut-être que je serais tombée dans le panneau si j’y avais eu accès, mais on me jetait de partout. Je me suis alors posé la question de savoir si c’était de ma faute, mais j’ai vite compris que c’était le système qui était merdique.
C’est ce qui t’amène à dire stop au journalisme pur et dur pour privilégier le journalisme satirique ?
Non, parce que je travaillais encore parallèlement pour les médias belges et je n’étais donc pas victime de ce que je dénonçais. En revanche, j’ai réalisé que j’étais beaucoup plus libre en racontant la politique française aux Belges que si je devais la raconter aux Français.
Avais-tu l’impression de vivre le rêve parisien ?
Ce n’est pas tout rose non plus. Je ne suis que pigiste pour la presse belge, donc dans une situation précaire et obligée de travailler énormément pour survivre à Paris. J’envoyais de la copie du matin au soir pour des publications qui ne m’intéressaient pas vraiment, mais je n’avais pas le choix. Après, si je suis une grosse bosseuse aujourd’hui, c’est aussi parce que j’ai appris à travailler énormément à cette époque. J’aurais bien continué en tant que correspondante, mais France Inter est venue me chercher et c’était parti.
Après une année passée chacun de votre côté sur les matinales de France Inter, Alex Vizorek et toi finissez, en 2013, par lancer votre première émission quotidienne 100 % animée par des Belges : 75 minutes.
C’est la première fois qu’on nous donnait les clefs. On a présenté cette émission durant deux étés, et en parallèle, la direction nous a confié la tranche 17-18 heures à la rentrée. Alex a eu l’idée d’aller chercher Guillaume Meurice et c’est comme ça que deux Belges et un type de mauvaise foi ont lancé : Si tu écoutes, j’annule tout.
France Inter, c’était le must absolu ?
Alex et moi, on n’écoutait pas France Inter plus jeunes et ça nous a aidés parce que généralement, ceux qui rêvent d’y entrer subissent un peu le poids de cette chaîne ayant vu passer des noms comme Jacques Chancel… Ils la panthéonisent et ils sont tétanisés. De notre côté, nous sommes arrivés sans pression, avec une couleur qui n’était pas du tout celle de France Inter, et ça aurait pu ne jamais fonctionner. On a, par exemple, été les premiers à inviter des artistes populaires comme Anny Cordie ou Francq Dubosq et au début, ça grinçait des dents.
Avais-tu besoin de passer par la case « journaliste politique » pour avoir une certaine légitimité en tant que journaliste satirique ?
En tant que Belge qui tente sa chance en France, on ne cherche pas la légitimité parce qu’on ne l’aura jamais complètement. Aujourd’hui, ce n’est plus une question que je me pose et je m’en fiche. L’essentiel, c’est que mes auditeurs et mes collègues me donnent l’impression d’être acceptée. Alex et moi n’avons jamais eu le syndrome de l’imposteur. Nous n’avons pas profité du moindre piston et nous sommes arrivés là où nous sommes à force de travail. Généralement, ceux qui se sentent légitimes, ce sont justement les pistonnés. La légitimité est un sentiment bourgeois de gens qui se disent qu’ils sont à leur place ou qu’ils y ont droit.
En revanche, être les animateurs du programme le plus podcasté de Radio France, c’est plutôt classe ?
Oui, même si ce n’est pas très belge de se la péter.
Vous pouvez quand même être fiers d’être à la base du licenciement de Cyril Hanouna sur Europe 1 ?
C’était assez étonnant, car il avait l’avantage de venir de la télévision. Et nous, avec nos deux noms à coucher dehors, Vizorek et Vanhoenacker, dès le premier calcul d’audience, on le dépasse et il finit par se faire virer parce qu’on fait plus d’audience que lui. C’est vrai qu’on peut s’enorgueillir de ça et aussi d’avoir dépassé Les Grosses Têtes, même si, malheureusement, nous n’avons pas pu fêter ce record d’audience historique, puisque nous avons été déprogrammés au même moment.
Vous serez ensuite une nouvelle fois déprogrammés en raison du « prepucegate », qui fait suite à la blague de Guillaume Meurice qualifiant Benyamin Netanyahou de « nazi sans prépuce » dans votre émission. Cette décision de rester sur France Inter suite à son renvoi — et au départ de ta bande — a-t-elle été la plus difficile de ta carrière ?
Non, ce que j’ai vécu toute l’année suite à cette polémique nationale d’une ampleur inédite a été tellement compliqué… Ma décision de rester s’est construite crescendo après une longue réflexion et j’étais donc vraiment sûre de moi.
Tu es de retour dans la matinale de Nicolas Demorand et Léa Salamé avec ta chronique, Charline expose les faits. Prends-tu toujours autant de plaisir ?
Oui, parce que c’est différent. Je n’étais pas convaincue de vouloir y retourner, mais j’ai parlé avec plusieurs personnes, dont Léa, qui m’a dit de penser à moi et à mon envie ou non d’y retourner, avant d’ajouter: « Avec tout ce qui se passe en ce moment, tu te vois regarder tout ça depuis la terrasse d’un café sans micro ? » Elle me connaît bien et quand je vois tout ce qui se passe, elle a eu tellement raison. Même si je n’ai pas été dure à convaincre, aussi parce que j’ai un patron qui ne m’a pas vraiment laissé le choix en me disant qu’il avait besoin de moi pour muscler sa matinale.
Y a-t-il eu un avant et un après dans la façon d’aborder ton boulot ?
Non, si cette affaire avait eu un impact sur ma façon d’écrire et de parler, j’aurais déjà arrêté. En revanche, avant de recommencer, je me suis assurée auprès de ma direction de pouvoir bénéficier de cette liberté d’expression qui a toujours été la mienne depuis que je bosse pour France Inter.
Si tu devais définir ta mission en tant que journaliste satirique ?
C’est de raconter la société, le monde et la politique avec humour pour donner de la distance. L’idée étant de proposer un miroir grossissant et caricatural des évolutions sociétales et politiques. Mon rôle est d’appuyer là où ça fait mal pour que ça fasse du bien et qu’on puisse rire de l’actualité, même la plus sombre, en la dédramatisant.
Quand tu reçois une info, tu cherches aussitôt sa dimension comique ?
Avant, j’allais systématiquement vers les sujets que je trouvais déjà drôles. Mais maintenant, j’essaie de me renouveler en privilégiant l’info du jour, celle qui a un vrai enjeu et qui dit quelque chose sur le monde. Ça confère aussi une dimension plus pédagogique à mon travail, puisque si les gens se marrent, ils m’écouteront et au moins, ils sauront que ça existe. C’est pour cette raison que mes chroniques traitent davantage de l’actualité internationale.
Comment vois-tu l’avenir de la presse satirique ?
Le problème auquel sont confrontés les humoristes politiques et satiriques, c’est la réception et son instrumentalisation par certains journalistes. Pourquoi la blague de Guillaume Meurice a-t-elle suscité une telle polémique ? Parce qu’elle est arrivée en bandeau sur une chaîne d’information. Il est là le problème. Une blague n’a pas vocation à devenir un bandeau sur une chaîne d’info. La suite, c’est un rouleau compresseur de réactions, de surréactions et d’affectif… C’est en empruntant ce chemin que la satire politique peut mourir. Et aussi par un manque d’acculturation, puisque comme la caricature perd du terrain, les gens y sont de moins en moins préparés. Avant, ceux qui faisaient une blague ou une caricature s’adressaient à leur public. Aujourd’hui, la blague vous échappe et elle dépasse son cadre. Cela entraîne un net recul de la satire et de la caricature politique et maintenant, je constate une certaine frilosité chez les jeunes humoristes et un certain lissage de leurs propos. Mais vu la réception et les emmerdes qu’ils peuvent avoir, je comprends qu’ils réfléchissent à deux fois avant de se lancer.
Que préfères-tu dans ce métier ?
La liberté de jouer avec les frontières et le cadre. C’est comme jouer à cache-cache pour ne pas se faire attraper par la patrouille.
On arrive à Bruxelles, tu ne serais jamais devenue Charline à Paris si… ?
Si je n’avais pas porté ça en moi de manière telle que j’imitais déjà mes profs devant ma classe lorsqu’ils s’absentaient cinq minutes. Si je n’avais pas grandi en suivant Le Bébête Show ou Les Guignols de l’Info et si la politique française n’avait pas toujours été si caricaturale.
Charline Vanhoenacker is een satirische journaliste en presentatrice en sinds 2012 te horen bij France Inter. De meest Franse van de Belgen in Parijs heeft met haar pittige rubrieken in haar uitzendingen Si tu écoutes, j’annule tout, Par Jupiter !, C’est encore nous ! of Le grand dimanche soir, alle kijkcijferrecords verbroken en is daarmee een ijkpunt voor de satirische pers in Frankrijk geworden.
Boris Rodesch nam samen met Charline Vanhoenacker de Eurostar.
Waarvoor kom je naar Brussel?
Voor de Magritte-filmprijzen. Brussel is een doorreisstad waar ik zes jaar heb gewoond toen ik aan de ULB studeerde, eerst Romaanse filologie en daarna politieke wetenschappen.
(NVDR: Charline Vanhoenacker was ceremoniemeester op de 14e editie van de Magritte du cinéma-awards.)
Wat betekende Parijs voor jou toen je opgroeide in La Louvière?
Parijs is wat ik op televisie zag als ik naar de populaire Franse zenders keek. Ik ben niet opgegroeid met film. Mijn ouders zijn allebei leraar en hadden niet zo veel op met de zevende kunst. Mijn vader gaf altijd de voorkeur aan literatuur, omdat die hem, in tegenstelling tot de film, geen beelden oplegde. Nu moet wel gezegd worden dat er maar één bioscoop was in La Louvière, waar alleen kaskrakers werden vertoond.
Werd je op jonge leeftijd al aangetrokken tot een bepaald soort media, zoals Charlie Hebdo of Les Guignols de l’Info?
Omdat de bioscoop mij alleen maar commerciële keuzes voorschotelde, ging ik liever naar de boekhandel waar ik toegang had tot speciale uitgaven van Siné en Charlie Hebdo. Ik had een heel divers en gemengd beeld van Frankrijk. In die tijd gaf de televisie me ook een idealistisch beeld van een land waar Franse humor en repliek bestonden, maar later realiseerde ik me dat het iets gecompliceerder lag allemaal.
Wat motiveerde je om Romaanse filologie te gaan studeren aan de ULB?
Ik ben enig kind en niemand in mijn familie heeft een universitaire graad behaald. Mijn ouders zijn regenten en mijn grootvader was begonnen aan zijn studie (ook Romaanse filologie aan de ULB ) maar hij werd midden in zijn studie gearresteerd door de evenknie van de Gestapo in België. Dus ik had een soort sociologisch determinisme, want we zwommen niet in het geld en ik voelde me bevoorrecht. Mijn ouders zijn pedagogen, en ook al vertelden ze het me niet rechtuit las ik tussen de regels door dat ik het me niet kon veroorloven om een jaar over te doen. Om die reden ben ik niet meteen politicologie gaan studeren. Ik wilde liever beginnen met een studie waar ik me meer op mijn gemak voelde. Ik begon wat te lezen en had toen al vooral een voorliefde voor woorden.
En een voorliefde voor humor, want je wijdde je scriptie aan een studie naar de mechanismen van de bespottelijke taalkunde in De Kat van Philippe Geluck.
Het was een goed excuus om De Kat te kunnen lezen. Het is grappig omdat ik vandaag de dag ook een manier heb gevonden om mijn brood te verdienen met het schrijven van grappen. Om terug te komen op deze scriptie: ik wist dat dit werk mijn gedachten zou overnemen en het kon dan maar beter een onderwerp zijn dat me zou interesseren.
Wat waren je conclusies?
Ik herinner me nog dat er terugkerende mechanismen zijn om mensen aan het lachen te maken. Dat lachen iets mechanisch is waaraan een vorm van geschater, gevatheid, spontaniteit, humor en, in het geval van Philippe Geluck, genialiteit om zo regelmatig grappen te kunnen produceren is toegevoegd. Ik heb er ook van geleerd dat je op oneindig veel manieren met taal kunt spelen.
Na je diploma Romaanse filologie en een licenciaat in de politieke wetenschappen aan de ULB, ben je journalistiek gaan studeren aan een hogeschool in Parijs?
De studies journalistiek in Brussel hadden geen geweldige reputatie. Ik begreep ook dat journalistiek draait om het leren van technieken, en in Parijs lag juist de nadruk op praktische lessen. En ik wist dat mijn speelveld daar groter zou zijn. En eerlijk gezegd, als je in La Louvière woont, dan wil je er eigenlijk gewoon weg ...
Had je al een bepaalde kijk op de Franse politiek?
Ik vond het vooral grappig en ik begreep niet veel van de Belgische politiek, die ingewikkelder, minder gepersonifieerd en minder karikatuurachtig is. Terugkijkend zie ik ook dat karikaturen en humor echte educatieve hefbomen zijn, want ik begon me dankzij de Le Bébête Show, Les Guignols de l’Info en de karikaturen in de kranten te interesseren voor het Franse politieke systeem. Daarom ben ik politicologie gaan studeren. Zo zie je maar dat een eenvoudige tekening tot een nieuwe carrière kan inspireren.
Je bent begonnen in de politieke journalistiek door te werken voor de Belgische pers, als correspondent voor de krant Le Soir en als consultant in Parijs voor RTBF, ten tijde van de presidentiële campagne in 2012. Vervolgens leest Pascale Clark, die dan de ochtendshow op France Inter presenteert, je artikelen over de ‘Hollande-tour’ en kan je avontuur op France Inter beginnen.
Pascale Clark nodigde me uit om op de radio te zeggen wat niemand in Frankrijk durfde te zeggen, omdat ze het als Fransen niet konden zeggen. Wat mij betreft, ik had geen kennis van het vak en ik kon vrijuit praten en tegelijkertijd de Franse journalistiek op de korrel nemen.
Je stelde vooral een vorm van vleierij aan de kaak die journalisten gebruikten om toegang te krijgen tot het Élysée-paleis?
Ja, hoewel ik meer kritiek had op het journalistieke systeem dan op de journalisten zelf. Achteraf was ik er misschien wel ingetrapt als ik er zelf toegang toe had gehad, maar ik werd overal weggestuurd. Ik heb me toen afgevraagd of het aan mij lag, maar al snel realiseerde ik me dat het aan het systeem lag.
Is dat de reden waarom je besloot te stoppen met hardcore journalistiek ten gunste van satirische journalistiek?
Nee, want tegelijkertijd werkte ik nog steeds voor de Belgische media, dus ik was geen slachtoffer van wat ik aan de kaak stelde. Aan de andere kant realiseerde ik me dat ik veel vrijer was om de Belgen over de Franse politiek te vertellen dan wanneer ik het de Fransen moest vertellen.
Had je het gevoel dat je de Parijse droom beleefde?
Het is niet allemaal rozengeur en maneschijn. Ik ben alleen maar freelancer voor de Belgische pers, dus ik zit in een onzekere situatie en moet veel werken om te overleven in Parijs. Ik stuurde van ‘s morgens vroeg tot ‘s avonds laat kopij voor publicaties die me niet echt interesseerden, maar ik had geen keus. En als ik vandaag de dag een harde werker ben, is dat ook omdat ik in die periode heb geleerd om veel te werken. Ik zou gewoon doorgegaan zijn als correspondent, maar France Inter wilde me hebben en zo begon het.
Na een jaar apart van elkaar gewerkt te hebben in de ochtendshows van France Inter, kregen jij en Alex Vizorek uiteindelijk jullie eerste dagelijkse show in 2013 die 100% gepresenteerd werd door Belgen: 75 minutes.
Het was de eerste keer dat ze ons vrij lieten. We presenteerden de show twee zomers lang en tegelijkertijd vertrouwde het management ons de zendtijd toe van 17.00 tot 18.00 uur aan het begin van het nieuwe seizoen. Alex had het idee om Guillaume Meurice erbij te halen en zo lanceerden twee Belgen en een man die te kwader trouw handelt: Si tu écoutes, j’annule tout.
Was France Inter de absolute must?
Toen Alex en ik jonger waren luisterden we niet naar France Inter en dat heeft ons geholpen. Over het algemeen gaan degenen die ervan dromen om bij de zender te komen gebukt onder het gewicht van deze zender aangezien ze grote namen als Jacques Chancel voorbij hebben zien komen ... Ze zien het als een heiligdom en verstijven helemaal. Toen wij bij de zender kwamen voelden we geen enkele druk, we waren niet gekleurd door France Inter want dan had het nooit kunnen werken. We waren bijvoorbeeld de eersten die populaire artiesten als Anny Cordie en Francq Dubosq uitnodigden, en in het begin knarsten de mensen met hun tanden.
Moest je eerst een politiek journaliste zijn geweest om enige legitimiteit te hebben als satirisch journaliste?
Als Belgische die haar geluk probeert te beproeven in Frankrijk, zoek je niet naar legitimiteit omdat je die nooit helemaal zult krijgen. Tegenwoordig stel ik me die vraag niet meer en kan het me niet schelen. Het belangrijkste is dat mijn luisteraars en collega’s me het gevoel geven dat ik geaccepteerd word. Alex en ik hebben nooit last gehad van het bedriegersyndroom. We hebben niet geprofiteerd van kruiwagens en we zijn gekomen waar we zijn door hard te werken. Over het algemeen zijn degenen die zich legitiem voelen juist degenen met de meeste kruiwagens. Legitimiteit is een burgerlijk gevoel van mensen die zichzelf wijsmaken dat ze op de plek zijn waar ze horen of dat ze er recht op hebben.
Aan de andere kant, de presentatoren zijn van het meest gepodcastte programma van Radio France is best cool, niet?
Ja, ook al is het niet erg Belgisch om ermee te pronken.
Kunnen jullie er wel trots op zijn dat jullie aan de basis stonden van het ontslag van Cyril Hanouna bij Europe 1?
Dat was erg verrassend, want hij had het voordeel dat hij bekend was van televisie. En wij, met onze twee namen Vizorek en Vanhoenacker waar iedereen zijn tong over breekt, halen hem in bij de eerste kijkcijfers en uiteindelijk wordt hij ontslagen omdat wij meer kijkcijfers krijgen dan hij. Het is waar dat we daar trots op mogen zijn en ook op het feit dat we Les Grosses Têtes voorbij gingen, ook al hebben we dit historische kijkcijferrecord helaas niet kunnen vieren, omdat we op hetzelfde moment geschrapt werden.
Daarna werden jullie weer geschrapt vanwege ‘prepucegate’, naar aanleiding van de grap van Guillaume Meurice in jullie uitzending waarin hij Benyamin Netanyahu een ‘nazi zonder voorhuid’ noemde. Was de beslissing om bij France Inter te blijven na zijn ontslag (en het vertrek van je vaste groep) de moeilijkste uit je carrière?
Nee, wat ik het hele jaar na deze ongekende nationale controverse heb meegemaakt is zo ingewikkeld geweest ... Mijn beslissing om te blijven werd genomen na lang nadenken, dus ik was echt zeker van mezelf.
Je bent terug in de ochtendshow van Nicolas Demorand en Léa Salamé met je rubriek Charline expose les faits (Charline onthult de feiten). Doe je het nog steeds met evenveel plezier?
Ja, omdat het anders is. Ik was er niet van overtuigd dat ik terug wilde komen, maar ik sprak met verschillende mensen, waaronder Léa, die me zei dat ik over mezelf moest nadenken en of ik wel of niet terug wilde gaan, waarna ze eraan toevoegde: “Met alles wat er momenteel gaande is, zie jij jezelf dit allemaal vanaf het terras van een café bekijken zonder microfoon?” Ze kent me goed en als ik zie wat er allemaal gebeurt, heeft ze gelijk gehad. Hoewel ik niet moeilijk te overtuigen was, ook omdat ik een baas heb die me niet echt veel keus liet toen hij me vertelde dat hij me nodig had om zijn ochtendshow een boost te geven.
Is er een voor en een na geweest in de manier waarop je je werk doet?
Nee, als deze zaak invloed had gehad op de manier waarop ik schrijf en spreek, dan was ik er al mee gestopt. Voordat ik echter opnieuw begon, heb ik er met mijn management voor gezorgd dat ik kan blijven profiteren van de vrijheid van meningsuiting die ik altijd heb genoten sinds ik voor France Inter ben gaan werken.
Hoe zou je je missie als satirisch journaliste omschrijven?
Met humor praten over de maatschappij, de wereld en de politiek en er op die manier afstand van nemen. Het idee is om maatschappelijke en politieke ontwikkelingen een spiegel voor te houden die alles vergroot en er een karikatuur van maakt. Mijn rol is om daar te duwen waar het pijn doet, zodat het goed voelt en we kunnen lachen om het nieuws, zelfs het meest vreselijke, door het te relativeren.
Als je een nieuwsbericht ontvangt, zoek je dan meteen naar de komische dimensie ervan?
Voorheen ging ik systematisch op zoek naar onderwerpen die ik al grappig vond. Maar nu probeer ik mezelf te vernieuwen door me te richten op het nieuws van de dag, de dingen die er echt toe doen en die iets zeggen over de wereld. Het geeft mijn werk ook een meer educatieve dimensie, want als mensen aan het lachen zijn, luisteren ze naar me en weten ze tenminste dat het bestaat. Daarom richten mijn rubrieken zich meer op internationaal nieuws.
Hoe zie je de toekomst van de satirische pers?
Het probleem van politieke en satirische komieken is hoe ze door bepaalde journalisten worden ontvangen en gebruikt. Waarom veroorzaakte de grap van Guillaume Meurice zoveel controverse? Omdat hij als een banner verscheen op een nieuwszender. En daar ligt het probleem. Het is niet de bedoeling dat een grap een banner wordt op een nieuwszender. Wat volgt is een stroom van reacties, overreacties en emoties ... Door deze weg te behandelen kan politiek satire sterven. Het komt ook door een gebrek aan aanpassing, want nu karikatuur terrein verliest, zijn mensen er steeds minder op voorbereid. Vroeger was het zo dat degenen die een grap of karikatuur maakten, zich richtten tot hun publiek. Tegenwoordig ontgaat de grap je en gaat hij zijn kader te buiten. Dit heeft geleid tot een duidelijke afname van satire en politieke karikaturen, en ik merk nu een zekere terughoudendheid bij jonge komieken en een zekere afvlakking van hun commentaar. Maar als je ziet hoe ze ontvangen worden en de problemen waar ze in terecht kunnen komen, kan ik begrijpen dat ze twee keer nadenken voordat ze de sprong wagen.
Wat vind je het leukste aan je werk?
De vrijheid om te spelen met grenzen en kaders. Het is net als verstoppertje spelen om niet gepakt te worden door de patrouille.
We komen aan in Brussel. Je zou Charline niet geworden zijn in Parijs als ...?
Als ik het niet in me had gehad om mijn leraren voor mijn klas na te doen als ze vijf minuten afwezig waren. Als ik niet was opgegroeid met Le Bébête Show of Les Guignols de l’Info en als de Franse politiek niet zo karikatuurachtig was geweest.
CHARLINE VANHOENACKER
www.eurostar.com