1h22 avec Baloji

Writer // Boris Rodesch

Photography // Michel Verpoorten

Cinéaste, chanteur, musicien, poète, styliste ou acteur, Baloji a débuté avec le groupe pionnier de la scène hip-hop belge, Starflam, avant d’entamer une carrière musicale en solo et de signer, plus récemment, un premier long-métrage largement salué par la critique : « Augure ». Riche de ses deux cultures, cet artiste belgo-congolais dénote par son excentricité et sa soif de création polymorphe.

Boris Rodesch a pris l’Eurostar avec Baloji.

Te souviens-tu de ton premier séjour à Paris ?

C’était avec Starflam. Je devais avoir 15 ans. Nous étions allés rendre visite à un label important de la scène hip-hop française.

Tu es né au Zaïre en 1979, avant que ton papa ne t’emmène vivre en Belgique, à Ostende, à l’âge de 4 ans.

Il m’a emmené avec lui sans même consulter ma mère, pour que l’on puisse découvrir l’eldorado belge.

Quel souvenir gardes-tu de votre arrivée en Europe ?

C’est absurde, mais je me souviens avoir été marqué par les premières chutes de neige. J’ai également en mémoire mon école, à Ostende, où j’étais le seul élève noir. Ce n’était pas évident, je ne parlais pas un mot de néerlandais ni de français. Nous sommes restés un an, puis nous sommes partis vivre à Liège.

Où ton papa, qui voyage énormément, t’a inscrit à l’internat dès l’âge de six ans.

J’y suis resté jusqu’à mes 15 ans avant d’arrêter l’école et de rejoindre une maison de jeunes, où j’ai rencontré certains membres du groupe de rap Malfrats Linguistiques, qui deviendra Starflam.

Un mot sur cette rencontre avec Malfrats Linguistiques ?

Akro, DJ Mig One, l’artiste graffeur, Frédéric Platéus… Ce sont des rencontres formidables avec des gars que j’admire profondément. Ils ont été les premiers à me faire découvrir l’univers du hip-hop. Ils m’ont aussi permis de sortir de mon cadre en me montrant qu’il existait d’autres structures familiales, d’autres modèles et d’autres façons de vivre. J’ai appris beaucoup à leur contact. Et notamment que toutes les familles n’étaient pas nécessairement dysfonctionnelles ou conflictuelles. Ils vivaient, par exemple, encore chez leurs parents avec lesquels ils s’entendaient tous bien. De mon côté, j’habitais déjà seul dans un kot depuis mes 15 ans.

Te souviens-tu de la première scène qui a compté pour Starflam ?

Il y en a eu plusieurs mémorables, mais je me souviens particulièrement du jour, en janvier 2000, où nous avons joué en première partie de Rage Against The Machine, dans un Forest National bondé. Quand nous sortions à Liège, c’était le seul groupe qui passait en boîte de nuit qui se rapprochait un peu du hip-hop. Pouvoir faire leur première partie, c’était fou.

En 1999, Starflam s’envole pour une tournée au Canada et tu réalises que tu ne pourras pas en être, car tu es sans papier…

Comme j’avais arrêté l’école, ma carte d’étudiant n’avait pas été renouvelée. Suite à un contrôle de police dans un train auquel j’avais pu échapper de justesse, nous avions décidé que je ne voyagerais plus avec le groupe, car c’était devenu trop risqué. Plus jeune, on ne me demandait presque jamais mes papiers d’identité, ma carte d’étudiant suffisait. Mais d’un coup, tout est devenu plus compliqué. Que ce soit pour le CPAS, la banque, ou le loyer, avoir des papiers était devenu une condition sine qua non pour vivre en Belgique.

Ton quotidien est alors conditionné par la crainte des contrôles de police ?

En effet, encore aujourd’hui, j’ai le réflexe de ne jamais marcher dans une rue sans vérifier qui vient en face. À l’époque, le but était de tout faire pour éviter une confrontation avec les flics. Sachant que je mesurais déjà 1 m 98, c’était difficile de passer inaperçu. Cette période de stress continu a duré près de deux ans et demi.

Période durant laquelle tu es passé tout près de te faire expulser du pays...

Je me suis retrouvé au centre fermé de Vottem, où les sans-papiers peuvent séjourner 45 jours avant d’être expulsés. Dans mon malheur, j’ai eu une rage de dents qui m’a permis d’y rester un peu plus longtemps. Je n’ai d’ailleurs jamais soigné cette dent pour garder une trace de cette période difficile. C’est grâce à la mère de ma copine, qui avait accepté de se porter garante d’un point de vue financier, juridique et médical, que j’ai pu rester en Belgique le temps de régulariser ma situation. Cette dame m’a vraiment sauvé la vie. Il faut dire que ce n’était pas facile pour mon avocat de plaider la cause d’un jeune rappeur qui avait arrêté l’école… On avait mis en avant le fait que j’accompagnais des adolescents dans une maison de jeunes en organisant des ateliers d’écriture et j’ai finalement obtenu ma nationalité belge au terme de trois tentatives. Heureusement, car je n’avais pas du tout envie de retourner vivre au Congo, à l’instar de mon frère ainé qui s’était déjà fait expulser quelques années plus tôt. Le deuxième album studio de Starflam, « Survivant », sur lequel j’ai beaucoup écrit, est largement empreint de cette expérience douloureuse.

« Survivant », sorti en 2001, qui deviendra disque de platine en Belgique, avec plus de 60 000 exemplaires vendus.

Cet album nous a permis de vraiment exister dans le monde du hip-hop français. Ce n’est pas évident de trouver sa place dans le monde de la musique. La concurrence est très rude et j’y suis encore confronté tous les jours. D’où l’intérêt de se faire parrainer par d’autres artistes. C’est ce que les Américains appellent un Co-Sign. Il n’y a que ça qui fonctionne pour exister sur le marché de la musique. Heureusement, Starflam a pu compter sur Virginie Efira, qui a été en quelque sorte notre marraine (rires). Elle a fait le succès populaire du groupe en nous programmant durant deux semaines dans l’émission qu’elle animait sur Club RTL, Mégamix. Cela a tout changé. On peut dire ce qu’on veut, mais la télévision a un pouvoir tout particulier sur les gens. Grâce à Mégamix, nous avons vraiment pris une tout autre dimension.

Pourtant, tu finiras par quitter le groupe en 2004 ?

C’était devenu difficile de maintenir une certaine forme de démocratie dans un groupe de 7. Mais c’est également notre entourage qui a précipité la fin de Starflam. Le succès qui a suivi la sortie de « Survivant » n’a pas été évident à gérer. À 18 ans, tu vas en boîte et du jour au lendemain, on te demande si tu veux 20 ou 25 entrées pour tes potes. Tu draines donc un public autour de toi. Au bout d’un an ou deux, il y a aussi eu une scission entre ceux qui prenaient de la drogue et les autres. Ça peut sembler un détail, mais ça a eu un vrai impact sur les dynamiques et les envies des uns et des autres. Dans un groupe, tout est basé sur des décisions collégiales. Le choix d’une cover ou d’une affiche, tout prenait des dimensions démesurées et c’était devenu difficile d’avancer dans la même direction. Nous avons encore sorti un troisième album en 2003, « Donne-moi de l’amour », mais les deux années qui ont précédé cette sortie ont vraiment été chaudes au sein du groupe. En fin de compte, on n’a pas su gérer notre notoriété. Il y a tellement d’opportunités qui s’offrent à toi quand tu deviens un peu célèbre, tout est mis en place pour te déconcentrer et t’éloigner de tes vrais objectifs professionnels. Que ce soit dans la musique ou dans le cinéma, c’est très facile de perdre de vue l’essentiel. Et ça peut même être dangereux. C’est la raison pour laquelle je ne vivrai jamais à Paris.

En 2006, ta maman biologique — qui a toujours vécu en République démocratique du Congo — te reconnaît dans une interview passée sur la chaîne de télévision MCM Afrique, alors que vous ne vous vous étiez plus vus depuis ton départ du Zaïre, en 1983.

Peu de temps après avoir donné cette interview, elle m’a adressé une lettre à laquelle j’ai voulu répondre en écrivant mon premier album solo, « Hotel Impala ». Après une longue phase d’écriture, je tenais à la rencontrer pour lui présenter les textes de l’album avant sa sortie, en 2008. Ce fut naturellement un moment très intense émotionnellement. Et d’un point de vue professionnel, ça m’a permis de renouer avec ce que j’aimais le plus, à savoir l’écriture. J’avais tenté de m’en écarter suite à la scission du groupe Starflam, mais j’y suis vite revenu. Mon rapport à l’écriture était déjà viscéral, ce n’est pas juste une posture. Écrire cet album était particulièrement inspirant. L’autofiction en littérature est un exercice très intéressant. Il pose la question de savoir comment se servir de sa propre histoire pour raconter une histoire universelle. Comment être son propre terreau de création pour essayer de construire une œuvre dans son entièreté. C’est exactement ce que j’essaie de faire lorsque je réalise un album, sa cover, ses visuels et ses clips… Le fait de vouloir créer les choses dans leur globalité me vient certainement du rap, où l’on doit savoir tout faire.

As-tu une certaine routine de travail dans l’écriture ?

Il y a une rigueur qui s’impose. Généralement, j’écris de 9 à 16 heures. Ça me permet de rentrer dans ma bulle, en faisant par exemple abstraction des mails et des réseaux sociaux. L’objectif étant de se détacher du canevas quotidien auquel on est confrontés pour embrasser cette licence poétique de la création, qui va me permettre de créer des mondes. Pour y parvenir, il faut pouvoir transcender ses traumas par la création, c’est assez prodigieux. Que ce soit pour un film ou un album, tout passe par l’écriture, car pour faire comprendre vos idées aux autres, il faut nécessairement les mettre sur papier. Que je le veuille ou non, je suis donc toujours tenu par ce rapport à l’écriture.

Tu insistes également sur l’importance de toujours garder une dimension ludique à chaque étape de ton processus de création ?

Je pratique ces différents métiers parce que je ne suis jamais vraiment sorti de mon enfance. Devenir adulte professionnellement ne m’intéresse pas du tout. Peu importe le message véhiculé par mon travail, l’essentiel est surtout que je puisse prendre du plaisir durant le processus de création. Nous sommes confrontés à tellement de problèmes et d’obstacles lorsque nous réalisons un film ou un album que je ne vois pas comment je pourrais faire autrement. Si le plaisir n’est pas moteur, on meurt.

Tu as souvent dit également que « la poésie était la politesse du désespoir » ?

J’ai pris l’habitude de dire ça avant les projections de mon film « Augure », parce qu’au cinéma en particulier, nous sommes souvent confrontés à une narration réaliste et que dès que l’on sort de ce canevas, les gens sont perdus. J’y ai été confronté avec « Augure », que beaucoup de gens ont eu du mal à comprendre parce qu’il y a une sorte de convention au cinéma qui veut que quand on se retrouve dans le rêve du protagoniste, il finit toujours par se réveiller. Mais à partir du moment où on ne montre pas qu’il se réveille, c’est comme si l’on rompait le contrat de confiance avec le spectateur. En agissant de la sorte, je me suis créé plein de problèmes avec tous les gens qui ont des réflexes cinématographiques bien ancrés. Mais peu importe, étant un cinéaste autodidacte, j’ai choisi de raconter librement ce que je voulais.

Pour quelles raisons rejoins-tu Paris aujourd’hui ?

Je vais en studio pour superviser le montage d’un court-métrage qui accompagne la bande-son d’« Augure ». Cette BO compte quatre albums propres à l’univers des quatre protagonistes du film. La sortie de ce quadruple album clôture l’aventure « Augure ».

Quatre albums pour un seul film. C’est une masse de boulot qui ne transparait pas nécessairement dans « Augure », où la bande-son est relativement discrète ?

C’est vrai, mais ces albums auront eu le mérite de servir de béquilles aux acteurs pour mieux comprendre leur personnage. Ils m’ont aussi permis de travailler sur la question du point de vue, qui est essentielle dans « Augure » et dans la création au sens large. Savoir de qui on parle, à qui et comment doit rester la question centrale de notre activité en tant qu’auteur. Pour toutes ces raisons, travailler sur ces quatre albums était assez jouissif.

Ils réunissent aussi de nombreux guests, dont la célèbre rappeuse zambienne Sampa The Great… Comment as-tu réussi à réunir tant de grands noms sur cette BO ?

En 2012, j’avais participé à une émission anglaise intitulée Africa Express. Il s’agit d’un collectif qui vise à mêler la crème des musiques africaines et de la pop anglaise. Nous avions alors parcouru tout le Royaume-Uni dans un train rempli de très grands musiciens. Et puisque l’une des règles de ce concept interdit aux artistes de venir avec leur entourage, Africa Express permet d’échanger plus librement et de se nourrir les uns des autres. Cette expérience très enrichissante m’a appris énormément et m’a surtout permis de tisser des liens avec des artistes exceptionnels et notamment avec Sampa The Great. Ça contraste fort avec le caractère si compétitif et individualiste du monde de la musique et du cinéma.  (Ndlr : mené par Damon Albarn, le chanteur britannique de Blur et de Gorillaz, Africa Express existe depuis 2006.)

Tu as également eu la chance de jouer un morceau avec Paul McCartney dans ce train ?

C’était grandiose, il m’a accompagné à la basse sur le morceau « Independance ». Ça m’a rappelé l’époque où je bossais chez Caroline Music à Liège et où j’écoutais les Beatles. Pouvoir vivre cette expérience avec lui vingt ans plus tard, c’était juste exceptionnel.

Si tu pouvais justement choisir une personnalité avec laquelle être coincé dans l’Eurostar ?

Jay-Z ou Wu-Tang Clan.

Nous arrivons à Paris… Pour conclure, peux-tu nous dire ce dont tu es le plus fier ?

Ma fille, naturellement.

1 UUR 22 MET BALOJI

Baloji, filmmaker, zanger, muzikant, dichter, stylist en acteur, begon zijn carrière bij de baanbrekende Belgische hiphopgroep Starflam, waarna hij als zanger solo verder ging en onlangs zijn eerste speelfilm uitbracht, die alom geprezen werd door de critici: Augure. Deze Belgisch-Congolese kunstenaar met twee culturen, valt op door zijn excentriciteit en zijn dorst naar polymorfe creaties.

Boris Rodesch nam samen met Baloji de Eurostar.

Herinner je je eerste verblijf in Parijs nog?

Dat was met Starflam. Ik zal een jaar of vijftien zijn geweest. We hadden een afspraak bij een groot label in de Franse hiphopscene.

Je bent in 1979 geboren in Zaïre, waarna je vader je op 4-jarige leeftijd meenam naar België, naar Oostende.

Hij nam me mee zonder zelfs maar met mijn moeder te overleggen, zodat we op zoek konden gaan naar het Belgische eldorado.

Welke herinneringen heb je aan je aankomst in Europa?

Het klinkt misschien vreemd maar ik herinner me dat ik erg onder de indruk was van de eerste sneeuwval. Ik herinner me ook mijn school in Oostende, waar ik de enige zwarte leerling was. Het was niet gemakkelijk, ik sprak geen woord Nederlands of Frans. We zijn er een jaar gebleven en verhuisden toen naar Luik.

Waar je vader, die veel reist, je naar een internaat brengt toen je zes was.

Ik ben er tot mijn vijftiende gebleven waarna ik met school stopte en naar een jongerenhuis ging, waar ik enkele leden van de rapgroep Malfrats Linguistiques ontmoette, die later Starflam zou worden.

Hoe verliep de ontmoeting met Malfrats Linguistiques?

Akro, DJ Mig One, de graffitikunstenaar Frédéric Platéus ... Geweldige ontmoetingen met jongens die ik echt bewonder. Zij waren de eersten die me lieten kennismaken met de hiphopwereld. Dankzij hen leerde ik om uit mijn comfort zone te stappen door me te laten zien dat er andere gezinsstructuren bestonden, andere modellen en andere manieren van leven. Ik heb veel van ze geleerd. En vooral dat niet alle gezinnen per se disfunctioneel of conflictueus waren. Ze woonden bijvoorbeeld nog steeds bij hun ouders, met wie ze het goed konden vinden. Ik woonde al sinds mijn vijftiende alleen op kot.

Herinner je je het eerste podiumoptreden dat belangrijk was voor Starflam?

Er zijn verschillende gedenkwaardige optredens geweest, maar ik herinner me vooral die dag in januari 2000 toen we het voorprogramma verzorgden voor Rage Against The Machine in een volgepakt Vorst Nationaal. Toen we op stap gingen in Luik, waren zij de enige groep die in nachtclubs werd gedraaid die ook maar iets weg had van hiphop. Het was geweldig om in hun voorprogramma te mogen staan.

In 1999 gaat Starflam op tournee door Canada en realiseer jij je dat je daar niet bij kunt zijn omdat je geen papieren hebt ...

Omdat ik gestopt was met school, was mijn studentenkaart niet verlengd. Nadat ik ternauwernood was ontsnapt aan een politiecontrole in een trein, besloten we dat ik niet langer met de groep zou meereizen, omdat het te riskant was geworden. Toen ik jonger was, werd er bijna nooit naar mijn identiteitspapieren gevraagd - mijn studentenkaart was genoeg. Maar plotseling werd alles ingewikkelder. Of het nu voor het OCMW, de bank of de huur was, het hebben van papieren was een conditio sine qua non geworden om in België te kunnen wonen.

Dus je dagelijkse leven werd vanaf dan bepaald door de angst voor politiecontroles?

Zelfs nu nog heb ik de reflex om, als ik over straat loop, te kijken wie er aan de overkant tegemoet komt. Destijds was het de bedoeling om er alles aan te doen om een confrontatie met de politie te vermijden. En als je weet dat ik toen al 1,98 m lang was, was het moeilijk om onopgemerkt te blijven. Deze periode van voortdurende stress duurde bijna tweeënhalf jaar.

Een periode waarin je bijna het land was uitgezet ...

Ik kwam terecht in het gesloten centrum van Vottem, waar mensen zonder papieren 45 dagen kunnen verblijven voor ze uitgezet worden. In alle ellende kreeg ik ook nog kiespijn, waardoor ik daar wat langer kon blijven. Eigenlijk heb ik die tand nooit laten behandelen om een herinnering aan die moeilijke periode te houden. Dankzij de moeder van mijn vriendin, die bereid was om financieel, juridisch en medisch garant te staan, kon ik in België blijven gedurende de tijd die nodig was om mijn situatie te regulariseren. Deze vrouw heeft echt mijn leven gered. Het moet gezegd worden dat het niet gemakkelijk was voor mijn advocaat om te pleiten voor een jonge rapper die gestopt was met school ... We voerden aan dat ik tieners begeleidde in een jeugdcentrum met het organiseren van schrijfworkshops en uiteindelijk kreeg ik na drie pogingen de Belgische nationaliteit. Gelukkig maar, want ik wilde niet terug naar Congo, zoals mijn oudere broer die al een paar jaar eerder was uitgezet. Het tweede studioalbum van Starflam, ‘Survivant’, waar ik veel voor heb geschreven, is sterk beïnvloed door deze moeilijke periode.

Het in 2001 uitgebrachte ‘Survivant’ werd platina in België en er zijn meer dan 60.000 exemplaren van verkocht.

Met dit album kregen we echt bestaansrecht in de wereld van de Franse hiphop. Het is niet makkelijk om een plekje te veroveren in de muziekwereld. De concurrentie is erg zwaar en ik word hier nog dagelijks mee geconfronteerd. Daarom is het belangrijk om steun te krijgen van andere artiesten. Dit is wat de Amerikanen Co-Sign noemen. Het is de enige manier om te overleven in de muziekbranche. Gelukkig kon Starflam rekenen op Virginie Efira, die een soort peettante voor ons was (lacht). Ze maakte van de groep een populair succes door ons twee weken lang in te plannen in het programma dat ze presenteerde op Club RTL, Mégamix. Dat heeft alles veranderd. Je kunt zeggen wat je wilt, maar televisie heeft een speciale macht over mensen. Dankzij Mégamix hebben we echt een hele nieuwe dimensie gekregen.

Toch besluit je de groep uiteindelijk in 2004 te verlaten?

Het was moeilijk geworden om een bepaalde vorm van democratie in een groep van zeven te handhaven. Maar het waren ook de mensen om ons heen die voor de ondergang van Starflam zorgden. Het succes dat volgde op de release van ‘Survivant’ was niet gemakkelijk te behappen. Als je achttien bent, ga je naar een club en van de een op de andere dag wordt er gevraagd of je 20 of 25 kaartjes voor je vrienden wilt. Zo krijg je een publiek om je heen. Na een jaar of twee was er ook een tweedeling tussen degenen die drugs gebruikten en de anderen. Het lijkt misschien een klein detail, maar het had echt invloed op de dynamiek en wensen van alle betrokkenen. In een groep is alles gebaseerd op collectieve beslissingen. De keuze van een cover of een affiche, alles kreeg buitenproportionele dimensies en het werd moeilijk om in dezelfde richting te bewegen. We hebben nog een derde album uitgebracht in 2003, ‘Donne-moi de l’amour’, maar de twee jaren die daaraan voorafgingen waren echt pittig voor de band. Uiteindelijk zijn we er niet in geslaagd om goed om te gaan met onze bekendheid. Er worden je zoveel mogelijkheden geboden als je een beetje beroemd wordt, dat alles is opgezet om je af te leiden en je te verwijderen van je echte professionele doelen. Of het nu gaat om muziek of film, het is heel gemakkelijk om het essentiële uit het oog te verliezen. En dat kan zelfs gevaarlijk zijn. Daarom zal ik nooit in Parijs gaan wonen.

In 2006 herkende je biologische moeder (die altijd in de Democratische Republiek Congo is blijven wonen) je in een interview op de televisiezender MCM Afrique, hoewel jullie elkaar niet meer hadden gezien sinds jullie vertrek uit Zaïre in 1983.

Kort na het geven van dit interview stuurde ze me een brief waarop ik heb gereageerd met het schrijven van mijn eerste soloalbum, ‘Hotel Impala’. Na een lange schrijffase wilde ik haar ontmoeten om haar de teksten van het album te laten zien voor de release in 2008. Dat was emotioneel gezien natuurlijk een heel intens moment. En vanuit professioneel oogpunt stelde het me in staat om terug te keren naar waar ik het meest van hield, namelijk schrijven. Ik heb geprobeerd om me hier afzijdig van te houden toen Starflam uit elkaar ging, maar ik ben er al snel op teruggekomen. Mijn relatie met schrijven was al diepgeworteld, het is niet zomaar een pose. Het schrijven van dit album was bijzonder inspirerend. Autofictie in de literatuur is een zeer interessante oefening. Het roept de vraag op hoe je je eigen verhaal kunt gebruiken om een universeel verhaal te vertellen. Hoe je je eigen creatieve voedingsbodem kunt zijn in een poging om een werk in zijn geheel te construeren. Dat is precies wat ik probeer te doen bij het maken van een album, de hoes, visuals en clips ... Het feit dat ik dingen als een geheel wil creëren komt zeker uit de rap, waar je alles moet kunnen.

Heb je een bepaalde routine als het om schrijven gaat?

Daar komt nauwgezetheid bij kijken. Ik schrijf meestal van 9 tot 16 uur. Het stelt me in staat om in mijn eigen bubbel te kruipen en bijvoorbeeld e-mails en sociale netwerken te negeren. Het doel is om los te komen van het alledaagse canvas waarmee we worden geconfronteerd en deze poëtische vrijheid om te creëren te omarmen, waardoor ik werelden kan creëren. Om dit te bereiken moet je in staat zijn om je trauma’s te overstijgen door middel van creatie, dat is echt buitengewoon. Of het nu een film of een album is, alles staat en valt met schrijven want om je ideeën over te brengen op anderen, moet je ze op papier zetten. Of ik het nu leuk vind of niet, ik ben wat dit betreft altijd gebonden aan het schrijven.

Je benadrukt ook het belang van het hebben van een speelse dimensie in elke fase van je creatieve proces?

Ik oefen deze verschillende beroepen uit omdat ik mijn jeugd nooit echt achter me heb gelaten. Ik ben helemaal niet geïnteresseerd om professioneel gezien volwassen te worden. Welke boodschap mijn werk ook overbrengt, het belangrijkste is dat ik kan genieten van het creatieve proces. We worden met zoveel problemen en obstakels geconfronteerd als we een film of een album maken, dat ik niet zie hoe ik het anders zou kunnen doen. Als plezier dan niet de drijvende kracht is, overleven we het niet.

Je hebt ook vaak gezegd dat “poëzie de beleefdheid van de wanhoop is”?

Ik heb de gewoonte om dit te zeggen voor vertoningen van mijn film Augure, omdat we juist in de cinema vaak geconfronteerd worden met een realistisch verhaal en zodra je buiten dit kader treedt, zijn mensen verloren. Ik werd hiermee geconfronteerd met Augure, die veel mensen niet begrepen, omdat er een soort conventie in de filmwereld bestaat dat wanneer je je in de droom van de hoofdpersoon bevindt, hij uiteindelijk altijd wakker wordt. Maar zodra we niet laten zien dat hij wakker wordt, is het alsof we het vertrouwenscontract met de kijker verbreken. Door dit te doen, heb ik mezelf een hoop problemen bezorgd bij mensen die diepgewortelde filmische reflexen hebben. Maar het maakt niet uit, als autodidactische filmmaker heb ik ervoor gekozen om het verhaal te vertellen dat ik wilde.

Waarom ga je vandaag naar Parijs?

Ik ga naar de studio om toezicht te houden op de montage van een korte film bij de soundtrack van ‘Augure’. Deze soundtrack bevat vier albums die gewijd zijn aan de wereld van de vier hoofdrolspelers van de film. Met de release van dit viervoudige album komt er een einde aan het ‘Augure’-avontuur.

Vier albums voor één film. Dat is nogal veel werk dat niet per se terug te zien is in ‘Augure’, waar de soundtrack niet echt aan bod komt?

Dat klopt, maar deze albums hadden de verdienste dat ze als houvast dienden voor de acteurs om hun personages beter te begrijpen. Ze hielpen me ook bij het bepalen van de invalshoek, die essentieel is in ‘Augure’ en in de creatie in de breedste zin van het woord. Weten over wie we het hebben, tegen wie en hoe, moet de centrale vraag blijven in ons werk als auteurs. Om al deze redenen was het heel plezierig om aan deze vier albums te werken.

Er staan ook veel gasten op, waaronder de beroemde Zambiaanse rapper Sampa The Great ... Hoe heb je zoveel grote namen voor deze soundtrack weten te strikken?

In 2012 nam ik deel aan het Britse programma Africa Express. Het doel van dit collectief is om het beste van Afrikaanse muziek en Britse pop te combineren. We hebben door heel Groot-Brittannië gereisd in een trein vol geweldige muzikanten. En aangezien een van de regels van dit concept artiesten verbiedt om hun entourage mee te brengen, kunnen ze in Africa Express vrijer met elkaar praten en elkaar inspireren. Deze enorm verrijkende ervaring heeft me veel geleerd en me vooral in staat gesteld om banden te smeden met een aantal uitzonderlijke artiesten, in het bijzonder Sampa The Great. Het staat in schril contrast met de competitieve, individualistische aard van de muziek- en filmwereld.  (Nvdr: Africa Express wordt geleid door Damon Albarn, de Britse zanger van Blur en Gorillaz, en bestaat sinds 2006.)

Je had ook de kans om met Paul McCartney een nummer te spelen in de trein?

Dat was geweldig, hij begeleidde me op bas op het nummer ‘Independence’. Het deed me denken aan de tijd dat ik bij Caroline Music in Luik werkte en naar de Beatles luisterde. Om deze ervaring twintig jaar later met hem te kunnen beleven was gewoon uitzonderlijk.

Als je één persoonlijkheid zou mogen kiezen, met wie zou je dan vast willen zitten in de Eurostar?

Jay-Z of Wu-Tang Clan.

We zijn aangekomen in Parijs ... Kun je ons tot slot vertellen waar je het meest trots op bent?

Op mijn dochter natuurlijk.