NECESSARY CHANGE

© Christian Hagen

Denis Gorteman est le directeur général de D’Ieteren Auto, premier importateur automobile du pays. Pour lui le développement de véhicules propres ne doit pas être « un hobby pour les constructeurs » mais bel et bien une obligation.

Actuellement, le secteur automobile est responsable d’environ 20 % des émissions de CO2. Une réalité qui est bien souvent obscurcie par une certaine presse mais aussi par le monde politique qui rendent l’automobile responsable de tous les maux. Et si ces émissions de CO2 sont en hausse, ce n’est pas parce que les véhicules sont plus polluants mais bel et bien car les besoins en déplacement ont fortement augmenté durant les dix dernières années. 

Pour Denis Gorteman, ce qui est considéré par beaucoup comme une fatalité ne peut pas perdurer de la sorte: « Nous devons revoir les outils que nous utilisons pour nous déplacer, sachant que les énergies fossiles utilisées pour assurer ces déplacements sont limitées. S’ajoute à cela les 1.250.000 personnes tuées chaque année sur les routes du globe, ainsi que les 44.000.000 de blessés. Aucune guerre ne fait autant de victimes (malheureusement celles du passé ont fait bien pire) ! C’est socialement inacceptable. Ces deux écueils nous poussent donc à impérativement revoir notre mode de transport. »

Pour Denis Gorteman, une des solutions n’est autre que la voiture électrique, à condition que l’énergie électrique qui l’alimente soit produite à l’aide d’énergies renouvelables. Cette voiture électrique devra en outre être autonome, et à même de rencontrer les besoins en mobilité individuelle mais aussi en mobilité collective. A ce titre, l’approche du patron bruxellois est on ne peut plus résolue: « Les transports de masse actuels ne rencontrent pas les attentes de l’usager. Inconfortable, perpétuellement en retard et de plus en plus coûteux, il faut ici aussi revoir notre stratégie et ce d’autant que les moyens de transport individuels, et en particulier la voiture, sont de plus en plus réservés à une certaine élite, sans parler du désintérêt de la jeune génération pour ceux-ci. Il faut donc que l’on parvienne à créer un nouveau mode de transport à la fois de masse mais individuel. Une solution paradoxale qui réside, selon moi, dans les véhicules autonomes. J’invite Audi ainsi que les autres marques que D’Ieteren distribue à s’inscrire dans cette nouvelle approche. » 

DES CIEUX AU BITUME

Comment rendre un moyen de transport individuel plus collectif? Denis Gorteman propose de s’inspirer des solutions adoptées par les compagnies aériennes qui proposent, au sein de leurs appareils, différentes classes doublées de services distincts. Dans le futur, il faut que l’usager puisse, depuis son smartphone, commander un véhicule qui correspond à ses attentes. Veut-il être seul ou souhaite-t-il le partager? S’attend-il à bénéficier d’un certain niveau de confort ou peut-il se satisfaire du minimum? Autant de paramètres et de combinaisons que les constructeurs vont devoir prendre en compte pour créer l’automobile du futur qui, indéniablement, reposera sur le partage et l’échange. 

« Seuls les constructeurs qui seront capables d’abandonner le modèle actuel au profit d’une nouvelle approche parviendront à survivre » explique Denis Gorteman. « Audi doit s’inscrire dans ce qui est un pari sur l’avenir. Un premier signe est l’abandon de la compétition en endurance, malgré treize victoire aux 24 Heures du Mans, au profit de la Formule E. Un choix qui n’a pas été facile pour la marque mais qui est impératif vu les défis qui attendent les constructeurs dans les prochaines années. Audi, et nos autres marques, doivent être ambitieuses en la matière et clairement s’inscrire dans les solutions d’avenir, dont les véhicules électriques et autonomes » ajoute-t-il. Car si D’Ieteren vit aux côtés du groupe Volkswagen depuis presque 70 ans, il attend que son partenaire industriel demeure un exemple pour le secteur et surtout un acteur de l’innovation technologique, l’avenir du premier étant irrémédiablement lié au succès du second.

« Le groupe Volkswagen doit saisir le Dieselgate comme une chance. Il a les ingénieurs et les capacités industrielles pour se hisser au sommet du podium. C’est l’excuse parfaite pour justifier, auprès des actionnaires, un investissement massif en recherche et développement, durant plusieurs années si nécessaire, afin de lancer, à moyen ou à long terme, des produits qui feront autorité sur le marché et qui permettront à VW d’être un vrai numéro 1 dans le secteur » conclut-il. Une décision qui demande du courage mais qui s’impose et qui, d’ici quelques années, sera applaudie par le grand public et ce alors que l’on atteint lentement mais sûrement la limite du possible en matière de réductions des émissions polluantes sur les moteurs à combustion.

In Short...

Denis Gorteman is the CEO of D’Ieteren Auto, Belgium’s leading car importer. He tells us why he believes that developing ‘green’ vehicles should be an obligation for manufacturers.

The automotive sector is currently responsible for around 20% of CO2 emissions, and this figure is on the rise. According to Gorteman, this is because the population’s transport needs have grown immensely over the last ten years. He states: ‘We need to rethink how we travel, bearing in mind that fossil fuels are in limited supply. In addition, over a million road traffic deaths happen globally each year, not to mention the many millions of non-fatal injuries that also occur’. He later explains that, for this reason, we need to review our transport methods and strategies.

For Gorteman, one of the solutions lies in electric cars, provided that the vehicles are charged using renewable energies. He believes that these cars should be driverless, and should meet both public and individual transport needs. He is resolute that public transport does not currently meet these, citing it as ‘uncomfortable, often late and increasingly expensive’, and instead advocates the development of a brand new way of travelling. 

He suggests that to do this we take inspiration from airlines, offering different classes of service (i.e. economy, business, first-class). Gorteman adds that, in the future, users should be able to use their smartphone to order a vehicle that meets all their needs, including the level of comfort required, whether the vehicle could be shared, etc., right from their smartphone. He believes that it is this kind of attitude that will lead to the sharing and exchanging of means, thus leading to ‘greener’ vehicles.

He explains how manufacturers need to have the courage to break the mould, and work towards a new, cleaner approach for the future. Gorteman acknowledges the challenges this would pose but affirms that any brand that does this will be seen as a leader on the market and an example to follow by.

‘The Volkswagen Group needs to see Dieselgate as an opportunity. The brand has the engineers and the industrial capacity to make it to the top. It’s the perfect excuse to justify (to shareholders) a massive investment in research and development [...] so that they can eventually launch products that set the new tone for the market.’